La face cachée des monnaies virtuelles

Elles se nomment « bitcoins », « ethereums », « litecoins » et « moneros ». Ce sont des monnaies virtuelles (crypto-monnaies) et pourraient accélérer le réchauffement climatique, explications.

Ces nouveaux entrants dans le monde de la spéculation pourraient nous rapprocher du seuil fatidique des 2 degrés et plus. Une limite de réchauffement planétaire fixé par les accords de Paris qui pourrait être atteinte durant les deux prochaines décennies, voire plus tôt, dans un scenario catastrophiste.  La revue scientifique Nature Climate Change explique, qu’une équipe de chercheurs de l’université d’Hawaï a calculé que l’usage du bitcoin a émis 69 millions de tonnes de dioxyde de carbone (CO2) en 2017. Cette année-là, la crypto-monnaie ne représentait que 0,03 % des 300 milliards de transactions dématérialisées effectuées dans le monde.

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Une nouvelle ressource qui parait révolutionnaire mais, qui reste pour le moins, très peu écologique voire pas du tout : « […] cet « or 2.0 » consommerait plus d’énergie que l’extraction d’or véritable, de cuivre, de platine ou de terres rares pour produire la même valeur marchande. Ce spectre de la demande énergétique hante le monde du bitcoin – né en 2009 – depuis plusieurs années déjà. On estime que sa consommation, évaluée à au moins 58 térawattheures (58 milliards de kilowattheures) par an, équivaudrait à celle de l’Autriche ou à entre dix et vingt fois celle de l’ensemble des data centers de Google. Et qu’une seule de ses transactions engloutirait autant d’électricité qu’un ménage américain pendant une semaine. »

C’est désormais dans le monde entier que des mineurs de monnaies virtuelles équipés d’ordinateurs performants et très énergivores se font la compétition sur ce nouveau terrain financier : « Ils valident les échanges de la crypto devise et les inscrivent dans un immense registre décentralisé (la blockchain), public et en théorie inviolable, en contrepartie de quoi ils sont rémunérés par ladite monnaie. Mais, pour décrocher la récompense, les mineurs doivent s’affronter dans un concours de calcul informatique. Seuls ceux ayant résolu ces équations mathématiques en premier seront rémunérés… ce qui signifie que tous les autres auront fait tourner leurs machines pour rien. Or, à mesure que le cours du bitcoin augmente (il est valorisé à 6 500 dollars, 5 690 euros), les mineurs sont de plus en plus nombreux à se lancer dans la compétition, et les opérations se complexifient, nécessitant des ordinateurs spécialisés qui tournent en continu. Lorsque l’on sait qu’une majorité de ces ordinateurs sont installés en Chine, où l’électricité provient essentiellement du charbon, on comprend la menace que le bitcoin fait peser sur le climat »

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Une empreinte lourde sur le climat pour ces crypto-monnaies en comparaison a d’autres modes de paiements virtuels : « De précédents travaux avaient déjà comparé le bitcoin à d’autres systèmes de paiement : l’une de ses transactions serait 460 000 fois plus énergivore que si elle était effectuée avec une carte bleue Visa », selon le site spécialisé Digiconomist.

Une taxe carbone qui était attribué à notre mode de consommation et à un style de vie exubérant connu de tous. «Actuellement, les émissions provenant des transports, du logement et de l’alimentation sont considérées comme les principales responsables du changement climatique en cours. Notre recherche montre que le bitcoin devrait être ajouté à cette liste », estime Katie Taladay, co-auteure de l’étude publiée dans Nature Climate Change cité dans un article du journal Le Monde.

Finalement, pour conclure, il s’agit-là d’un nouvel agent de spéculation qui ne crée que partiellement de la valeur ajoutée sur le marché mondial, ce qui rend contestable, une utilisation aussi importante en énergie : d’après un expert, quelle que soit son évolution, « le bitcoin est une folie totale, avec des dépenses énergétiques démentes, surtout qu’il ne sert aujourd’hui qu’à spéculer, et non à acheter son pain.

Abdellah Chbani

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