La fiction est à l’honneur à La Croisée des Chemins

Pour cette Rentrée Littéraire 2019, La Croisée des Chemins a choisi d’éditer une quarantaine de titres, dont une dizaine de romans.

Des drames liés aux mouvements migratoires en passant par la place de la femme dans la société, des bas fonds de la vie nocturne casablancaise aux chemins de vie souvent tortueux d’un  adolescent… Leur point commun : un parti pris des auteur.e.s de faire passer leurs messages par la narration, par des histoires criantes de vécu. De la fiction dans tous ses états !

On dit souvent que la réalité dépasse la fiction. Cette dernière est pourtant plus que jamais d’actualité dans les nouvelles parutions de La Croisée des Chemins.

Les romans édités permettent aux auteur.e.s, chacun avec son style et son rythme, de laisser la place à l’imagination, la créativité tout en plongeant les lecteur.rice.s dans un environnement et une narration si proches du vécu que le fil ténu entre réalité et fiction disparaît.

La fiction est donc à l’honneur à La Croisée des Chemins. S’évader dans un ailleurs, hors du temps et de l’espace, tout en s’ancrant dans la réalité ; tel est le point commun des nouveautés fictionnelles de cette Rentrée Littéraire.

La preuve en sept titres :

  • AU BONHEUR DES LIMBES de Mohamed Leftah
  • LES CLANDESTINS de Youssouf Amine Elalamy
  • LA FÊLURE de Fatiha Elgalai
  • UNE FEMME TOUT SIMPLEMENT de Bahaa Trabelsi
  • LE GRENADIER A PLUS D’UN TOUR DANS SON SAC de Ahmed Tazi
  • LE RADEAU DES MÉDUSÉS de Aziz Bouachma
  • LE SOLEIL N’ÉTAIT PAS OBLIGÉ de Saad Khiari

AU BONHEUR DES LIMBES

SENSUALITÉ ET POÉSIE SIGNÉES MOHAMED LEFTAH

La Croisée des Chemins consacre l’année 2019 à la réédition de quelques ouvrages de Mohamed Leftah en hommage posthume à cet écrivain, considéré comme l’une des plus belles plumes du Maroc. À l’occasion du 10ème anniversaire de sa disparition, ce sont donc quatre ouvrages qui seront publiés.

Après la petite chronique, UNE CHUTE INFINIE, c’est au tour du titre  AU  BONHEUR DES LIMBES de voir le jour dans cette nouvelle collection.

En avril prochain, ce sera L’ENFANT DE MARBRE qui paraîtra suivi de LE DERNIER COMBAT DU CAPTAIN NI’MAT en juin prochain.

Contre l’éclat insoutenable de la « cité solaire », sans ombre et sans pardon, que les tenants d’une Vérité unique et révélée une fois pour toutes veulent instaurer sur terre, Mohamed Leftah invite les lecteur.rice.s dans la  pénombre d’une salle qui se trouve au sous-sol du célèbre bar de Casablanca, au nom prestigieux Le Don Quichotte. Placée sous un tel emblème, on ne s’étonnera pas de voir cette salle s’illuminer de mille feux, devenir un lieu de métamorphoses et d’enchantements. Si ses habitués l’appellent : la fosse, l’auteur y voit un royaume des limbes ; non dans l’acception théologique de cette expression, mais dans celle de l’écrivain anglais, Evelyn Waugh, qu’il fait sienne et rapporte : ‘’L’endroit rêvé, ce sont les limbes. On y trouve un bonheur naturel, sans la vision béatifique ; ni harpes, ni discipline communautaire, mais du vin, de la conversation, dans une humanité imparfaite et diverse. Les limbes pour le non baptisé, pour le païen de bonne foi, pour le sceptique sincère’’.

Contre l’intolérance et la barbarie, le roman pourrait-il être à la fois un lieu de lucidité et d’enchantement, l’espace par excellence de la liberté ? À la lecture de ce second roman, AU BONHEUR DES LIMBES de Mohamed Leftah, on en sort convaincu, si on ne l’était déjà.

Lors de sa première publication en 2006, le magazine Livres Hebdo avait écrit à propos de ce livre : « La faconde du narrateur convoque les maîtres de la littérature arabe aussi bien que Baudelaire et Kafka, la Bible aussi bien que le Coran ou les mythes grecs… Le monde des limbes s’oppose ainsi aux rigueurs du soleil. Car dehors règne la lumière des adeptes de la Vérité unique ».

Quelques extraits AU BONHEUR DES LIMBES

« Entrez, noms tutélaires de mon enfance et de mon innocence ; entre poésie subversive du vin et des éphèbes, et toi aussi la mystique, avec tes serviteurs suppliciés, extatiques.

Entrez livres, êtres et personnages aimés, chéris, tous mêlés, confondus. Je nous convoque à la Fiction.

Au Festin. Au Roman.

Le Roman contre la barbarie.

Nous n’avons pas d’autres armes. »

Page 27

« Solange, conteuse polyphonique, brode sur les divers récits se rapportant à Joseph. Mes lèvres touchent au col évasé du cratère que j’incline vers ma bouche ; je bois l’eau, le feu de la vie. Complices, maternelles mais sans exclusivisme, Warda et Solange font avancer tendrement le sein du cratère dans ma bouche. De bronze pourtant, celui-ci y palpite comme un oiseau. Solange reprend son récit, son conte. Est-ce moi qui suis ivre, ou Solange qui déroule l’histoire à l’envers…»

Page 56

« Jusqu’à quel cercle descendrons-nous mon ami ? Je n’avais pas de réponse à la question de Warda, mais je savais que nous étions condamnés à poursuivre la descente ; volontairement condamnés. C’était comme si nous avions  décidé  d’appliquer rigoureusement, mais à l’envers, cette exhortation pathétique de Kafka : ‘’Comment dans  cette vie brève, hâtive, qu’accompagne sans cesse un bourdonnement impatient, descendre un escalier ? C’est impossible. Le temps qui t’est mesuré est si court qu’en perdant une seule seconde, tu as déjà perdu ta vie entière, car elle n’est pas plus longue, elle ne dure    justement que le temps que tu perds ! T’es-tu ainsi engagé dans un chemin, persévère à tout prix, tu ne peux qu’y gagner, tu ne cours aucun risque ; peut-être qu’au bout t’attend la catastrophe, mais si dès le premier pas tu as fait demi-tour et si tu as redescendu l’escalier,   tu aurais failli dès le début, c’est plus que probable, c’est même certain. Ainsi ne trouves-tu rien derrière ces portes, rien n’est perdu, élance-toi vers d’autres escaliers ! Tant que tu ne cesseras de monter, les marches ne cesseront pas, sous tes pieds qui montent elles ne cesseront de monter à l’infini’’.»

Pages 73-74

À propos de l’auteur

Né à Settat, et décédé au Caire, Mohamed Leftah est une figure emblématique de la  littérature marocaine. Il est d’abord informaticien puis chroniqueur littéraire  avant  de s’installer en Égypte. Il signe plusieurs  romans dont Au bonheur des limbes et Demoiselles de Numidie où il décrit un univers complexe, s’interrogeant sur l’exil et le souvenir. Il demeure sans doute l’un des plus grands écrivains marocains, capable d’avoir su intégrer dans son œuvre le pluralisme des modes de vie et de pensée de nos sociétés contemporaines.

Au bonheur des limbes de Mohamed Leftah La Croisée des Chemins, 2019

ISBN : 978-9920-769-13-6 / Format : 13 x 19 cm / Pages : 172 / Prix : 70 DHS / 16

LES CLANDESTINS

LE DRAME DES MIGRANT.E.S VU PAR YOUSSOUF AMINE ELALAMY

La question de la migration est plus que jamais posée à l’heure actuelle. Entre migrants, émigrés, immigrés, les vocables ne manquent pas et les tragédies humaines non plus. C’est donc naturellement que le roman de Youssouf Amine Elalamy, LES CLANDESTINS, est réédité.

Lauréat du Prix Grand Atlas en 2001 et du prix méditerranéen Le Plaisir de Lire en 2010, LES CLANDESTINS a été traduit en sept langues (anglais, allemand, arabe, espagnol, grec, italien et néerlandais).

Des clandestins, douze hommes et une femme, retracent leurs histoires à la fin que l’on sent tragique avant même d’entamer la lecture. Avec ce roman polyphonique, leurs voix, dans leur variété et leur vécu, se font entendre. Elles livrent le malaise social, l’aspiration à une vie meilleure et une humanité étouffée.

C’est l’histoire de douze hommes et une femme.

La femme est enceinte : douze plus un quatorze.

Quatorze   personnages qui traversent le grand bleu dans le noir.

Quinze, avec le petit bateau en bois. Seize, avec la lune qui les observe de son œil mort.

Dix- sept, avec la mer dans tous ses états. Dix- huit, avec le panier à fruits.

Dix- neuf, même, en comptant le ver qui embarque à bord d’une pomme.

À propos de la genèse de ce livre, deuxième roman de l’auteur, Youssouf Amine Elalamy confie lors de sa première parution en 2000 : « L’idée de ce roman est née d’un fait divers paru dans un journal marocain. Il rapportait la mort de plusieurs personnes que l’on avait retrouvées échouées sur un rivage. Ce qui m’a frappé, c’est que le journal traitait l’information comme une donnée statistique, une sorte  de simple addition macabre. J’ai voulu redonner une dimension humaine à ce drame au travers de la littérature ».

Quelques extraits LES CLANDESTINS

« J’en ai vu défiler des comme ça depuis que je fais ça. Des hommes, des femmes et même des enfants. Tous pareils, à cause du noir qu’il faisait à chaque fois. On n’allait tout de même pas les embarquer en plein jour, avec le soleil qui les montrait du doigt. Ils étaient tous pressés de partir là-bas, sans savoir où c’était là-bas. Ils se disaient elle n’est pas si grande que ça la mer, juste une impression ; d’autres l’ont fait avant nous ; et puis avec un peu de chance et pas trop de vent et qui souffle du bon côté, ils pourraient peut-être eux aussi, et ce n’était pas l’envie qui leur en manquait, et qu’est-ce qu’ils resteraient faire ici, toutes ces heures, tous ces jours, tous ces mois et toutes ces années ensuite à regarder la mer et pas si grande que ça la mer finalement.»

Page 23

« Accrochés à la même planche, des hommes parlent. Tous sauf Zouheïr. Zouheïr, lui, ne parle pas ; il se tait. Ça oui, pour se taire, il se tait. À quoi bon parler. À quoi bon. Tu peux passer ton temps à parler, à dire tous les mots que tu veux dire, tu peux les aligner comme ça, l’un après l’autre, pendant des heures et des heures, tu peux parler tant que tu veux, le silence aura toujours le dernier mot. À quoi bon ? Une vague surgit de nulle part, encore plus haute qu’un arbre. Des hommes entraînés par le courant. Des cris, des pleurs, des bras, des jambes, un torse transpercé par un bout de bois, des corps blessés, mutilés, déchirés, et cet homme qui lève les mains au ciel et se laisse glisser dans le ventre de la mer. Sans bruit. » Pages 69-70

« Quelques morceaux de papier pour garder un œil sur le monde. Ne pas le laisser s’échapper. Quelques photos pour dire les choses, dire qu’elles ont été. Donner à voir et à manger, par petites bouchées. Jusqu’à l’indigestion. Des bras cassés, des jambes brisées, des yeux évidés, des visages meurtris, des chairs talées, des peaux brûlées, des poitrails défoncés, des cheveux arrachés, des restes de Momo, Louafi, Jaafar, Abdou, Moulay Abslam, Anouar, Slimane, Charaf, Salah, Abid, Ridouane, Zouheïr, Chama. Tous ces morts ramassés par terre, les uns après les autres, en se penchant sur eux d’abord, en pliant les genoux ensuite, en cadrant bien surtout. Tous ces corps mis en images, et qui n’en finiront pas de mourir sous nos yeux. Toutes ces images, pour pas qu’ils disparaissent. Plus jamais en tout cas. Rester là. Faire le mort. Sans bouger. Pour toujours..»

Page 83

À propos de l’auteur

Écrivain et artiste marocain, Youssouf Amine Elalamy est l’auteur de plusieurs ouvrages : Un Marocain à New York, Paris mon bled, Les clandestins (Prix Grand Atlas et Prix Le Plaisir de Lire), Miniatures, Oussama mon amour, Amour Nomade, Drôle de printemps, Même pas  mort. Écrivain francophone, il publie Tqarqib Ennab, un livre en darija (arabe marocain) et obtient, en 1999, le Prix du meilleur récit de voyage décerné par le British Council International pour ses écrits en anglais. Ses livres sont traduits dans plusieurs langues.

Les clandestins de Youssouf Amine Elalamy La Croisée des Chemins, 2019

ISBN : 978-9920-769-10-5 / Format : 13 x 19 cm / Pages : 146 / Prix : 70 DHS / 16

LA FÊLURE

SÉPARATION ET DISLOCATION DÉCRITES PAR FATIHA ELGALAI

Dans LA FÊLURE, Fatiha Elgalai décrit le sentiment de séparation aussi commun que spécifique. Le personnage central, Amal, perd sa mère puis s’envole vers la France pour poursuivre ses études après le re-mariage de son père.

A propos de cette dislocation, l’écrivaine précise : « Le personnage, de par son histoire, porte en lui une fêlure, celle des origines. Il l’ignore mais elle le rattrape au fil du temps. Toutefois, même chez lui il n’y a pas que du négatif. Il lui arrive de faire de belles rencontres aussi ».

Plus le temps passait, plus  Amal s’interrogeait sur la vie en général et sur la sienne en particulier.

Fallait-il donc que les choses  aillent  toujours de mal en pis ?

Qu’avait-il fait pour en arriver là ?

Certes, il avait commis des erreurs, mais quel est l’humain qui pouvait se targuer de n’en avoir jamais commis ?

Une simple rencontre avait été  le déclencheur de tout ce qui est advenu dans sa vie. Il tentait, parfois, d’imaginer ce qu’aurait été sa vie s’il n’avait pas fait la connaissance de cette vieille femme que le hasard avait placée sur sa route. Mais c’était oublier les mille et un tours que recèle la destinée de tout un chacun.

A propos de cet ouvrage, Fatiha Elgalai indique que : « Cette histoire est en fait la suite d’une autre, où un enfant naît dans un contexte pas très joyeux. Nous l’avons appelé Amal dans Les enfants du destin (Marsam) parce que l’espoir est toujours possible ». Elle rappelle, dans ce sens, que l’espoir fait vivre et peut ouvrir des portes.

Quelques extraits LA FÊLURE

« Une société humaine développée devait répondre à certains critères, selon lui. Il pensait  que la civilisation était un tout. Outre les aspects moraux et religieux, qui avaient tendance à être les plus prégnants dans de plus en plus de contrées, d’autres aspects étaient aussi importants. Quid de la parole donnée, de la ponctualité, du respect d’autrui, de la propreté  des rues, même si elles sont publiques ? Et cette chose, appelée communément empathie ? Mehdi avait l’impression que l’individualisme en avait tué toute trace. Il n’était que de prendre l’exemple des hôpitaux. Le malade démuni et n’ayant aucune relation était moins qu’un rebut, un objet sans utilité. Certains médecins, se prenant pour des supermen, faisaient planer autour d’eux une espèce de crainte mêlée de respect. Leur arrogance ne semblait avoir aucune limite. Mehdi se demandait comment une vocation humanitaire avait pu devenir un commerce lucratif, où le gain était l’unique obsession.»

Page 60

« Qu’Amal ait décidé de quitter son pays pour étudier, qu’il ait été obligé de travailler et qu’il ait trouvé du travail dans un hôpital, que dans cet hôpital il ait fait la connaissance d’une vieille femme malade, qui se trouvait être la mère d’un homme qui se trouvait être le demi- frère de Nedra, la mère décédée d’Amal et que, par l’entremise de la vieille femme, Amal ait rencontré cet oncle ! Quelle était la probabilité pour que tout cela ait pu se produire ? Plus il cogitait, moins Amal parvenait à comprendre. Il finissait par reconnaitre que l’être humain n’était décidément pas toujours maitre de ses faits et gestes.»

Page 94

« Une chose était certaine cependant, il n’aurait jamais appris l’infamie qui entachait ses ascendants. En y réfléchissant, il prenait conscience que la fréquentation de Mehdi ne lui avait été, finalement, que néfaste. Il avait été heureux de trouver une famille pourtant. Mais les moments de joie avaient été effacés par les déceptions successives. Ces déceptions qui jalonnaient sa vie depuis de nombreuses années, il voulait y mettre un terme. Il était conscient de la nécessité de mettre de la distance entre lui et ces gens. Cela lui en coûtait terriblement et ne serait pas une tâche facile. Mais il était prêt à cette séparation. Cela n’en ferait qu’une de plus. »

Page 212

À propos de l’auteure

Docteur en littérature française de l’Université Sidi Mohammed ben Abdallah de Fès, Fatiha Elgalai est une ancienne enseignante de langue française à l’École Supérieure de Technologie de Salé, Université Mohammed V. Elle a déjà publié : L’Identité en suspens, en 2005 aux éditions l’Harmattan, Paris et Les enfants du destin, un amour impossible, en 2008 aux éditions Marsam à Rabat.

La Fêlure de Fatiha Elgalai

La Croisée des Chemins, 2019

ISBN : 978-9954-1-0662-4 / Format : 13 x 19 cm / Pages : 228 / Prix : 75 DHS / 18

UNE FEMME TOUT SIMPLEMENT

DE L’AUTHENTICITÉ AU FÉMININ PAR BAHAA TRABELSI

La quatrième édition de UNE FEMME TOUT SIMPLEMENT, initialement publié en 1995, pose des questions somme toute toujours d’actualité : Comment devenir une femme au Maroc? Comment trouver sa place entre sa culture et l’influence européenne ? Quelles sont les indignations d’une jeune fille en transition vers l’âge adulte ?

À travers un récit poignant et authentique, Bahaa Trabelsi met en relief les conflits, qu’ils soient apparents ou latents, qui secouent la société marocaine.

Comme l’héroïne de son premier roman, Bahaa est une jeune femme moderne. Mais qu’est-ce que la modernité marocaine, concrètement, au seuil du XXIe siècle ? Cette question complexe ne pouvait se satisfaire d’une réponse univoque, aussi l’auteure a-t- elle choisi de présenter cette réalité sous toutes ses facettes, sans la trahir ni la caricaturer.

Chaque personnage du roman incarne donc une voie, un mode d’évolution possible, quelquefois même une issue. Celle du passage violent et destructeur de la soumission au libertinage incarnée par le destin de « mama », femme enfant mariée à l’âge de seize ans au père de l’héroïne dont elle remplacera la mère, morte prématurément. Celle du père, rongé par d’innombrables contradictions, tiraillé entre la modernité et la tradition, qui finira par se réfugier sous l’aile sécurisante et opaque de  la religion.

Enfin celle de Laïla bien sûr, véritable  et  fructueuse  quête   d’identification par laquelle l’héroïne, d’abord perdue au cœur d’un tourbillon de paradoxes, va peu à peu trouver sa propre recette du bonheur. Brutalement livrée à elle-même lorsqu’elle part faire ses études en France, ivre de liberté et de curiosité, elle se découvre de nouvelles potentialités qu’elle s’empresse d’expérimenter.

Après l’idéalisme du militantisme, les déchirures de la passion, l’amertume de la solitude, vient l’heure du retour aux sources et de la confrontation à soi-même. Puis, enfin, celle de la paix, si longtemps et sans même le savoir, recherchée. La voie de Laïla, celle du cœur, représente en quelque sorte le point d’équilibre entre toutes  les autres, mariant heureusement, mais non sans heurts, tradition et modernité, religion et rationalisme, liberté sexuelle et fidélité, féminité et maternité, travail et famille…

Ce roman « initiatique », cousin lointain du Candide de Voltaire, ne se veut ni moraliste ni même didactique. Il reflète, en toute simplicité, le devenir d’une société en mutation.

Quelques extraits UNE FEMME TOUT SIMPLEMENT

« Je trouvais mon père de plus en plus exigeant. Ma révolte grandissait chaque jour davantage. Le comportement de Rachid n’était qu’une pâle réplique de la sienne. J’étais rebelle à toute attitude dominatrice. Nous passions notre temps à nous battre à coups de mots. La violence des mots s’est inscrite dans mon être. J’en ai gardé une marque indélébile. Mama m’apparaissait sous un jour nouveau : elle était tout ce que je refusais d’être. Elle donnait l’image de la mort, elle qui aimait tant la vie. Ses rêves, ses plaisirs, sa jouissance même appartenaient à un monde qui serait à jamais inaccessible à mon père.»

Pages 27-28

« J’observais cette jeune fille au regard angoissé et mon cœur s’est serré. Nada, ma sœur, mon double, ma face cachée et étouffée par ma rébellion, que vas-tu devenir? Iras-tu grossir la masse des femmes brimées et maltraitées de notre société ? Comment élèveras-tu tes filles ? Leur apprendras-tu cette soumission que tu sembles apprécier? Pendant que je me posais ces questions en tenant Nada par la main, sa mère me souhaitait le même sort qu’à  sa fille. »

Page 68

« – Je ne devrais peut-être pas t’en parler. Mais tu es une femme maintenant. Tu peux comprendre. Il n’y a pas que moi qui suis dans cette situation, je connais beaucoup d’autres femmes comme cela. La plupart de nos hommes ne pensent pas vraiment à notre plaisir à nous, ils préféreraient même ne pas le déceler, c’est trop indécent. Seules les femmes de mauvaise vie sont censées trouver du plaisir à faire l’amour.

– En fait, le désir de la femme doit faire peur. C’est à son mari de vouloir. Le problème, c’est que longtemps les femmes elles-mêmes ont reproduit ce modèle.»

Pages 119-120

« Et voilà, la vie reprend. La vie de femmes comme les autres, avec leurs peines, leurs joies. Aujourd’hui, je suis bien. Je sais que la lutte, ma lutte n’est pas finie. Elle ne finit jamais. Mais je sais aussi que mon histoire ressemble à beaucoup d’autres, et j’ai foi en ce désir d’accomplissement qui anime chacune d’entre nous. »

Page 212

À propos de l’auteure

Bahaa Trabelsi est écrivaine et journaliste. Parmi ses ouvrages : Une vie à trois, Slim, les femmes, la mort…, Parlez moi d’amour ! (Prix Ivoire pour la Littérature Africaine d’Expression Francophone en 2014) et La chaise du concierge. Une femme tout simplement est son premier livre publié initialement en 1995.

Une femme tout simplement de Bahaa Trabelsi La Croisée des Chemins, 2019

ISBN : 978-9920-769-09-9 / Format : 13 x 19 cm / Pages : 212 / Prix : 75 DHS / 18

LE GRENADIER A PLUS D’UN TOUR DANS SON SAC PSYCHOLOGIE ET TERROIR ILLUSTRÉS PAR AHMED TAZI

Dans une histoire qui se déroule entre un Maroc traditionnel et un Maroc moderne, entre le bled et la ville, Ahmed Tazi nous embarque dans une narration qui dépeint autant la psychologie des protagonistes que le terroir vrai et authentique.

Rien n’y est tranché puisque la vie réserve des surprises ; au moins aussi nombreuses que les tours dans le sac du grenadier…

La monotonie d’un village tranquille et de paysans laborieux est rompue par un événement insolite : la jeune fille en vue bien belle après la correction de son bec-de-  lièvre, était amoureuse de l’idiot du village qui passe son temps à voler des grenades dans les vergers et à les fourguer au bord de la route.

Hakma la mère qui régente la famille, Harmoun, le beau père violent, l’oncle Malki qui héberge la tribu dans son réduit à Casablanca pour en tirer profit et M’biriqua la tante qui gaspille l’argent en faisant la nouba, s’interposent mais finissent par se soumettre, car le grenadier a un atout dans la manche.

Pour on ne sait quelle raison, Rehoule, un potentat du coin qui fait dans les fruits et légumes, prend le grenadier pour mascotte. Une course est ouverte. Qui sera le premier à se rapprocher du grenadier pour bénéficier des largesses de Rehoule ?

Dans ce douzième roman, Ahmed Tazi semble évoquer des faits déjà vus ou lus. Mais plus le lecteur se plonge dans le récit et plus la diversité des personnages, la complexité des rapports qu’ils entretiennent et les rebondissements ménagés, plus il découvre un intérêt inédit et écrit d’un point de vue particulier.

Quelques extraits LE GRENADIER A PLUS D’UN TOUR DANS SON SAC

« Le sac se faisait moins lourd sur les épaules malingres de Zété. Malgré ça, la fatigue irradiait ses mauvaises ondes dans ses membres endoloris. Dur de marcher le reste du chemin, le soleil se tenant plus haut, plus prêt, brûlant. Le bzz des mouches agglutinées contre son flanc, l’énervait. Réfléchir au meilleur emplacement pour tenir son stand : le premier arbre de l’alignement, un superbe bouleau qui mordait profondément dans la chaussée et gagnait sur le macadam, un espace plat, légèrement en retrait et bien ombragé où presque un automobiliste sur deux s’arrête pour se dégourdir les jambes et acheter des grenades.»

Pages 7-8

« – Cette garce est pourrie. Elle est possédée par quelque chose de maudit qui lui met le feu au…, n’arrêtait pas de répéter Rahma pour couper court aux arguments. Rehoule continuait à la persuader. Elle en devenait folle et résistait à l’envie de lui mordre le cou. Qu’il arrête cette rengaine de donner une nouvelle chance à la jeune fille ! Elle ne pourrait pas supporter longtemps cette obsession.

– La pauvre Hassna n’a plus de famille. Que diront les gens si tu la mets dehors ? Tu seras tout simplement traitée de sans coeur. On pourrait jaser, aussi.»

Page 52

« Rehoule vivait des moments difficiles, des moments de vérité. Jusque-là, il n’avait pas encore eu le sentiment qu’une partie importante de ce qu’il pensait, au-delà de son instinct  qui déterminait sa démarche pour l’essentiel, fut dirigée sur sa propre personne, sur les interactions avec ce que les autres personnes pensaient de lui, sa façon d’être, d’agir, une sorte d’introspection explorant jusqu’à ses pulsions et ses sources de détresse, de bonheur, de joie et de ses moments de vague à l’âme. En évoquant celles-ci, au début plutôt confusément, il perçut une série de contradictions entre ce qu’il pensait être et ce qu’il   sentait réellement. Pourquoi ce pincement au cœur parce que Hassna serait jetée à la rue? » Page 123

À propos de l’auteur

Ahmed Tazi, né à Fès en 1950, marié, père de deux enfants, il vit et travaille à Rabat. Économiste, ancien haut fonctionnaire du ministère de l’Économie et des Finances, expert en fiscalité. Il a publié plusieurs romans et recueils de nouvelles. Le grenadier a plus d’un tour dans son sac est son douzième titre.

Le grenadier a plus d’un tour dans son sac de Ahmed Tazi La Croisée des Chemins, 2019

ISBN : 978-9920-769-15-0 / Format : 13 x 19 cm / Pages : 276 / Prix : 90 DHS / 18

LE RADEAU DES MÉDUSÉS DANS LES VAGUES DES CONTRADICTIONS AVEC AZIZ BOUACHMA 

Cet ouvrage commence par un tableau glaçant tout autant qu’il est brûlant ; celui de Mi Fatiha, cette vendeuse ambulante qui s’est immolée par le feu en avril 2016 devant les portes d’un marché populaire à Kénitra. Ce fait dit divers est réel a été filmé « jusqu’à ce que le feu ait eu raison de son corps », nous rappelle l’auteur dans sa dédicace.

Après ce démarrage saisissant, ce roman d’apprentissage suit les pas du jeune narrateur, Ali, personnage principal de ce livre et fils d’une femme immolée, Yéma Yemma, dont le chemin de vie sera semé d’embûches. Il est en plein cauchemar, et en véritable état de choc, après l’immolation de sa mère.

Apprendra-t-il à faire dignement son deuil ? À survivre surtout ?

Pourra-t-il pardonner l’impardonnable ?

LE RADEAU DES MÉDUSÉS déplie avec lucidité les contradictions d’une société marocaine à la merci des vagues  tumultueuses du dogmatisme, du makhzanisme et de l’individualisme.

Le romancier a choisi pour son premier roman de faire un clin d’œil au fameux tableau de Théodore Géricault le Radeau de la Méduse.

Aziz Bouachma se situe dans la longue cohorte des écrivains marocains qui dénoncent crûment les archaïsmes et l’hypocrisie de la société marocaine, mais il ne se limite pas à ces constats désabusés qui lui servent de cadre pour un roman d’éducation, voire de rédemption. Il a le sens du récit, une écriture précise et élégante, et sait conduire des analyses psychologiques fines.

Située dans un cadre spatio-temporel assez resserré, l’intrigue très contemporaine présente l’intérêt de mêler l’actualité des « printemps arabes » avec le quotidien des grandes villes marocaines, de même il n’hésite pas à enraciner ses personnages dans la diversité linguistique et culturelle du Maroc. Ainsi, en contant l’accès à la maturité d’Ali, il brosse un tableau complet de la société de son pays, tableau sans complaisance car l’auteur fait sienne la souffrance de ses personnages face aux blocages sociaux et culturels. Ce récit bien mené dépeint le Maroc contemporain dans les rêves et les frustrations de sa jeunesse

Quelques extraits LE RADEAU DES MÉDUSÉS

« Ma mère s’appelait Yamna, une ancienne chikha célèbre dans le pays, mais ne serait que ce que les fleurs pastel sont aux cartes de vœux, une victime de plus qui ferait relativiser les autres en leur faisant réaliser qu’ils ne sont pas si malheureux que cela après tout. Elle ne serait jamais ni Jan Palach le Tchécoslovaque ni Bouazizi le Tunisien, elle n’était qu’une mécréante pour la majorité des sujets obéissants du royaume, une mauvaise créature condamnée au châtiment éternel, n’ayant même pas droit à une tombe dans le cimetière du quartier où étaient enterrés ses voisins. Dans un pays atteint de syndrome de Münchhausen, les autorités font subir des sévices et des humiliations, détruisent la force intérieure des individus, bannissent l’homme qu’ils s’apprêtent à devenir, pour ensuite panser leurs plaies.» Pages 23-24

« Tagueur novice, je brûlais de mes graffitis tout sur mon passage, en préférant toujours la couleur rouge et en signant un tag en arabe « Géhenne » dont le rouge vif semblait toujours éclater comme des gouttes de sang entre les contours des lettres. Je voulus que cette signature avec laquelle je baptisais mes dessins portât témoignage de mon admiration pour  le courage incisif de l’immolée, qu’elle me fournissait prétexte à des divagations éblouissantes, assouvissant ma soif de revanche. Avec l’intelligence aiguë des précautionneux, me prenant pour un Tintoret dans son sanctuaire de la Scuola Grande di  San Rocco, je crachais le feu partout. Imprévisible, j’étais possédé par une sorte  d’espièglerie satanique qui me permettait de repérer des endroits non surveillés, de telle manière que les murs devenaient des laboratoires clandestins où s’ourdissait d’une manière candide ma revanche contre le destin, les autorités et la société. Il y avait quelque chose de scandaleux et d’inquiétant dans ce que je laissais sur les murs de bâtiments officiels, de banques et d’hypermarchés. J’étais dans un état de sécheresse amère où rien ne vous ferait pleurer car tout vous est indifférent et répugnant. Je passais beaucoup de temps à naviguer sur Internet où je découvris avec passion l’univers des tagueurs et la violence de leurs œuvres me fascinait en ranimant chez moi une conviction naïve qui fait du génie le corollaire de la vengeance. Les grands peintres et les tagueurs américains et européens fouettaient mon inspiration : La Joconde vendait des crêpes, la Vierge Marie de Rubens pleurait un Christ en flamme, le personnage de Munch dans le Cri était remplacé par le visage de ma mère… »

Pages 75-76

« Hamid se prénommait à présent Abou Qatada, comme il en avait manifesté plusieurs fois le désir, pour oublier son passé représenté par le nom que lui avait donné son père. Pourquoi devrait-il renier ce nom qui n’était pour lui qu’une sensation, une vision, un vertige, du  théâtre? Il me parla longuement de son émir Abou Hamza Al-Maghribi, un éminent prosélyte respecté dans le milieu des salafistes djihadistes. C’était un ancien prisonnier de Guantanamo, la fameuse prison américaine au sud-est de Cuba, et qu’il me présentait  comme un théologien de premier plan dont il s’excusait d’avoir oublié la spécialité.»

Pages 158-159

À propos de l’auteur

Aziz Bouachma est né en 1968 à Meknès où il enseigne le Français-philosophie en classes préparatoires aux grandes écoles d’ingénieurs en tant que  professeur agrégé. Le  Radeau des médusés est son premier roman.

Le radeau des médusés de Aziz Bouachma La Croisée des Chemins, 2019

ISBN : 978-9920-769-07-5 / Format : 13 x 19 cm / Pages : 226 / Prix : 90 DHS / 19

LE SOLEIL N’ÉTAIT PAS OBLIGÉ

SAAD KHIARI FAIT PARLER MARIE CARDONE

Initialement édité en Algérie en février 2018, La Croisée des Chemins a choisi de publier ce livre au Maroc ; preuve que les ponts de collaboration maroco-algérienne sont plus que jamais indispensables et ne demandent qu’à être construits.

Dans L’Étranger, d’Albert Camus,  Meursault est condamné à mort et exécuté pour avoir assassiné l’Arabe, laissant seule sa compagne Marie Cardona.

Des dizaines d’années plus tard, celle-ci apprend par le roman de Kamel Daoud, Meursault, contre-enquête, que l’auteur n’est autre que le propre frère de l’Arabe.

Convaincue que le malheur partagé crée la proximité, elle se sent dès lors proche de Kamel Daoud et cherche à le rencontrer. Elle décide de partir en Algérie pour des raisons que Saad Khiari nous dévoile au cours de ce voyage éprouvant et difficile mais combien nécessaire dans LE SOLEIL N’ÉTAIT PAS OBLIGÉ.

« On aurait pu oublier Marie Cardona, la compagne de Meursault, simple, fidèle, effacée. Saad Khiari, lui, ne l’a pas oubliée. Il la ressuscite, la ramène vers nous, imagine sa vie, son retour en Algérie. Il le fait avec un infini respect, une empathie magistrale et naturelle, une écriture très sensible et juste, un désir de dépasser tous les malheurs de l’Histoire, une volonté lumineuse de réconciliation définitive. Marie Cardona est le symbole de cette paix modeste mais profonde. En  le  plaçant au cœur de son récit, Saad Khiari accomplit un beau geste littéraire et humain. » Jean-Noël Pancrazi, Prix Médicis, Grand Prix du roman de l’Académie française, Membre du jury Renaudot.

À propos du titre de ce roman, Saad Khiari précise : « Je l’ai choisi en hommage à mon ami feu Cheikh Ahmadou Kourouma, dont le roman ‘’Allah n’était pas obligé’’ a obtenu le Prix Renaudot en 2000. C’était un grand écrivain ivoirien engagé et un grand militant anticolonialiste. 

Quelques extraits LE SOLEIL N’ÉTAIT PAS OBLIGÉ

« Je demanderai à Monsieur Daoud s’il peut m’expliquer pourquoi les journalistes n’ont pas cherché à savoir ce qu’il s’est réellement passé tout de suite après la mort de l’Arabe sur la plage, dans quel état d’esprit était Meursault et comment chacun de nous avait réagi sur le moment. J’avais gardé l’impression que pour eux, du moment que Meursault avait reconnu qu’il était l’auteur des coups de feu, l’affaire était pliée, comme si cette succession de séquences tragiques était inscrite par avance. C’était simple pour eux. Une histoire de mauvais garçons qui aurait mal tourné. Celle de trois hommes et deux femmes qui s’attendaient à recevoir de la visite à la suite d’une affaire de mœurs qui s’est mal terminée. Un quintet diabolique qui aurait tendu un traquenard à deux indigènes primaires. L’arme n’était pas chargée pour faire peur ; elle était prévue pour tuer. Ce n’est pas plus compliqué.»

Page 26

« À propos des raisons du voyage, je ne trouvais pas les mots pour expliquer ce besoin  d’aller à la rencontre d’un homme que je ne connaissais pas et dont je n’attendais rien de particulier, sauf peut-être une forme de proximité que je m’étais appropriée à cause de Meursault. Qu’aurais-je à lui dire de nouveau au sujet de son frère et d’une mort  accidentelle? Et quand bien même accepterait-il de se rendre à cette évidence et admettre que c’est la faute à la fatalité, qu’avais-je à lui offrir pour le consoler de la mort brutale de son unique frère? Et pour finir, que puis-je rapporter du voyage et de ma rencontre avec Kamel Daoud qui puisse me consoler moi aussi?»

Pages 57-58

« J’avoue que j’ai un peu honte, même si je ne suis en rien responsable, à l’idée de penser que Meursault et moi étions à mille lieues de cet univers dont nous ignorions totalement l’existence et qui fait de nous européens, réputés donneurs de leçons, et pourvoyeurs de civilisations, des ignorants impénitents à force de suffisance et d’esprit dominateur, comme me le dit tout le temps Yolande. Nous ne pouvions imaginer en toute sincérité qu’il put exister du raffinement et de la délicatesse dans des sociétés pour nous primitives et ouvertes à toutes les aventures anthropologiques. »

Page 131

À propos de l’auteur

Saad Khiari est cinéaste diplômé de l’I.D.H.E.C (Institut des Hautes Études Cinématographiques de Paris). Après avoir prêté sa plume durant de longues années et écrit dans de nombreux quotidiens et magazines, il publie un premier livre sur le dialogue interreligieux. Le roman de Kamel Daoud : « Meursault, contre-enquête », lui inspire ce voyage dans l’espoir de rapprocher les deux rives.

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