La mobilité étudiante en temps de Covid-19

Dossier du mois

La fermeture des frontières liée à la pandémie a chamboulé le parcours de plusieurs milliers d’étudiants à travers le monde. En effet, si toutes les activités ont été impactées par la Covid, la mobilité a été touchée de plein fouet. Entre les étudiants bloqués à l’étranger, ceux qui se sont vu écourter leur séjour, et ceux dont l’attribution d’une bourse prochaine est devenue incertaine, le flou persiste et les étudiants se demandent s’ils pourront voyager à la rentrée prochaine.

Bonne nouvelle pour les étudiants marocains qui ont prévu de poursuivre leurs études en France, l’Ambassade de France à Rabat a dévoilé de nouvelles recommandations de l’Union européenne alors qu’elle venait de retirer le Maroc de la liste des pays auxquels elle ouvrait ses frontières. Elle autorise désormais tout étudiant, muni d’un visa long séjour, à se rendre en France en présentant une autorisation de déplacement international, une attestation sur l’honneur et, si possible, un test PCR négatif de moins de 72 heures. « Les personnes non munies de tests seront invitées à leur arrivée à se placer en quarantaine à leur domicile ou au lieu indiqué aux autorités sanitaires présentes à l’aéroport ».

Mais encore faut-il que les vols de ces étudiants ne soient pas déprogrammés à la dernière minute, rappelle Anass Bennani, Directeur de la Coopération et du Partenariat au sein du ministère de l’Éducation, de la Formation professionnelle de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. En effet, plusieurs étudiants se sont plaints dernièrement, notamment sur les réseaux sociaux, d’avoir appris l’annulation ou le report de leur vol une fois arrivés à l’aéroport.

Par ailleurs, si la France a communiqué au sujet de la rentrée prochaine, ce n’est pas le cas de toutes les destinations pour lesquelles le flou demeure. De plus, dans certaines d’entre elles, les mesures adoptées rendent le processus complexe et beaucoup trop coûteux nous confie M. Bennani. « Les quarantaines, les hôtels, le test, le transport, le bracelet électronique, dans certains pays, ça coûte cher… mais ce sont des décisions souveraines, par précaution et prévention sanitaires, qui impactent le monde entier (…) ». Pour la rentrée 2020/2021, il est difficile de se prononcer, confie la même source. « Nous sommes en train d’explorer toutes les issues possibles avec nos partenaires, mais une suspension éventuelle de ces programmes jusqu’à l’année prochaine n’est pas à écarter (…) Au mieux, nous parvenons à un accord avec le partenaire, mais nous ne souhaitons pas leur donner de faux espoirs ou prendre le risque qu’il soit finalement bloqué à l’aéroport, pour des raisons d’abord sanitaires ». D’autant plus que le Maroc a été déclassé en zone rouge, notamment avec certains pays voisins, ajoute-t-il.

La question de savoir si les cours se tiendront en présentiel ou à distance, sinon en mode hybride, se pose également. Les examens avec la Tunisie ont pu être délocalisés au Maroc et vice-versa après la fermeture des frontières pour ne pas pénaliser les étudiants. Quant à la possibilité de passer l’année en formation à distance avec une Université étrangère, dans le cadre des programmes d’échange, surtout pour les nouveaux inscrits, cela semble peu probable, déclare-t-il, au vu de la complexité notamment pour certaines filières, telles que les disciplines médicales. Si certains étudiants sont parvenus à s’envoler pour la rentrée prochaine, de nombreuses interrogations demeurent tel que pour les modalités de reprise de cours dans certains pays.

La mobilité reste attractive malgré la pandémie

Si la pandémie a compliqué certaines procédures, les demandes de mobilité n’ont pas baissé au Maroc, qui figurait déjà parmi les pays les plus actifs pour la mobilité étudiante. En effet, le nombre de bourses attribuées aux étudiants marocains, dans le cadre des programmes bilatéraux, et le nombre d’étudiants internationaux au Maroc ne sont pas négligeables. Pour la mobilité sortante, ce sont plus de 70.000 étudiants marocains qui ont poursuivi leurs études supérieures à l’étranger dont 42.000 étudiants pour la France, au titre de l’exercice 2019-2020, suivant les statistiques fournies par le ministère français de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Pour la rentrée prochaine, une source de Campus France nous confie que le Maroc est l’un des seuls pays où la demande s’est maintenue, et ce malgré les incertitudes liées à la crise sanitaire.

Quant à la mobilité entrante, elle aussi n’est pas négligeable, puisque le Maroc accueille plus de 25.000 étudiants internationaux dans les différents établissements de formation, dont plus de 14.000, issus de 75 pays amis et frères, sont inscrits, au titre de l’année académique 2019-2020, dans les 12 Universités publiques. En 2019-2020, 86% des nouveaux inscrits, qui sont au nombre de 5.000, sont issus des pays de l’Afrique subsaharienne. Nous pouvons ainsi nous targuer d’être l’une des destinations académiques les plus en vue en Afrique, reconnue pour la qualité de l’offre pédagogique mise à disposition des étudiants du Continent.

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