La pollution responsable d’environ 9 millions de décès prématurés chaque année

Un décès sur six au monde en 2019 a été attribué à la pollution, soit 9 millions de morts en une année, selon une nouvelle analyse publiée mardi dans The Lancet Planetary Health.

Portant sur des données de santé mondiale recueillies par l’Institute for Health Metrics and Evaluation de l’université de Washington, l’étude a abouti à un triste bilan des décès prématurés causés par la pollution de l’air, de l’eau et des produits chimiques.

L’augmentation de la population et le développement des pays pauvres au cours des deux dernières décennies se sont accompagnés d’une hausse du nombre de centrales électriques, de fabricants de biens et de voitures en circulation.

Selon Richard Fuller, auteur principal de l’analyse et fondateur du réseau Global Alliance on Health and Pollution et de l’organisation à but non lucratif Pure Earth, cette évolution a eu des conséquences mortelles dans les régions où aucune norme d’atténuation de la pollution n’a été mise en place.

Les chercheurs ont établi que cet impact sur la santé est plus élevé que celui de la guerre, du terrorisme, du paludisme, de la tuberculose, du VIH, des drogues, ou encore de l’alcool.

Malgré les améliorations apportées à la pollution de l’eau ces dernières années, une hausse de la pollution atmosphérique et chimique signifie que le taux de mortalité est resté relativement identique depuis 2015.

→ Lire aussi : Le Maroc compte 15 morts par jour à cause de la pollution de l’air

La contamination de l’air a contribué à elle seule à environ 75% des décès signalés. Selon les experts, ce type de pollution est comparable au tabagisme qui endommage les poumons et empêche l’absorption de l’oxygène nécessaire au bon fonctionnement de l’ensemble des organes.

En outre, une autre préoccupation majeure est le nombre croissant de pollutions chimiques et de métaux lourds, en particulier le saturnisme.

En effet, de fortes concentrations de plomb dans le sang peuvent provoquer des problèmes cardiaques, rénaux et cognitifs. Ce type de pollution provient des batteries et des déchets électroniques, tels que les ordinateurs.

En 2019, le plomb et d’autres produits chimiques étaient responsables de 1,8 million de décès dans le monde, contre 900.000 en 2000, selon l’analyse.

Selon l’Organisation mondiale de la santé, les estimations de l’étude The Lancet au sujet des décès dus au plomb et à la pollution chimique sont conformes aux estimations de l’Organisation au titre de 2019.

Par ailleurs, une deuxième analyse, publiée lundi, portant sur les Etats-Unis, a établi que 53.000 décès prématurés pourraient être évités chaque année dans le pays si toutes les émissions liées à l’énergie étaient éliminées.

L’étude a révélé que plus de 90% des décès liés à la pollution se produisent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.

La pollution atmosphérique augmente le risque de maladies cardiaques, d’infections respiratoires, de cancer du poumon, de tuberculose, de maladies respiratoires chroniques, de diabète, de maladies rénales et d’insuffisance pondérale à la naissance, qui peuvent tous conduire à un décès prématuré.

Alors que les décès dus à la pollution domestique de l’air et de l’eau ont diminué depuis 2000, ceux dus à la pollution de l’air extérieur et aux produits chimiques toxiques ont pour leur part augmenté de plus de 66 % depuis cette date.

Cela est dû en partie à la croissance des économies en développement, un processus qui entraîne souvent des améliorations dans l’assainissement des ménages tout en augmentant simultanément l’utilisation de produits chimiques industriels et de combustibles fossiles, selon les experts.

Les scientifiques ont également identifié des quantités croissantes de produits chimiques toxiques dans des articles ménagers comme les épices, la peinture, les jouets pour enfants et les cosmétiques.

C’est pourquoi les experts ont recommandé aux pays de consacrer davantage de fonds à la lutte contre la pollution.

Les Etats-Unis ont déjà considérablement amélioré la qualité de l’air entre 1990 et 2020, le pays ayant enregistré une baisse de 78 % des émissions combinées de six polluants courants. Cependant, l’étude de lundi a relevé beaucoup qui reste à faire.

Selon les estimations des auteurs de l’analyse, environ 11.700 décès prématurés pourraient être évités si les Etats-Unis éliminaient les émissions des véhicules routiers, et 9.300 décès supplémentaires serait évités grâce à l’élimination des émissions du secteur de l’électricité.

The Lancet Planetary Health est une revue scientifique internationale axée sur la recherche sur les civilisations humaines durables dans l’Anthropocène, dont les publications portent sur le développement durable et les changements environnementaux mondiaux.

Avec MAP

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page