La richesse mondiale atteint un sommet, portée par l’essor boursier et l’IA

Selon le rapport annuel de Capgemini, le nombre de personnes fortunées dans le monde a atteint un niveau record en 2024, soutenu par les performances des marchés financiers et l’essor de l’intelligence artificielle.
Jamais les grandes fortunes n’ont été aussi florissantes. Le dernier rapport « World Wealth Report » publié mercredi par le cabinet de conseil Capgemini dresse un tableau saisissant : la population mondiale des millionnaires, définie comme les individus disposant de plus d’un million de dollars hors résidence principale, a progressé de 2,6 % en un an, pour atteindre 23,4 millions de personnes en 2024. Une augmentation inédite depuis la première édition de l’étude en 1997, signe que la concentration de la richesse poursuit inexorablement son ascension.
Cette embellie est encore plus marquée pour les « ultrafortunés », ces détenteurs de plus de 30 millions de dollars. Leur nombre a bondi de 6,2 % en un an, traduisant une dynamique de concentration des patrimoines toujours plus marquée.
La fortune totale de ces privilégiés s’élève désormais à 90 500 milliards de dollars, en hausse de 4,2 % sur un an. « Les actions américaines ont poursuivi leur cycle haussier grâce à une croissance économique plus forte que prévu et à un enthousiasme soutenu pour l’IA et les valeurs technologiques », résume Capgemini, qui a fondé son analyse sur les données de 71 pays et l’outil statistique de la courbe de Lorenz.
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Les États-Unis confirment leur statut de moteur de cette prospérité financière. Le pays compte désormais 7,9 millions de millionnaires, après avoir vu leur nombre croître de 562 000 personnes en 2024, soit une hausse de 7,6 %. La flambée des indices boursiers – Nasdaq, Dow Jones, S\&P 500 – a contribué à cette augmentation spectaculaire des patrimoines.
En Europe, la dynamique est plus contrastée. Le nombre de personnes fortunées a reculé de 2,1 %, reflet des difficultés économiques persistantes sur le Vieux Continent. La France, notamment, a vu disparaître 21 000 millionnaires de ses registres. Pourtant, le nombre d’ultrafortunés a progressé de 3,5 %, signalant une concentration accrue de la richesse malgré la morosité ambiante.
En Asie-Pacifique, la tendance globale est à la hausse (+2,7 %), mais les disparités nationales sont marquées. La Chine, deuxième économie mondiale, accuse un léger repli de 1 % du nombre de ses millionnaires, quand le Japon et l’Inde affichent des croissances respectives de 5,6 %. Ces écarts révèlent la diversité des trajectoires économiques dans une région où la résilience industrielle et technologique devient un marqueur de distinction.
Des inégalités croissantes au cœur des débats
Si l’année 2024 marque un record historique, elle prolonge également la dynamique d’inégalités de plus en plus dénoncée. Les données de Capgemini interviennent alors que s’annonce un immense transfert intergénérationnel de richesses : pas moins de 83 500 milliards de dollars devraient changer de main dans les deux prochaines décennies, façonnant une nouvelle génération de détenteurs de grandes fortunes.
Ce phénomène alimente des débats persistants sur la fiscalité des plus riches et la capacité des États à mieux faire contribuer ces patrimoines colossaux au financement des biens communs. Après une année 2022 marquée par le plus fort repli de richesse en une décennie, la trajectoire haussière de 2024 met en lumière la fragilité des équilibres sociaux et les limites de la croissance inégalitaire.
La question demeure : comment transformer cette prospérité en levier de solidarité et de résilience collective ? Un enjeu politique majeur qui dépasse largement les seuls cercles financiers.