La Suisse, invité d’honneur du SIAM 2019

Par Souad Mekkaoui

 Trônant au coeur de l’Eu­rope sur une situation géo­graphique exceptionnelle, la Suisse, qui est accueillie pour la première fois en tant qu’invitée d’honneur au SIAM, est l’une des économies les plus compétitives au monde et de la production agroali­mentaire.

De facto, 10 milliards de francs de denrées alimentaires sont produits, chaque année, par le secteur agri­cole. L’agriculture biologique étant son maillon fort, l’Office fédéral de la statistique (OFS) dénombre 6638 fermes bio, dont la moitié est située en régions montagneuses. Et ce nombre ne cesse d’augmenter.

L’innovation suisse au service du Maroc

Dotée de potentialités agricoles im­portantes, près de la moitié du territoire suisse est exploitée dans l’agriculture, axée sur la production durable de den­rées alimentaires pour un approvision­nement sûr et sain de la population, basé sur le maintien des ressources naturelles locales. Compétitivité et durabilité sont les maîtres mots de la politique agricole suisse qui fait de la recherche et des technologies de pointe (18,5 CHF mil­liards soit près de 3% de son PIB lui sont consacrés) l’une de ses priorités avec le souci de l’innovation tout en préservant l’environnement. La Suisse est, en effet, engagée en matière de développement économique durable et inclusif pour lequel l’agriculture est un secteur prio­ritaire. D’emblée, le pays a adopté une politique agricole pour renforcer sa posi­tion sur les marchés, protéger et utiliser, durablement, les ressources naturelles et permettre aux exploitations agricoles de se développer pour faire face aux défis environnementaux qui se posent partout dans le monde. Par ailleurs, le Maroc qui cherche une transition pour s’ouvrir da­vantage à l’innovation et faire émerger une véritable classe moyenne agricole a fait son choix de la Suisse en tant que pays invité d’honneur de la 14e édition du Salon International de l’Agriculture après la Hollande en 2018. Ce choix vient consolider et donner une nouvelle impulsion à la coopération existant entre les deux pays, depuis plusieurs décennies, notamment dans le domaine de l’agriculture qui représente le grand pourvoyeur d’emplois au niveau na­tional bien que les petites exploitations dominent à 70%. Celles-ci dont l’ac­tivité est majoritairement orientée à l’autoconsommation, pourront profiter du savoir-faire innovant des entreprises suisses présentes au SIAM et se faire accompagner dans les différents projets notamment la conformité, la logistique ou la valorisation de la production. Dès lors, la Suisse, leader en matière d’inno­vation technologique et en production agricole à forte valeur ajoutée, souhaite faire bénéficier les petits agriculteurs et propriétaires de petites exploitations de son expertise dans plusieurs domaines : le développement des produits bio, la production agro-alimentaire, la vé­rification analytique, l’authenticité des denrées et la valorisation des produits transformés sous la responsabilité de la Chambre de commerce suisse.

Cette année au SIAM, le pays hôte qui investit 450m2 d’espace pour intervenir dans plusieurs champs d’expertises, pré­sentera ses technologies de pointe ainsi que son arsenal de recherches agrono­miques et alimentaires, comme l’utili­sation de champignons et bactéries pour développer des biostimulants, la collecte intelligente du lait, l’agriculture de pré­cision ou la communication à distance avec les systèmes d’irrigation. Il contri­buera ainsi à l’ancrage du « green lea­dership » du Maroc sur le plan régional et continental, impulsé par le Roi Mo­hammed VI.

Maroc-Suisse : Des relations bilatérales de longue date

Force est de rappeler que les bonnes relations entre les deux pays ne sont plus à démontrer puisque, dès l’indépendance du Maroc, la Suisse, qui a nommé son Représentant diplomatique sans tarder, est, aujourd’hui, le 7e investisseur étran­ger dans le Royaume. Avec plus de 50 entreprises suisses qui sont installées au Maroc depuis 2014, celles-ci investissent pas moins de 5 milliards de dirhams dans divers projets et génèrent, à elles seules, pas moins de 9.000 emplois directs.

De fait, plusieurs partenariats et échanges économiques et commer­ciaux, notamment, depuis la création de la Chambre suisse du commerce (CCSM), active à Casablanca, depuis plus de 25 ans, illustrent l’étroite colla­boration entre les deux pays. Dès lors, des accords couronnent la coopération bilatérale Maroc-Suisse, membres d’un partenariat pour le développement du­rable des montagnes et de la mise en oeuvre de l’Agenda 2030, notamment un accord sur la promotion et la protection réciproque des investissements (API) qui a été signé en 1985 (en vigueur de­puis 1991), suivi de l’adoption d’un accord de libre-échange (ALE) signé le 19 juin 1997 ( entré en vigueur depuis 1999), entre les États de l’AELE et le Royaume du Maroc. En plus de la Dé­claration commune du 15 mai 1997 sur la coopération entre la Confédération suisse et le Royaume du Maroc relative à la promotion des investissements, des échanges commerciaux et du transfert de technologies respectueuses de l’environ­nement. Sans oublier la Lettre d’entente entre la Confédération suisse représentée par le Département fédéral des Affaires étrangères et le ministère de l’Agricultu­re et de la Pêche maritime du Royaume du Maroc, à Meknès, signée le 30 avril 2014. Ainsi le volume des échanges s’élevait à 520 millions de francs, en 2016. La Suisse y exporte essentielle­ment des produits pharmaceutiques, des machines et des produits horlogers. Par contre, les pierres et les métaux précieux, les articles de bijouterie, les textiles et les vêtements constituent les principales importations de la Suisse en provenance du Maroc.

Par ailleurs, la coopération s’étale sur plusieurs projets en cours de finalisation comme le Projet d’Accès aux Marchés pour les Produits Agroalimentaires et du Terroir (le PAMPAT), qui aspire à amé­liorer l’accès de l’arganier et des figues de barbarie. Lancé le 23 septembre 2013 à Agadir, ce projet est financé par le Se­crétariat d’Etat à l’Economie (SECO) du gouvernement suisse et exécuté par l’ONUDI. Le PAMPAT a une durée de quatre ans et vise l’amélioration de l’ac­cès aux marchés (national et internatio­nal) et des conditions socioéconomiques des opérateurs, au sein des chaînes de valeur de l’arganier et du cactus/figue de barbarie d’Aït Baâmrane, dans la région de Souss Massa-Darâa. Bien d’autres projets sont menés dans le cadre du par­tenariat Maroc-Suisse comme le Projet Azir-Oriental, d’une enveloppe budgé­taire globale de 25 millions de dirhams, mis en oeuvre en 2016. En collaboration avec l’Organisation des Nations Unies pour le Développement industriel (ONU­DI) et la Coopération Suisse au Maroc, ce projet a été conjointement financé à hauteur d’environ 1,4 millions d’euros par la Coopération Suisse et de presque 10 millions de dirhams par le HCEFLCD et les autres partenaires nationaux. Il vise à appuyer les efforts du HCEFLCD pour la mise en oeuvre de sa stratégie de déve­loppement du secteur des PAM (Plantes aromatiques et médicinales). Le projet AZIR-O vise deux axes stratégiques, à savoir l’amélioration de la compétiti­vité des coopératives et l’inclusion des populations locales et des cueilleurs dans les coopératives ainsi que l’amé­lioration de la durabilité de la ressourcenaturelle.

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