La Turquie prive Twitter de revenus publicitaires pour le soumettre à sa loi

La Turquie a annoncé mardi l’interdiction de revenus publicitaires dans ce pays pour Twitter, une mesure punitive qui vise à contraindre le réseau social à nommer un représentant local et obéir aux demandes de retrait de contenus des tribunaux.

L’application de partage de vidéo en direct Periscope, qui appartient à Twitter, ainsi que le réseau social Pinterest sont également visés par cette interdiction de revenus publicitaires, une décision publiée dans le Journal officiel turc.

La mise en oeuvre de cette mesure « sera minutieusement supervisée par nos institutions (…) Des contraventions seront dressées contre les entreprises qui leur versent des revenus publicitaires », a prévenu le vice-ministre turc des Transport et des Infrastructures, Omer Fatih Sayan, sur… Twitter.

Cette sanction s’inscrit dans le cadre d’une loi entrée en vigueur en octobre qui oblige les principaux réseaux sociaux, comme Twitter, Facebook et Instagram, à nommer un représentant en Turquie et obéir aux tribunaux demandant le retrait de certains contenus sous 48 heures.

Pour ses détracteurs, cette loi ouvre la porte à la censure, les autorités turques faisant inlassablement la traque aux critiques sur les réseaux sociaux.

Lundi, à quelques heures de l’entrée en vigueur de l’interdiction des revenus publicitaires, Facebook avait cédé en annonçant qu’il nommerait un représentant en Turquie, tout en réaffirmant son attachement à la liberté d’expression.

Avant Facebook, d’autres plateformes comme YouTube et TikTok avaient suivi la même voie.

Après l’annonce de Facebook lundi, l’ONG Amnesty International a estimé que les réseaux sociaux risquaient de « devenir les instruments d’une censure d’Etat ».

Pour contraindre les récalcitrants comme Twitter à obéir, les autorités turques ont par ailleurs prévu une réduction graduelle de leur bande passante: celle-ci sera divisée par deux en avril, puis réduite de 90% en mai, ce qui rendrait de fait ces réseaux sociaux inaccessibles.

Les réseaux sociaux sont étroitement surveillés par le gouvernement turc et de nombreux procès pour « insulte au chef de l’Etat » ou « propagande terroriste » ont été intentés sur la base de simples tweets.

En 2019, la Turquie a bloqué l’accès à 408.000 sites, 40.000 tweets, 10.000 vidéos YouTube et 6.200 partages sur Facebook, selon un rapport de l’Association de la liberté d’expression.

( Avec AFP )

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