La voiture électrique, le véhicule “écolo” ?

Tous les gouvernements ont pris la mesure du danger que représente le réchauffement climatique et donc de facto des émissions de gaz à effet de serre, le CO2.

La majorité des pays européens se sont questionnés sur les principaux coupables de la production de CO2, et parmi eux la voiture. La voiture électrique qui ne rejette pas de CO2, apparaît donc comme la solution idéale à nos défis climatiques et représente la voiture d’avenir.

Mais ne pas rejeter de CO2 en fait-elle une voiture plus écologique pour autant ?

La voiture électrique, un modèle qui peine à s’imposer

Le 6 juillet 2017, Niclolas Hulot présentait le Plan Climat où figure une partie dédiée à la promotion de la voiture électrique, et notamment des aides pouvant aller jusqu’à 8500€ pour l’achat d’un véhicule électrique. Tous les constructeurs automobiles s’essayent à l’électrique, même PSA qui était absent de ce marché depuis 1990 se relance avec la présentation de sa nouvelle 208. La Chine souvent affublé du titre de “plus gros pollueur” a interdit la circulation des voitures thermiques (utilisant un moteur à combustion, une voiture classique) d’ici 2040. Autant d’initiatives qui témoignent d’un vrai engouement de l’offre avec “des coups de pouce” (une meilleure idée ?) de l’exécutifs. Mais voilà, la demande ne suit pas. En effet on peut s’inquiéter de la très faible part de marché des véhicules électriques sur le marché des voitures en général. Il représentait 0,8% en 2017 dans le monde et 1,2% en France ce qui représente environ 30.000 immatriculations (source : Bloomberg). Plus inquiétant encore, c’est la dynamique des ventes qui décroît. Toujours en France, c’est une augmentation de +47% en 2015, +23% en 2016 et +13% en 2017.

Pour expliquer ces ventes en France qui peinent à s’imposer on peut avancer des explications pragmatiques. Premièrement il y a le problème de recharge, on trouve peu de bornes en ville, encore moins en campagne, et il est difficile et coûteux de se faire installer une borne à domicile d’autant que les citadins louent pour la plupart du temps leur place de parking. Dans tout le territoire français, on note environ 20.000 bornes pour plus de 110.000 véhicules électriques (Avere). Deuxièmement, la barrière du prix freine les gens à l’achat. Il faut compter 23.000€ pour l’entrée de gamme de Renault, la citadine Zoé (hors bonus écologique, batterie comprise).

Palmarès des meilleurs ventes de voitures électriques en France en 2017 selon l’INSEE:

  1. Renault Zoe : 17.038 (+ 11,8%)
  2. Nissan Leaf II 40 : 4.572 (+23%)
  3. Smart Fortwo : 1.278 (+ 43,9%)
  4. BMW i3 : 1.267 (+ 43,8%)
  5. Peugeot Ion : 1.030 (+ 17,8%)
  6. Tesla Model S : 749 (- 13,1%)

La Chine se présente comme contre-exemple de la France. En effet en 2017 les ventes ont augmenté de 71% en Chine avec 600.000 immatriculations, soit environ la moitié des ventes mondiales. C’est en grande partie ce qui fait dire à la plupart des analystes, comme le cabinet Frost & Sullivan, que l’électrique devrait représenter 25% des ventes mondiales en 2025. L’agence Bloomberg annonce 50% des ventes mondiales à l’horizon 2040. Cette explosion des ventes des véhicules électriques table sur des facteurs encore incertains comme la diminution du prix des batteries, la baisse du coût des véhicules à l’achat, la démocratisation des borne de recharges. Présenter comme LA solution pour préserver la planète, la voiture électrique présente bien des arguments qu’il convient de mettre en perspective pour analyser réellement son empreinte écologique.

La voiture électrique est-elle vraiment plus écologique ?

En France, le plus gros émetteur de CO2 reste le transport (30%) dont plus de la moitié sont des véhicules particuliers (source : Agence Européenne pour l’Environnement). On aurait donc tout intérêt à mettre la voiture électrique en avant. Les constructeurs automobiles jouent beaucoup sur ce point dans leur stratégie marketing. Les publicités à la télévision montrent souvent une voiture dans un bois avec un air frais, pur, et un grand ciel bleu. Vous avez dit greenwashing ?

Cependant ne pas émettre de CO2 ne fait pas de la voiture électrique un véhicule plus écologique.

Pour le démontrer il faut prendre en compte deux éléments:

  • la construction de la voiture.
  • l’énergie nécessaire pour recharger ses batteries

Premièrement, construire une voiture électrique est très polluant. En cause : sa batterie et son moteur. Ces deux éléments de base de la voiture électrique demandent énormément de matières premières dont la majorité sont des “métaux rares”.

Un métal rare, qu’est-ce que c’est ?

Les métaux rares désignent 17 métaux différents aux propriétés bien spécifiques (alliage plus léger, meilleur conduction de l’énergie…). Ils sont utilisés particulièrement dans le domaine des hautes technologies. Leur extraction et traitement sont compliqués et produisent des déchets toxiques.

Dans les matières premières principalement utilisées pour les batteries et moteurs on y trouve le cobalt, le graphite, le manganèse, le lithium ou encore le nickel. La phase d’extraction de ces composants demande beaucoup d’énergie et une consommation d’eau qui atteint les 140.000L d’eau par heure. Un des métaux essentiels à ces batteries est le néodyme, on en retrouve entre 3 et 4 kg pour une voiture électrique. L’Agence Européenne pour l’Environnement rapporte que pour 24g de néodyme c’est 600 kg de roche qu’il faut extraire. Ce qui veut dire que pour chaque voiture, c’est 900 tonnes de roche qu’il faut sortir de terre.

D’autant plus qu’après l’extraction vient le traitement et la purification des métaux. Cette étape demande encore une fois une grande quantité d’eau et de produits chimiques qui sont souvent rejetés dans les écosystèmes sans traitement adaptés au préalable. Tesla dans un communiqué de presse évoque ses difficultés à contrôler sa chaîne d’approvisionnement et reconnaît que l’un de ses grands enjeux sera d’améliorer l’extraction de ses composants. Produire une voiture électrique est plus polluant à hauteur de 50% qu’une voiture thermique ordinaire (source : OFI Asset Management)

Après la production de la voiture vient ensuite le problème de son alimentation. Pour fonctionner, une voiture thermique ordinaire a besoin d’essence et en roulant, cette voiture va émettre du CO2. Une voiture électrique va consomme de l’électricité pour ne pas émettre de CO2. Pour comprendre l’impact énergétique de ce véhicule, il faut donc s’intéresser à la production d’électricité. En France pour la produire, on utilise à 70% le nucléaire. Il a bien des défauts mais ne rejette pas de CO2. Cependant cette situation est bien spécifique à la France. En effet quand on regarde d’autres pays, on observe que pour produire de l’électricité ils utilisent principalement du charbon ou du gaz naturel, d’importants émetteurs de CO2.  C’est le cas de la Chine (63% de son électricité produite provient du charbon ou du gaz), des Etats-Unis (62%) et de l’Allemagne (48%) (source : Agence Européenne pour l’Environnement.

Il apparaît donc que pour ces pays la voiture électrique n’est pas plus écologique puisque l’on ne fait que déplacer le problème. Le CO2 qui ne sera pas émis quand la voiture roulera le sera pour justement faire rouler cette voiture avec l’électricité.

Si on retire de l’équation la production des voitures qui montre de gros impacts négatifs sur l’environnement, la voiture électrique est plus écologique dans les pays utilisant le nucléaire comme énergie principale, ou qui à terme produiront la majeure partie de leur électricité grâce aux énergies renouvelables. Ce qui  n’est le cas nulle part.

En France, on estime que la dette carbone d’une voiture électrique est d’environ 40.000km donc en moyenne 3 ans. C’est à dire qu’une voiture électrique avant même d’avoir roulé son premier mètre aura déjà pollué autant qu’une voiture thermique ordinaire qui aura 40.000km au compteur. Le bilan s’équilibre ensuite, la voiture électrique sera rentable d’un point de vue empreinte carbone au bout de 3 ans.

Sur bien des aspects la voiture électrique n’est pas le véhicule écologique que l’on nous promet. A ces défauts peuvent s’ajouter le recyclage des batteries qui est difficile et cher. Il est plus rentable de produire une nouvelle batterie (et d’en extraire les composants) que de la recycler (durée de vie de 8 ans).

Pour avoir des voitures électriques réellement écologiques il faut:

  • Utiliser le nucléaire ou les énergies renouvelables comme mode de production d’électricité
  • Améliorer les conditions d’extractions des métaux
  • Améliorer le recyclage des batteries

Le seul vrai transport écologique qui permet de préserver notre environnement et de lutter contre le réchauffement climatique reste le vélo.

Source Neil : Fournisseur-energie

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