L’acharnement de l’Union européenne pourrait s’étendre aux banques marocaines

L’indignation à Rabat contre les eurodéputés suite à la résolution du Parlement européen, fut-elle grande, est insuffisante face à l’acharnement que subit le Maroc. En riposte, le Parlement qui a décidé de reconsidérer ses relations avec le Parlement européen et de les soumettre à une « réévaluation majeure » devra aussi réagir à un autre coup, qui cette fois porté contre les filiales européennes des banques marocaines. L’Europe ne connaît plus de limite.

Les filiales européennes des banques devront prochainement faire face à la CRD VI, le projet de directive européenne en cours de discussion au Parlement européen et qui devrait bientôt mettre fin aux services des banques hors UE. Cette nouvelle bien que constituant un précédent dangereux serait l’acte de trop de l’acharnement de l’UE contre le Maroc.

Les banques marocaines ont plus de 50 filiales dans sept pays européens différents. Si elle est adoptée, la directive pourrait avoir des conséquences considérables pour les banques marocaines et leurs clients résidant en Europe.

Les succursales européennes des banques marocaines offrent à leurs clients, notamment aux Marocains résidents à l’étranger (MRE), des services bancaires tels que l’ouverture et la gestion de comptes ou des transferts d’argent. Fin 2022, les dépôts de la diaspora marocaine s’élevaient à environ 200 milliards de dirhams.

Depuis plusieurs années, le nombre de succursales européennes des banques marocaines est en baisse en raison d’une réglementation de plus en plus stricte dans l’UE. Mais si la directive bancaire (CRD VI) est adoptée par le Parlement européen, elle entrera en vigueur en 2025 et les succursales européennes ne seront plus du tout autorisées à faire des affaires dans l’UE.

Les clients doivent alors aller ailleurs pour, par exemple, des transferts d’argent vers le Maroc, un service fréquemment utilisé par les banques marocaines en Europe. Rien qu’en 2021, les transferts d’argent ont augmenté de 47 %. Et cette tendance à la hausse s’est poursuivie en 2022.

Par ailleurs, les banques européennes ne sont pas totalement insensibles au succès des banques marocaines et de leurs produits financiers concurrents comme l’assurance obsèques. De nombreux Marocains européens ont un compte bancaire au Maroc et préfèrent utiliser le compte courant marocain lors de leur visite dans le pays pour éviter des frais de transaction coûteux.

Ce groupe de clients pourrait également choisir d’utiliser le compte de paiement européen au Maroc à partir de maintenant si les banques marocaines ne sont plus autorisées à faire des affaires dans l’UE. Les banques européennes gagnent donc à écarter cette concurrence étrangère.

États membres de l’UE

En prévision de la directive bancaire, les autorités de régulation et les banques centrales de certains pays européens ont déjà suspendu l’activité de courtage des filiales étrangères. Par exemple, la banque centrale italienne Bank of Italy a interdit aux banques étrangères de commercialiser leurs services sur le marché italien.

Les critiques s’attendent à ce que les nouvelles restrictions européennes obligent les clients à recourir à des circuits informels et à des organisations voyous pour échapper aux autorités réglementaires.

En outre, de nombreuses banques, principalement africaines, envisagent d’ouvrir rapidement des bureaux de remise dans les villes européennes afin de continuer à vendre des produits bancaires.

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