L’Algérie revendique le statut de «pays observateur», non impliqué dans le dossier

Par Taieb Dekkar*

L’Algérie revendique officiellement, depuis quelques jours, le statut d’un simple pays observateur, voisin, non impliqué dans le conflit artificiel autour du Sahara marocain.

Est-ce vraiment un pays observateur ?

Evidemment, Non .

Parce que l’Algérie reconnait « la république sahraouie populaire et démocratique » (RASD) (une dénomination calquée sur l’Algérie qui est, elle-même, semble-t-il, +démocratique et populaire+ , et fut même le premier pays au monde à reconnaitre cette entité qui, après 45 ans, n’est reconnue ni par les Nations-Unies, ni par le monde arabe, ni l’organisation des pays islamiques, ni par l’Union européenne, ni par les Grandes puissances…

Le polisario et la RASD élisent domicile dans la région de Tindouf, sur le territoire de l’Algérie « sœur» qui a crée, arme, entraine et encadre ces deux entités, tant sur le territoire algérien, qu’au niveau diplomatique international, en finançant le réseau «diplomatique» et les représentations du polisario, partout dans le monde. Elle leur délivre généreusement des passeports «diplomatiques» ou ordinaires algériens.

L’Algérie «sœur» autorise, sinon ordonne, des agressions contre le Maroc, quand elle n’engage pas directement ses troupes, depuis son territoire, depuis maintenant 46 ans. Elle fournit, publiquement et officiellement, des armes au polisario. En plus, elle mobilise son appareil diplomatique, voire ses «envoyés très spéciaux», structures nouvellement créées, pour plaider et défendre la cause de la république «démocratique et populaire » du polisario, et en fait fondamentalement une cause vitale et prioritaire de l’Algérie.

Il suffit de suivre, pour seulement quelques jours, les discours des officiels et des médias algériens, notamment La Pravda (El Djeich) pour s’en rendre compte. Sinon, pourquoi le Royaume du Maroc est pris à partie, tous les jours, par les officiels et les médias algériens, qui le traitent tantôt d’ennemi, tantôt d’allié d’Israél, et qu’ils accusent de comploter contre l’Algérie, laquelle est au bord de la faillite. Si l’Algérie est sur le point de s’effondrer -et ce sont là les projections sérieuses de tous les centres d’études et de recherche internationaux- logiquement, le Maroc devrait s’en inquiéter, en raison des périls que cela risquerait d’engendrer pour un voisinage stable et en plein essor économique, plutôt que de comploter contre un pays qui va inéluctablement et tout droit vers la faillite, sans nécessairement «l’assistance» de son voisinage.

Comme je l’ai déjà dit à plusieurs occasions, l’Algérie a besoin d’entretenir la tension avec le Royaume, une vive tension, comme c’est le cas aujourd’hui, dans le dessein de berner la communauté internationale, et de lui faire croire que le Maghreb est en état de guerre, à cause du Sahara et qu’il y a urgence à y rechercher une solution, qui tienne compte des plaidoiries de l’Algérie.Selon des sources fiables, l’Algérie, qui aura dépensé la somme colossale de 250 milliards de dollars depuis le début du conflit soit 45 billions 750.000.000.000 milliards de dinars algériens (taux de change de un dollar égal 183 dinars algériens), a perdu beaucoup de terrain, ces dernières années, sur le plan diplomatique, sur le dossier du Sahara, non pas à cause d’une défaillance de sa diplomatie, mais plutôt en raison de l’effondrement du système politico-idéologique, fondé par le dictateur Houari Boumediene, et de l’instabilité politique, dans laquelle le pays est plongé depuis 1988, lesquels choix se sont révélés néfastes et désastreux pour le peuple algérien.

Le pouvoir politique, détenu par l’armée depuis toujours, résiste au changement, en dépit de multiples révoltes douloureuses du peuple algérien et le massacre de plusieurs dizaines de milliers d’Algériens, durant la décennie noire, venus allonger la liste des martyrs de la liberté, de la démocratie et de l’indépendance. En dépit de cet engagement multiforme et multidimensionnel, au détriment des intérêts supérieurs du peuple algérien, les gouvernants d’Alger, frappé de cécité, clament encore, sans vergogne, leur neutralité dans ce différend artificiel, qui a causé de graves préjudices au Maghreb, au monde arabe, à l’unité des peuples arabes et musulmans.

*journaliste et écrivain

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