L’aquaculture au Maroc, un secteur à fort potentiel alimentaire

Dossier du mois

Le potentiel naturel du Maroc est énorme, notamment dans l’aquaculture qui attire un nombre important d’investissements. Malgré le ralentissement du secteur à cause de la Covid-19, la production a pu couvrir les besoins nationaux.

L’aquaculture au Maroc, placée parmi les secteurs d’avenir en termes de sécurité alimentaire, est caractérisée par ses grands espaces favorables à l’activité aquacole, renforcés par plusieurs projets et conventions visant à développer le secteur. On peut citer en particulier les six importantes conventions de partenariat qui ont été approuvées par le Conseil de la région Souss-Massa avec des porteurs de projets dans le domaine du développement de l’aquaculture, avec une enveloppe de 88 millions de dirhams. Aujourd’hui, le secteur compte une vingtaine de fermes et envisage d’en installer une centaine avec une production annuelle prévisionnelle de plus de 80.000 tonnes. Pour atteindre cet objectif, l’Agence Nationale pour le Développement de l’Aquaculture (ANDA), premier accompagnateur du secteur, s’est engagée en faveur de cette activité en soutenant plusieurs projets aquacoles pendant leur démarrage et les phases pilotes.

Le secteur en chiffres :

A ce jour, le secteur aquacole national, avec ses trois filières (conchyliculture, algoculture et pisciculture), compte 41 fermes aquacoles actives dont 23 fermes productives et 18 fermes nouvellement installées en 2020. En terme de production et malgré le ralentissement de l’activité à cause de pandémie de la Covid-19, les 23 fermes ont pu produire, au titre de l’année 2020, un volume avoisinant 1000 tonnes pour une valeur de 41,2 millions de Dirhams, ce qui représente une hausse de 22% en valeur par rapport à l’année 2019. Une production qui reste dominée par les produits conchylicoles (52%).

Pour l’exercice 2021, le nombre total des fermes installées s’élèvera à 167 fermes avec une production annuelle cible de plus de 80.000 tonnes et un investissement prévisionnel d’environ 1,7 milliard de Dirhams, avec plus de 3 600 emplois directs.

Quatre questions à Majida Maârouf, Directrice de l’Agence Nationale pour le Développement de l’Aquaculture (ANDA)

MD : L’aquaculture s’est développée de façon spectaculaire au Maroc. Quelle évaluation faites-vous de cette filière, pour les exercices 2020 et 2021 ?

– Majida Maârouf : Contre toute attente, l’année 2020 a été pour l’ANDA une année de concrétisation par excellence, et ce malgré les circonstances imposées par la crise sanitaire actuelle. Plusieurs projets ont démarré leurs installations au niveau des régions de Dakhla-Oued Eddahab et Souss-Massa et en maintenant le Cap, l’année 2021 sera, certainement, plus riche en réalisations et verra le développement d’un nombre important de projets à l’échelle de toutes les régions du Royaume ayant fait l’objet de planification aquacole.

Il faut reconnaître que le rythme d’installation des projets a été légèrement ralenti en 2020 à cause des restrictions imposées par les autorités à l’échelle internationale pour contenir la pandémie de la Covid-19. Etant entièrement dépendants des fournisseurs internationaux, certains investisseurs ont été confrontés à la rareté des équipements nécessaires pour l’installation de leurs fermes aquacoles et à la difficulté de les faire parvenir dans des conditions avantageuses.

Pour ce qui est de la tendance à venir, le secteur promet de se développer de façon positive, au cours des mois à venir. Avec de nouveaux projets en cours de matérialisation nous comptons boucler l’année 2021 sur des indicateurs qui réconforteront la stratégie de notre pays en matière de développement de l’aquaculture.

MD : A combien estimez-vous la production nationale de produits halieutiques, ainsi que la demande ? Et que représente ce secteur dans le marché marocain ?

– M.M : Actuellement, la production aquacole marine avoisine les mille tonnes. Ce chiffre est voué à croître de manière continue au fur et à mesure que l’installation de nouveaux projets d’investissement avance. Comme tout élevage, la commercialisation ne débutera que 2 à 3 ans après l’installation du projet, en fonction des cycles d’élevage. A court terme, on table sur une production de l’ordre des 80.000 tonnes avec une diversité des espèces produites.

Du côté de la demande, l’appétit des consommateurs pour les produits de la mer ne cesse de s’accentuer d’année en année. Un intérêt qui doit s’accompagner par une diversité de l’offre ainsi qu’une disponibilité des produits aquacoles. C’est dans cette perspective, que l’aquaculture nationale saura se positionner pour matcher la demande, avec une offre qui correspond aux différentes typologies du consommateur. Aujourd’hui, la quasi-totalité de la production aquacole est écoulée sur le marché national, et ce secteur constitue un pilier très important pour renforcer l’offre en matière de la mer.

MD : La région de Dakhla est connue et reconnue par des richesses halieutiques énormes et une production aquacole accrue. Quelle est votre vision pour le futur de cette région ?

 – M.M : Considérée comme le premier pôle aquacole au Maroc, la région de Dakhla-Oued Eddahab abrite, à ce jour, 50% des fermes aquacoles en activité et 50% de la production aquacole au titre de l’année 2020.

Quand on sait que 81% des projets portés par les investisseurs seront localisés au niveau de cette région, on ne peut que prédire l’ampleur de l’évolution qui aura lieu dans les prochaines années à venir, non seulement au niveau national mais plutôt au niveau continental, avec une large diversité des activités aquacoles, en plus de la diversité des activités connexes.

Il s’agit d’un total de 114 projets sélectionnés dans le cadre de l’appel à manifestation d’intérêt, lancé dans ladite région, auxquels s’ajoutent 100 projets portés par 500 jeunes entrepreneurs issus de la région, dont près de la moitié sont des femmes. Ces projets sont accompagnés par l’ANDA sur plusieurs volets : financier, formation technique, appui et suivi, etc, afin de permettre une meilleure intégration de cette catégorie dans le tissu économique de la région.

Une attention particulière est accordée à cette région afin d’assurer un accompagnement et un appui pluridisciplinaire pour l’installation et l’exploitation des différentes fermes aquacoles, contribuant ainsi à la viabilisation des différents sites productifs ne disposant pas d’infrastructures nécessaires, et à la promotion des opportunités d’investissement aquacole de la région, favorisant de la sorte, la consolidation de tout l’écosystème afférent au secteur aquacole, à l’échelle de la région.

MD : Quels sont les projets actuels et futurs de l’ANDA ?

– M.M : Ayant pour mission de promouvoir le développement de l’aquaculture marine, l’ANDA aspire à construire sur les acquis consolidés et à booster davantage le développement d’un secteur aquacole durable au Maroc en agissant sur les leviers structurants de son écosystème.

Pour atteindre cet objectif, l’ANDA a lancé, depuis sa création, plusieurs chantiers. Elle a, en effet, œuvré pour la réalisation d’une spatialisation du potentiel aquacole à travers des plans d’aménagement aquacole tout au long du littoral national. Ces plans ont permis par la suite d’identifier des espaces favorables à l’activité aquacole marine aussi bien en mer qu’à terre.

A ce jour, 8 plans d’aménagement couvrant 1700 km du littoral national ont été lancés, au niveau de 8 régions du Royaume (l’Oriental, Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Casablanca-Settat, Marrakech-Safi, Souss-Massa, Guelmim-Oued Noun, Laâyoune-Sakia Al Hamra et Dakhla-Oued Eddahab).

Pour la mise en place de ces plans achevés, 13 appels à manifestation d’intérêt ont été lancés par l’ANDA qui a sélectionné 264 projets aquacoles ciblant une production d’environ 165.000 tonnes/an pour un investissement prévisionnel de 2,2 milliards de Dirhams et la création d’un total de 4000 emplois directs.

La région de Dakhla-Oued Eddahab abrite 81% de ces projets, tandis que la part des régions Souss-Massa et Tanger-Tétouan-Al Hoceima est de 13% et celui des régions Oriental, Guelmim-Oued Noun et Casablanca-Settat est de 6%. Du point de vue filière, la conchyliculture représente 56% de la totalité des projets, suivie de l’algoculture (21%), la pisciculture (12%) et la crevetticulture (2%).

Actuellement, l’ANDA compte capter de nouveaux investissements, notamment à travers le lancement d’un Appel à Manifestation d’Intérêt (AMI) pour le développement de projets d’aquaculture dans cinq régions du Maroc. Un AMI adressé aussi bien aux investisseurs nationaux qu’internationaux, intéressés par le développement de projets aquacoles. L’offre ne compte pas moins de 300 parcelles en mer d’une superficie totale d’environ 6 000 ha.

Avec toute la dynamique qui se crée autour de ce secteur qui attire de conséquents investissements privés, l’ANDA œuvrera pour offrir un cadre attractif favorable à l’innovation, à la compétitivité et à l’efficience des fermes aquacoles.

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