Le CNDH présente son rapport sur les « manifestations d’Al-Hoceima »

La présidente du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), Amina Bouayach, a présenté, dimanche à Rabat, le rapport du Conseil sur les « manifestations d’Al-Hoceima« , qui avait été approuvé par l’Assemblée générale du Conseil dans sa deuxième session, avec recommandation de publication.

Lors d’une conférence de presse au siège du Conseil, Mme Bouayach a affirmé que le rapport de 400 pages a été réalisé entre novembre 2019 et mars 2020, notant qu’il vise à fournir une lecture de point de vue des droits humains de ce qui s’était passé au cours des 12 mois de manifestations qu’a connues la province d’Al-Hoceima. Ce document focalise, dans le cadre d’une approche ouverte et transparente, sur les pratiques contraires aux principes de la démocratie et des droits de l’homme que le Conseil a pu recenser, que ce soit auprès des autorités publiques ou des citoyens, a-t-elle précise.

Elle a également fait observer que les manifestations d’Al-Hoceima intervenaient dans un contexte unique et représentaient un événement exceptionnel dans la vie politique, que ce soit de par sa durée, son ampleur ou ses répercussions, soulignant que le Conseil considère que ces manifestations se distinguaient par la teneur de leurs expressions remarquables.

La présidente du CNDH a également ajouté que le Conseil se penche, à travers ce rapport et en détails, sur les allégations de torture et de maltraitance soulevées dans ce dossier, qui a connu de nombreux changements et rebondissements, relevant que le Conseil a tenu à révéler l’ensemble des informations dont il dispose à ce propos.

Le rapport aborde pour la première fois plusieurs questions, notamment celles qui concernent l’analyse des rumeurs et fausses informations, mais également les discours de haine et de violence qui ont surgi en marge de ces manifestations, a relevé Mme Bouayach, notant que l’initiative d’accueil et d’interaction adoptée par le Conseil avec les familles et proches des détenus a permis de mieux saisir les formes et le déroulement des manifestations et des arrestations d’une part, et une meilleure compréhension des méthodes et des voies des protestations et arrestations qui en ont suivi d’autre part, ainsi que le soutien continu des familles des détenus selon la spécificité de chaque cas.

Les témoignages des éléments des forces publiques victimes de blessures ou qui ont souffert de leurs séquelles, ont permis de mettre la lumière sur un angle qui était, jusqu’à ici, inconnu ou ignoré de la part des citoyens, a-t-elle fait remarquer, relevant que cette initiative découle de la nécessité d’évaluer et de mesurer l’ensemble des faits, des allégations ou accusations dans le cadre d’une approche objective, avec une perspective d’égalité entre tout le monde sans distinction de statut, de conviction, d’opinion ou de croyance.

Tout cela, dit Mme Bouayach, afin de braquer les projecteurs, de manière exclusive et sincère, sur toutes les caractéristiques qui ont fait des manifestations d’Al-Hoceima un événement sans précédent dans le contexte des droits de l’Homme au Maroc.

La présidente du CNDH a en outre souligné que lors de la préparation du rapport, toutes les parties prenantes ont été entendues, y compris les familles, les détenus, ainsi que les éléments des forces publiques et les autorités, ajoutant que ce qui s’est déroulé lors des audiences a été également pris en compte et les enregistrements documentés des manifestations ont été consultés.

Le rapport aborde, d’après Mme Bouayach, le début pacifique du « hirak » avant de passer à une autre étape marquée par le recours à la violence, indiquant que des dépassements ont été enregistrés, citant le cas d’un élément des forces publiques qui a subi une invalidité permanente à la suite d’un jet de pierres l’ayant atteint au niveau de la tête, en plus d’incendier le siège de la résidence des forces de sûreté à Imzouren.

De son côté, le secrétaire général du CNDH, Mounir Bensaleh, a affirmé que les réseaux sociaux étaient un acteur majeur dans les manifestations d’Al Hoceima, notant que le Conseil a recensé 302.000 publications concernant les manifestations d’Al-Hoceima, dont plus de 10.000 publications au contenu faux ou erroné.

Le rapport, qui comprend 63 conclusions et 32 recommandations, aborde des axes relatifs à la « chronologie des manifestations du Rif: 28 octobre 2016 – octobre 2017 », « l’atteinte à la liberté de croyance et de culte », « les revendications des manifestations d’Al-Hoceima.. faits et finalités », « les allégations de torture et les cas de violence », « une analyse des publications sur les réseaux sociaux sur les manifestations d’Al-Hoceima » et « l’interaction du Conseil avec les détenus et leurs familles sur fond des manifestations d’Al-Hoceima ».

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