Le conflit en Ukraine porte « un coup sévère » à la reprise économique en Europe

La catastrophe humanitaire en Ukraine fait sentir ses effets dans toute l’Europe, portant un « coup sévère » à la reprise économique en Europe, a indiqué vendredi le Fonds monétaire international (FMI).

Dans un article de blog, le directeur du département Europe du FMI, Alfred Kammer, a expliqué que la guerre en Ukraine a « porté un coupe sévère à la reprise post-COVID en Europe, qui était certes vigoureuse, mais encore partielle« .

« La consommation et l’investissement privés restent bien en deçà des prévisions antérieures à la pandémie, même si les mesures de soutien monétaire et budgétaire ont favorisé un impressionnant redressement de l’emploi qui a pratiquement retrouvé son niveau d’avant la COVID-19« , a fait observer l’expert de l’institution de Bretton Woods.

L’envolée des prix de l’énergie et des produits alimentaires comprime fortement la consommation des ménages et les incertitudes économiques devraient bientôt peser sur l’investissement, a-t-il ajouté.

En outre, a-t-il poursuivi, cette guerre rappelle à l’Europe qu’elle doit déployer plus d’efforts pour renforcer sa sécurité énergétique, tout particulièrement en développant les énergies renouvelables et en gagnant en efficience.

« La guerre constitue un choc d’offre qui fait baisser la production et augmenter les prix« , a averti M. Kammer. De fait, a-t-il fait savoir, l’inflation devrait s’accélérer et atteindre 5,5 % dans les pays avancés et 9,3 % dans les pays européens émergents, hors Russie, Turquie et Ukraine. Ces nouvelles prévisions sont respectivement supérieures de 2,2 points de pourcentage et de 3,5 points de pourcentage à celles publiées en janvier dernier.

La politique monétaire doit trouver un juste équilibre entre, d’une part, la maîtrise de l’inflation et, d’autre part, la nécessité de limiter les pertes de production et de faciliter le redéploiement de la main-d’œuvre et du capital en réponse à ces nouveaux chocs, a soutenu l’auteur du blog.

Les tensions sur les prix tiennent en grande partie à des facteurs sur lesquels les banques centrales n’ont pas de prise, comme les chocs sur les marchés énergétiques et alimentaires et les perturbations des chaînes d’approvisionnement, a-t-il expliqué.

Pour M. Kammer, les autorités monétaires de nombreux pays devraient cependant poursuivre la normalisation des conditions de prêt de façon à contenir les anticipations d’inflation et à ancrer les déterminants intérieurs de l’inflation tels que les salaires et les loyers.

« Pour surmonter les difficultés engendrées par ce choc sur l’offre, il conviendrait de laisser jouer librement les stabilisateurs budgétaires automatiques, par exemple en augmentant les allocations de chômage et en baissant les prélèvements d’impôts« , a-t-il estimé.

Dans ses « Perspectives économiques régionales » publiées cette semaine à l’occasion des Réunions du printemps de la Banque mondiale et du FMI, l’institution financière a revu à la baisse ses perspectives de croissance pour l’Europe.

Ainsi, les taux de croissance respectifs des pays avancés et des pays émergents hors Ukraine et Russie en 2022 ont été abaissés de 1 point de pourcentage et de 1,5 point de pourcentage par rapport aux projections de janvier et s’établissent désormais à 3 % et 2,7 %. Plusieurs grands pays comme l’Allemagne, la France, l’Italie et le Royaume-Uni devraient enregistrer une croissance très faible, voire négative, durant deux trimestres consécutifs cette année. Enfin, l’activité économique devrait se contracter de 8,5 % en Russie et de 35 % en Ukraine.

Avec MAP

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