Le Corps Enchaîné, Comment l’islam contrôle la femme Dernier livre de Mohammed Ennaji

Le dernier livre de Mohammed Ennaji aborde le sujet épineux de la perception de la femme dans les textes religieux. Voici un ouvrage courageux, élégant et érudit qui répond à la question non moins épineuse « qu’en est-il de la femme dans le Coran, l’a-t-il à ce point grandie pour qu’on en fasse autant la louange, ou bien l’a-t-il déconsidérée, et jusqu’à quel point ? ».

À propos du livre

Au-delà du rapport du Coran à la femme qu’on retrouve le long du texte, au-delà de la représentation islamique finement décrite d’un corps féminin diabolisé ainsi que du statut quasi servile de la femme, le livre aborde des questions taboues, se rapportant à l’institution des « mères des croyants ». Il en dévoile les non-dits en décryptant le texte sacré selon une démarche nourrie par les sources les plus autorisées.

Comme le souligne l’introduction « le thème profond de ce livre est la contestation féminine à la naissance de l’islam et la façon dont les textes religieux, Coran et Sunna, l’ont étouffée et ligotée, en un mot enchaînée ».

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Mohammed Ennaji « n’a pas froid aux yeux » dans son approche du sacré, l’expression est de Régis Debray dans sa préface à un autre titre du même auteur. Elle se vérifie à nouveau dans Le corps enchaîné.

Quelques extraits

« Il faut attendre le verset trente-cinq pour voir les femmes (en général, pas uniquement celles du Prophète) mentionnées enfin comme sujets, comme les hommes, mais, là encore, pas au même titre qu’eux, pas dans le même rang. Le verset en question mérite de l’attention. Il ne leur est pas adressé en vérité à elles seules… » Page 26

« Comme souligné plus haut, le Coran est essentiellement masculin dans sa  locution, dans la mesure où il entretient les hommes d’abord et les hommes surtout. Plus encore : il l’est dans son essence. Il va en effet plus loin que le privilège de l’interpellation concédée aux hommes. La femme y est décrétée d’un statut foncièrement inférieur à l’homme. » Page 45

Les trois niveaux susdits se rapportant au corps – servitude, liberté, espace frontalier de bascule – reliés entre eux, posent le problème du corps féminin en islam, au moins sous certains de ses aspects. C’est de ce corps, à couvert et à découvert,  qu’il est question ici. Y aurait-il des corps distincts, celui des femmes libres et celui d’autres femmes qui ne le sont pas? Au-delà du juridique pur, ces corps ont-ils des natures et des existences différentes ou alors s’agit-il, tout compte fait, du même corps, du seul et unique, celui sexuel et social, celui des femmes de toutes conditions, celui de la femme tout court, indépendamment de sa condition? Page 81

À propos de l’ auteur

Mohammed Ennaji, écrivain et historien, est professeur à l’Université Mohamed V, Rabat. Ses ouvrages sur le pouvoir, le religieux, les rapports sociaux, font référence sur le plan international. Parmi ses publications : Le Makhzen et le Souss al-Aqsa, la correspondance politique de la maison d’Iligh (CNRS, 1988), Soldats, domestiques  et concubines (Balland, 1994), L’amitié du prince (Casablanca, 2005), Le sujet et le mamelouk, esclavage et religion dans  le  monde  arabe  (Mille  et  Une  Nuits,  2007), Incursions profanes (Casablanca, 2011), Le fils du prophète (La Croisée des chemins, 2014), Ma page facebook, une quête identitaire (La Croisée des chemins, 2015), L’obélisque du calife (Falia, 2016).

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