Le covoiturage, quand la culture de partage gagne les routes du Maroc

Bien plus qu’une mode éphémère, le covoiturage est en passe de devenir un moyen de transport de prédilection de nombreux Marocains séduits par ses innombrables vertus de flexibilité, de rapidité et de confort. Des atouts exceptionnels qui ont valu à cette tendance un succès retentissant et une ascension rapide parmi les solutions novatrices de transport au Maroc.

Tout neuf au Maroc, expérimenté ailleurs, en France et en Allemagne, ce mode novateur pénétrait en particulier les milieux des jeunes, s’accaparant des segments en quête du confort à des prix abordables. Il s’agit de particuliers au volant qui partagent les frais de leur trajet sur un pied d’égalité, en conformité avec l’éthique de covoiturage, qui bannit toutefois les buts lucratifs.

Le covoiturage marchait sur les pas de « Careem » et « Uber« , des expériences pionnières au cœur d’une révolution 2.0 en douceur, qui doit sa réussite à l’ère numérique. Si le transport urbain a vu son fonctionnement s’aligner rapidement aux nouvelles tendances, l’interurbain accusait peu de retard, jusqu’à l’avènement du concept de covoiturage, qui ne cessait depuis de gagner du terrain face à ses concurrents classiques.

A l’abri des gares et des files d’attentes, les « covoitureurs » se donnent rendez-vous dans des plateformes dédiées sur la toile, où plusieurs groupes font sensation sur les réseaux sociaux. « Nous avons aujourd’hui une magnifique communauté qui adhère au concept du covoiturage au Maroc« , se félicite Hisham, Zouaoui fondateur d’un groupe de covoiturage populaire parmi les jeunes au Maroc, marquant le goût avéré des Marocains au nouveau-né.

Les chiffres livrés par le fondateur à la MAP sont révélateurs sur l’engouement pour ce mode tout frais. Pas moins de 150.000 membres sont inscrits au groupe, dont la majorité l’enrichit régulièrement par des offres et des demandes de covoiturage, atteignant des centaines de publications par jour. Ces dernières donnent lieu souvent à des co-voiturages réussis comme en témoignent les photos des membres qui reflètent le cadre convivial que les covoitureurs se sont livrés pour eux-mêmes.

Reda fait partie de la génération covoiturage: « je fais régulièrement des navettes Casablanca-Safi, souvent le weekend, et j’avais du mal à trouver une place libre dans les moyens traditionnels. Nombreux sont les professionnels qui n’honorent pas leurs engagements de délais et de confort, mais tout a changé à la découverte du covoiturage. Je voyage dans des meilleures conditions tout en payant pareil, voire moins des fois« , se réjouit le trentenaire, en lisant une dizaine de publications pour dénicher un prochain covoiturage vers sa ville natale.

→ Lire aussi : Maroc: Careem signe un protocole d’accord avec deux syndicats de taxis

Le covoiturage, une pratique occidentale à l’origine, se développait timidement aux années quatre-vingt dans des pays comme l’Allemagne, la France et le Canada où l’Internet a largement contribué à l’émergence de cette pratique et facilité le contact entre conducteurs et passagers.

L’essor que connaissent les smartphones actuellement a donné naissance à des applications mobile, rendant encore le covoiturage plus accessible aux internautes. Le Maroc a suscité l’intérêt de nombreux opérateurs phares, à l’instar du pionnier européen « BlaBlaCar » qui propose désormais sur sa plateforme des trajets reliant plusieurs villes marocaines.

Quant aux développeurs locaux, l’application « COCOV » a vu le jour en juin 2017. Disponible en téléchargement gratuit sur « Google Play« , elle offre un service de mise en relation entre conducteurs et passagers au moyen d’un système de messagerie et de contact privé. A ce jour, l’application comptabilise plus de 10.000 téléchargements et introduit des mises à jour régulières afin de rester en phase avec l’évolution du concept de covoiturage.

Les soucis écologiques, qui font surface au monde, poussent les individus à considérer l’environnement dans leurs comportements, y compris leur façon de déplacement via le recours aux moyens de transports émettant moins de CO2. Le covoiturage remplit son rôle dans ce sens, vu l’optimisation conséquente de l’usage des véhicules personnels.

Au-delà des avantages économiques, écologiques et en matière de convivialité et de confort, M.Hisham assure que le covoiturage se démarque également en matière de sécurité. Ainsi, « le comportement des conducteurs est exemplaire grâce à la charte du groupe qui met la conduite responsable au sommet de ses priorités« , a-t-il dit.

De nombreuses voix au sein de la communauté de covoiturage appellent à un cadre juridique adéquat servant à protéger le concept du chaos qui s’est produit dans des expériences similaires. Pourtant, ce vide réglementaire ne semble pas freiner le nouvel arrivant qui a encore de beaux jours devant lui.

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