Le cri de Dr. Zeina El Tibi : « Nous n’abandonnerons pas notre pays »

Lors d’une rencontre organisée le 30 mars 2019, par l’Association des femmes arabes de la presse et de la communication (AFACOM) et la Chaire de l’Institut du monde arabe, à l’occasion de la Journée de la terre de Palestine au Sénat, Dr. Zeina El Tibi, Présidente de l’AFACOM a prononcé une allocution  que vous pouvez lire ci-dessous: 

Je souhaite tout d’abord remercier M. le Sénateur François Grosdidier d’avoir parrainé cette réunion et le sénateur Gilbert Roger, président du Groupe d’amitié France-Palestine, de son soutien.

Je suis également heureuse de cette coopération entre l’Association des femmes arabes de la presse et de la communication et la Chaire de l’Institut du monde arabe.

Nous célébrons aujourd’hui la Journée de la Terre de Palestine يوم الأرض.

C’est un jour de commémoration pour le peuple palestinien. Ce jour  est né de la confiscation des terres par l’occupant israélien, en 1976.

Au fil des ans, cette journée est devenue la protestation des Palestiniens contre la colonisation dont ils sont victimes. Il exprime la volonté des Palestiniens de défendre leur  terre arabe.

Les Palestiniens qui vivent dans les territoires de 1948, ceux des territoires occupés en 1967, ceux de la diaspora, montrent par cette commémoration les liens qui les unissent tous.

Le message de tout le peuple palestinien est le suivant : nous n’abandonnerons pas notre pays.

C’est un phénomène de Résistance.

Et cela dans un contexte particulièrement difficile avec les décisions illégales des États-Unis sur Jérusalem ou le Golan, avec le mur construit par l’État d’Israël, avec  la colonisation qui se poursuit en Cisjordanie, avec les souffrances de la population palestinienne de Gaza, le blocus et la fermeture des frontières dans la bande de Gaza, les lois racistes et discriminatoires contre les Palestiniens en Israël.

Et comment ne pas comprendre la colère du peuple palestinien  devant l’absence de perspectives d’un règlement juste et durable.

Car il faut être clair, seuls les ignorants ou les hypocrites peuvent évoquer un processus de paix qui n’existe pas. Et surtout pas un processus qui serait chapeauté par Washington qui dans cette affaire est tout sauf neutre et objectif. Les États-Unis n’ont jamais été d’honnêtes médiateurs dans le conflit sur la Palestine et ils ont constamment soutenu Israël contre les Palestiniens.

On peut dire que Trump a mis fin à un rôle de médiateur qui n’existait pas. Il n’a pas enterré un processus de paix qui est mort, en novembre 1995, après l’assassinat par des extrémistes sionistes de Yitzhak Rabin, cosignataire des accords d’Oslo avec le président Yasser Arafat.

Pourtant comme disait le président Arafat, les Palestiniens ne demandent pas la lune. Ils demandent simplement la reconnaissance de leurs droits légitimes pour  vivre libres sur leur terre.

Qui faut-il incriminer pour la situation de blocage que nous déplorons aujourd’hui ? Les Israéliens qui sont dirigés par des gens d’extrême-droite et sont en  position de force  ou la communauté internationale qui est d’une lâcheté totale dans cette affaire ?

Après tout c’est la communauté internationale, par l’intermédiaire de l’ONU qui a créé le problème après la seconde guerre mondiale et qui depuis n’a jamais su le gérer.

Elle s’est montrée incapable de faire respecter ses résolutions ;

-que ce soit l’exigence de libérer tous les territoires occupés en 1967 (résolution 242) ;

-que ce soit le statut de Jérusalem. Et sur ce point il faut souligner que les États-Unis violent une fois de plus le droit international. En effet, le congrès des États-Unis a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël en votant le Jerusalem Embassy Act, en octobre 1995. C’est cette loi que Donald Trump a décidé d’appliquer en décembre 2017 au mépris du droit international.

-que ce soit la condamnation de la colonisation,  avec l’intensification des expropriations menées par Israël, la confiscation des terres et l’accaparement des ressources naturelles ;

-que ce soit les atteintes aux droits de l’homme alors qu’aux termes de la résolution 2334 du Conseil de sécurité de 2016. Cette résolution déclare : « Israël, Puissance occupante, est tenu de respecter scrupuleusement ses obligations et responsabilités juridiques découlant de la quatrième Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, en date du 12 août 1949, et rappelant l’avis consultatif rendu le 9 juillet 2004 par la Cour internationale de Justice »

, ou que ce soit encore l’application du principe légal du droit au retour. Le droit au retour est une norme impérative du droit international public, il est précisément posé par l’article 13, alinéa 2, de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 :

« Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays. »

Je rappelle à ce sujet la résolution 194 de décembre 1948  décidait de permettre aux réfugiés qui le désiraient de retourner dans leurs foyers et de vivre en paix avec leurs voisins et à ceux qui décideraient ou ne pourraient pas rentrer d’être indemnisés de leurs biens.

Tel est le  droit   en la matière.

Il est grave que ce droit soit bafoué depuis des décennies car une société internationale sans règles, sans respect du droit, est une société livrée à la loi du plus fort, ce qui est une forme de désordre.

Si nous ne voulons pas que la société internationale soit livrée à cette loi du plus fort, sans aucune règle et en bafouant toutes les normes juridiques, il faut trouver une solution juste et durable à la question palestinienne.

La situation du peuple palestinien est une honte pour notre humanité. C’est donc du ressort de la responsabilité collective de la communauté internationale d’agir.

En attendant le peuple palestinien poursuit son long calvaire, un interminable Golgotha.

Mais le peuple palestinien vit. Le film que nous allons voir, « La terre parle arabe » de Maryse Gargour, montre bien l’attachement des Palestiniens  à leurs racines et à leur terre. Et je dois dire que les femmes sont souvent en première ligne dans son combat pour la survie.

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