Le déficit démocratique de l’ONU

Par Hicham BERJAOUI

 Nombreuses et va­riées sont les crises qui façonnent et, force est de le remarquer, détruisent la planète. En effet, beaucoup de peuples, de part et d’autre dans le monde, revendiquent des régimes politiques plus participatifs, d’une part, et beaucoup d’Etats se dis­putent la souveraineté sur des territoires revêtus d’en­jeux économiques juteux, d’autre part.

Les résultats de ces si­tuations conflictuelles s’in­carnent dans des désastres humanitaires qui remettent en cause la crédibilité voire l’utilité de l’Organisation mondiale, à laquelle l’Hu­manité a délégué la mis­sion de préserver la paix planétaire, en l’occurrence l’Organisation des Nations unies (ONU).

L’ONU garant de paix et de sécurité

Instituée en 1945, l’ONU compte, actuellement, 193 membres, c’est-à-dire la qua­si-totalité des Etats du monde entier. Il est loisible de rappeler que l’idée de créer une organi­sation internationale chargée de réguler les rapports intergouver­nementaux, a été formulée, en 1919, par le Président américain Woodrow WILSON. Celui-ci avait proposé aux Etats gagnants de la Première Guerre mondiale, la création d’une organisation universelle pour empêcher la reproduction des guerres.

La proposition de WILSON s’est concrétisée dans la Société des Nations (SdN). Or, le bilan de celle-ci était insatisfaisant, et la principale manifestation de son échec s’est incarnée dans le 2e Conflit mondial qu’elle n’avait pas pu prévenir.

Les puissances occidentales se sont, donc, rendu compte de l’importance cruciale de réviser les mécanismes institutionnels de la protection de la paix et la sécurité internationales, en vue d’une action plus performante. C’est la raison pour laquelle elles ont créé l’ONU et l’ont do­tée de pouvoirs plus importants que ceux ayant été impartis à sa devancière.

Le fonctionnement de l’ONU se base sur les mécanismes de la sécurité collective qui lui donnent un pouvoir coercitif. Toutefois, les modalités de mise en application de ce pouvoir sont décriées avec récurrence.

Il convient de préciser, d’em­blée, que la Charte de l’ONU, et cela à l’opposé du Pacte de la SdN, interdit formellement le recours à l’arme à l’occasion du règlement des différends inter­nationaux. En effet, cette Charte oblige les Etats à résoudre leurs problèmes par des moyens paci­fiques. L’interdiction formelle du recours à la guerre constitue un apport cardinal de l’édifice onusien. De plus, l’ONU peut édicter des sanctions à l’en­contre des Etats dont le com­portement préjudicie la paix et la sécurité internationales. A cet égard, la Charte autorise le Conseil de sécurité (CS), qui constitue l’organe dirigeant de l’ONU, à engager une action armée contre l’Etat dont les agissements sont attentatoires à la stabilité des relations mon­diales. Malgré tout cela, l’action de l’ONU est constamment cri­tiquée pour ne pas dire éreintée, par plusieurs pays en voie de dé­veloppement.

Que reproche-t-on à l’ONU ?

La critique fréquemment adressée à l’ONU concerne son processus décisionnel dominé par le CS. La Charte de l’ONU octroie les pouvoirs détermi­nants en matière de protection de la paix et de la sécurité in­ternationales au CS. Ce dernier est régenté par les 5 membres permanents et ne donne, par conséquent, qu’un rôle subsi­diaire aux autres membres de l’Organisation. Si l’on se réfère à la Charte, on remarque que l’action coercitive ne peut être déclenchée que par le Conseil, à condition qu’elle soit entéri­née par tous ses membres per­manents.

Outre sa gestion interne ac­cusant un déficit démocratique notoire, l’ONU a été éreintée en Irak, en Syrie, au Liban, en Birmanie, en Afrique et dans d’autres pays où son action se caractérise par une inertie dé­concertante.

L’action de l’ONU, et des institutions relevant de son es­tablishment, se soumet à une conception réaliste des rela­tions internationales dans la mesure où les Etats puissants peuvent transgresser répéti­tivement et impunément les dispositions de la Charte. De ce fait, l’égalité souveraine des Etats, qui est un principe bran­di par la Charte, se transforme, dans les faits, en une chimère juridique.

Il faut reconnaître que l’ONU a besoin d’une réforme substantielle de ses modalités d’action. En propos concis, le fonctionnement actuel de l’ONU correspond aux équi­libres géopolitiques issus de la Seconde Guerre mondiale. Or, aujourd’hui, on sait que de nouveaux Etats tels que l’Al­lemagne, le Japon, le groupe BRICS, exercent des rôles loin d’être secondaires dans les relations internationales. Le monde s’inscrit dans un nou­vel équilibre duquel l’ONU devrait tenir compte et par rap­port auquel elle devrait revisi­ter sa gouvernance, devenue, en l’état actuel, obsolète et al­térée par l’usure du temps tant politique qu’économique.

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