Le général Nezzar, ex-homme fort de l’Algérie, témoigne devant la justice militaire

L’ex-ministre de la Défense et chef d’état-major de l’armée algérienne Khaled Nezzar a quitté libre mardi un tribunal militaire qui l’a entendu comme témoin dans l’enquête pour complot contre l’Etat visant le frère du président déchu Abdelaziz Bouteflika, a rapporté la télévision nationale.

Le général à la retraite Khaled Nezzar a été l’un des principaux artisans en janvier 1992, avec les principaux hauts gradés de l’armée plus tard appelés « janviéristes« , de l’interruption du processus électoral destinée à empêcher la victoires des islamistes aux législatives et qui allait précipiter l’Algérie dans une « décennie noire » de guerre civile.

Sur le site d’information Algérie Patriotique, propriété de son fils Lotfi Nezzar, le général, homme fort de l’Algérie au début des années 1990, confirme sans autre détail avoir été entendu comme témoin dans l’enquête visant Saïd Bouteflika et les ex-chefs des services de renseignements, les généraux Mohamed Mediene dit « Toufik » et Athmane Tartag alias « Bachir« .

Tous trois sont accusés de complots contre l’autorité de l’armée et de l’Etat.

« Khaled Nezzar a témoigné sur ses contacts avec Saïd Bouteflika et la tentative de celui-ci d’imposer l’état d’exception » et sur « une tentative de mettre fin aux fonctions du chef d’état-major de l’armée« , le général Ahmed Gaïd Salah, selon la télévision.

Soutien indéfectible du président Abdelaziz Bouteflika durant 15 ans, le général Gaïd Salah est de facto l’homme fort du pays depuis qu’il a contraint le 2 avril à la démission le chef de l’Etat, confronté après 20 ans à la tête de l’Algérie à un mouvement de contestation inédit.

Fin avril, le général Nezzar avait raconté à Algérie Patriotique avoir rencontré le 7 mars, à la demande de celui-ci, Saïd Bouteflika, « conseiller spécial » du président Bouteflika, qui sollicitait des conseils pour mettre fin à la contestation qui enflait depuis deux semaines contre son frère.

Selon le général Nezzar, Saïd Bouteflika aurait refusé ses suggestions d’un retrait organisé du pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika et menacé d’instaurer « l’état d’urgence ou l’état de siège » en cas de poursuite des manifestations, puis émis l’idée de limoger le chef d’état-major de l’armée avec qui il était en conflit, affirmant craindre d’être arrêté.

« A cet instant, je me suis rendu compte qu’il se comportait comme le seul décideur et que le président en titre était totalement écarté« , avait raconté le général Nezzar à Algérie Patriotique.

Saïd Bouteflika, 61 ans, est depuis plusieurs années accusé d’avoir renforcé ses pouvoirs, au point d’apparaître comme un « président bis« , à mesure que se dégradait la santé de son frère, de 21 ans son aîné et victime en 2013 d’un AVC lui ayant laissé d’importantes séquelles.

Avec AFP

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