Le gouvernement Benkirane entre promesses et réalisations

 

DOSSIER DU MOIS

La « méthode Benkirane dans la gouvernance »

Narjis Rerhaye

journaliste et écrivain

Au-delà de la politique spectacle, Benkirane fait de la gouvernance à la Benkirane.  Il est dans la posture paternaliste. En bon père de famille, il veut gérer les affaires de l’Etat. Il faut ici garder à l’esprit que le pater familias est une figure coutumière des extrémismes.  Staline se présentait volontiers en bon père du peuple. On connaît la suite. La gouvernance selon Benkirane est faite selon des économies de bout de chandelles, de gestion « comme à la maison », d’astuces de la « la ménagère de plus de 50 ans », en plus de quelques larmes (de crocodiles ?) versées devant l’incapacité de changer la misère

Au début, Cette gouvernance a donné à voir un chef de gouvernement pas comme les autres. Un chef de gouvernement qui parle, rit, pleure. Un chef de gouvernement qui s’adresse aux Marocains dans leur langue. Une telle gouvernance est comme un pansement posé sur une fracture…sociale, économique, politique.

Tous ces bons mots, tous ces rires gras ne suffisent pas à réduire les écarts sociaux, à éradiquer la précarité, à trouver des emplois aux jeunes diplômés, à favoriser le pouvoir d’achat

Et puis, il y a ces écarts de langage qui sont la marque de fabrique de M. Abdelilah Benkirane. Sa marque déposée. J’y vois surtout une manière de faire le buzz et de détourner de l’essentiel. Et l’essentiel réside dans l’incapacité de ce gouvernement à apporter des réponses à la crise économique et sociale que vivent les Marocains au quotidien.

Comment se réjouir devant les reculs opérés sous le gouvernement Benkirane ? Pendant 4 ans, en tant que femme et journaliste –et mieux vaut ne pas accumuler ces deux « tares » avec ce gouvernement ultra-conservateur- j’ai eu mal à l’égalité, à la liberté de presse et d’expression. A mes droits de femme et de moitié de la société et à mon droit à lire ce que je veux et regarder le film que je veux. Pendant 4 ans, on a essayé de penser à ma place, de régenter ma vie, de me mettre dans un moule qui n’est pas le mien. Pendant 4 ans, je me suis sentie sous tutelle. Mes rêves de citoyenneté pleine et entière ont été stoppés net.

J’ai du mal à mettre et à faire porter l’habit d’homme d’Etat à M. Benkirane. L’image qu’il renvoie est celle du secrétaire général du principal parti au pouvoir mais qui ne veut pas déplaire à ses ouailles. Un homme d’Etat ne désavoue pas ses ministres du haut de la tribune parlementaire. Un homme d’Etat ne dit pas ne pas être au courant de la répression des enseignants stagiaires. Un homme d’Etat ne fait pas du coup de fil royal un élément de la gouvernemental avec son fameux « le roi m’a dit ». Je vous invite à comparer dans la mesure du comparable Abderrahmane Youssoufi et Abdelilah Benkirane.  A votre avis, qui ne résiste pas à la comparaison ?

Pour un deuxième mandat ? J’ai envie de paraphraser la publicité contre l’alcool au volant et vous répondre : Un Benkirane 1 fois, ça va. Un Benkirane 2 fois, bonjour les dégâts !

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