Le gouvernement Benkirane entre promesses et réalisations

DOSSIER DU MOIS

« La méthode Benkirane dans la gouvernance »

Rajaa KANTAOUI

Spécialiste en communication sensible et de crise

UNE « BETE » POLITIQUE, QUI MAITRISE L’ART ORATOIRE, LE DISCOURS EMBALLANT, AVEC UNE TONALITE DE LEADER RELIGIEUX

Quatre ans après l’arrivée au pouvoir du PJD et à quelques mois des prochaines élections législatives, le mandat d’Abdelilah Benkirane demeure en dessous des promesses et des attentes exprimées en 2011. Nous ne pouvons pas dire si cette gouvernance a constitué un succès ou un échec, puisque nul ne peut nier que le Maroc a réussi sa stabilité grâce à ce gouvernement, bien qu’il n’en soit pas le seul acteur. Cependant, la nouvelle culture démocratique, déclenchée par la constitution de 2011, a été malheureusement tuée dans l’œuf. Il n’y a pas de quoi se réjouir. Il suffit de relever deux causes majeures de l’échec de ce mandat. La régression socio- démocratique et la lourdeur du bilan économique. En effet, le recul démocratique dont témoigne notre pays est de plus en plus considérable : Restriction des champs de liberté, tutelle idéologique sur les moyens de l’Etat (Tv, cinéma, art propre), confrontations de société (Femmes, amazighs, riches, pauvres…), conflits sectoriels manifestes (syndicats, étudiants en médecine, professeurs stagiaires…).

Dans le même élan, le bilan économique contrasté ne peut pas nous laisser indifférents. Rappelons le recul du déficit public, l’explosion de la dette, la destruction de l’emploi dans l’industrie, les records de faillites d’entreprises en 2015, le manque d’opportunisme dans le tourisme, l’offshoring, la colocation (ex, Wolksvagen démarchée par l’Algérie)…

Aussi, depuis le début du mandat, le rôle du Chef de gouvernement est mal habité, Abdelilah Benkirane est grappillé par l’attitude du Chef de parti, ou encore celle du chef religieux…

D’ailleurs, parmi les griefs qui ont été très souvent exprimés à l’égard du chef de gouvernement, nous notons les écarts de langage et d’attitude. Quand bien même nous essaierions de nous convaincre qu’il s’agit d’une méthode érigée en système de gestion politique, l’écart technique demeure flagrant.

Bref, Abdelilah Benkirane adopte un style de communication naïve qu’il essaye d’instaurer auprès du citoyen lambda. C’est un peu comme l’art naïf, sauf qu’il n’y a rien de naïf dans ce qu’il disserte. Les spécialistes de la communication politique peuvent aisément le qualifier d’une « bête » politique, qui maîtrise l’art oratoire, le discours emballant, avec une tonalité de leader religieux. Il suffit d’écouter la rythmique de chef du gouvernement lorsqu’il parle, il s’agit presque d’une «mélodie» de prêche, avec des mots politiques.

Personnellement, ce qui me choque le plus dans le comportement d’Abdelilah Benkirane, c’est qu’il revendique Dieu pour son clan, et le diable pour les autres.Son leitmotiv est usurpé à tout bout de champ. En revanche, je me réjouis de sa sincérité.

Sa stature d’homme d’état dépend du public observateur, car si, pour les Occidentaux, Benkirane constitue le meilleur du pire, c’est-à-dire l’islamisme modéré, pour les Orientaux, il demeure, malencontreusement, le pire du meilleur, tant qu’il prêche la modération de l’islamisme. Bien que les pronostics valent ce qu’ils valent, personnellement, je pense que Benkirane va rempiler. Un autre mandat se profile  dans notre sphère politique.

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