Le gouvernement Benkirane entre promesses et réalisations

DOSSIER DU MOIS

« La méthode Benkirane dans la gouvernance »

Mohamed Abdi

Politologue

 

Gouverner c’est prévoir, et en ce qui concerne le Maroc  c’est souvent pleuvoir. Ces dernières années,  la météorologie à été exceptionnelle. Le secteur agricole a connu une croissance soutenue, impactant l’ensemble de l’économie marocaine. Cette dynamique économique a donné des marges de manœuvres au gouvernement Benkirane. Elle lui a permis surtout  de faire avancer plusieurs dossiers  qui sont – ne l’oublions pas –  restés en souffrance des années durant.

Donc, hormis la dette publique qui s’envole et mérite un examen  précis pour en déceler la trajectoire et la structure,  les principaux indicateurs  macroéconomiques sont au vert. Cependant et malgré ces résultats positifs, le gouvernement Benkirane n’arrive pas à amortir le choc des réalités : Le quotidien des marocains qui triment  et qui bossent dur devient, de plus en plus, difficile.

Au Maroc la montée des inégalités sociales se manifeste par  l’appauvrissement  de la classe moyenne. Or sans  classe moyenne point de développement économique, ni de stabilité politique et sociale. La gouvernance de Abdelilah Benkirane  manque de vision.

L’exercice du pouvoir est difficile, il requiert des convictions et du courage. C’est Hannah Arendt qui, dans son livre  du « Mensonge à la violence », disait que  « le pouvoir correspond à l’aptitude à agir de façon concertée ». Le chef du gouvernement possède toutes  les qualités requises pour faire son job, il jouit même d’une réelle  popularité et de la confiance de S.M. le Roi. Cependant, son mode de gouvernance reste marqué par la moquerie,  les blagues et la mise au pilori de ses adversaires. Une manière de  dire, « je combats donc je suis ». Dans le discours du chef du gouvernement, il ne s’agit pas de combattre les inégalités sociales mais de combattre un « ennemi » qui reste caché, prenant souvent la forme de lutins et de crocodiles. L’antagonisme social, l’égalité des chances et la justice sociale, n’ont pas de place dans la rhétorique de Monsieur Benkirane. Ces paradigmes sont remplacés par La figure de l’ennemi. Il y a dans son discours, pour ainsi dire, une dimension « smithienne » (Carl Smith).

Cet aspect des  choses, on le retrouve chez tous les partis à référentiel religieux. Ce sont des libéraux sur le plan économique et des ultras conservateurs sur le plan sociétal. Ils n’assument pas leur libéralisme . Ils parlent du petit peuple mais en réalité, ils ne peuvent rien pour lui.

En somme, le PJD est devenu un parti de gouvernement, à la faveur du printemps arabe et  d’une réforme constitutionnelle d’envergure, lancée par le Souverain et plébiscitée, en juillet 2011. De ce point de vue, le PJD  jouit à la fois d’une légitimité historique et d’une légitimité électorale. La personnalité de Abdelilah Benkirane  dote le parti d’un rayonnement qui dépasse le poids réel  du parti. Les froides objectivités des chiffres issus de la dernière élection régionale du 4 septembre dernier le démontrent.  Le PJD est arrivé troisième. Sa victoire dans les grandes villes et la personnalité de Benkirane, lui ont permis de bénéficier d’une grande victoire médiatique. Quand on analyse la genèse de ce parti, ses confluents idéologiques, on voit bien que Monsieur Benkirane, qu’on le veuille ou pas,  en reste le moteur et le point d’équilibre.

 

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