Le Maroc entre démons complotistes et « Clochemerle »

Hassan Alaoui

Qu’il fasse beau ou pleuve, c’est toujours la même rengaine ! Sur le même ton, avec les mêmes clichés, cette sinistrose chevillée au corps, ils renient et dénient. Contempteurs du Maroc, ils n’ont de cesse de le critiquer et de le dénigrer, quoiqu’il fasse et dise, car il n’existe à leurs yeux que sous l’angle de la pauvreté, voire de la misère ou même de la mort. Caparaçonnés dans leur habit de pontife sur les hauteurs du jugement sentencieux, rien ni personne ne peut les contredire tant leur certitude d’avoir raison avant et après les autres reste irréductible.

Car, depuis quelques temps, et c’est facile de le voir et de connaître les motivations, une pluie de haine est sans cesse déversée sur les institutions, le gouvernement, le pays et son image. Les réseaux sociaux, libérés de toute responsabilité deviennent les tombereaux d’injures n’épargnant personne,  et au prétexte de respecter de ce qu’on appelle « la liberté d’expression et de parole », on ne doit guère s’indigner et moins encore condamner. Ainsi soit-il, diront quelques folliculaires, la démagogie collée au buste comme un colifichet. Ainsi, s’attaque-t-on à la personne du Roi, à sa famille avec cette obscénité baveuse et cet irrespect qui, en d’autres temps, et à présent en d’autres lieux déclencheraient la plus impitoyable condamnation. Ainsi de cet indigne personnage de Clochemerle , caricature vespasienne de cinéma, plutôt vieille ganache qu’acteur de cinéma, ou d’autres dissimulés derrière l’insulte, l’invective et trempés dans la bassesse qui, la haine vomie, n’ont pas de mots assez vulgaires et assez virulents pour s’en prendre à tout ce qui, en principe, devrait constituer un motif de fierté.

Le Roi lance-t-il avec Macron le TGV marocain, le premier dans toute l’Afrique, les voilà qui bondissent et y voient comme une malédiction ! Même reflexe, inspiré d’une irascible mauvaise foi, comme au temps du lancement de tramway, ou autre grand projet d’infrastructures, ou simplement autre réforme importante. Le ban et l’arrière-ban de ce mouvement de dénigrement se mobilisent, arguments fallacieux dressés, pour inventer les explications unilatérales et les schématismes dérisoires. Pour toutes ces gens, le Maroc n’existe que sous les lampions lugubres, où le soleil ne se lève pas, où les libertés sont étouffées, les droits bafoués et la répression omniprésente. Les maîtres à penser de ce désabusement moral sont bien entendu cachés, dissimulés dans leur posture, détiennent les ficelles de la démagogie, et manipulent les esprits. Oserions-nous leur opposer que le Maroc ne rentre pas dans ce schéma caricatural de catastrophisme, qu’ils nous accableraient d’insultes, genre « suppôt et valet du pouvoir », ou plutôt de cette topologique insulte à leurs yeux de Makhzen… Comme si le Makhzen incarnait le diable, alors que nos propres parents et grands pères – comme les leurs aussi – s’en réclamaient et s’en vantaient même fièrement.

D’aucuns même nous prédisent, avec la certitude de savantissimes oracles, que le Maroc est à-vau-l’eau, trouvant un malin plaisir à noyer crise économique cyclique et désastre de fin du monde, comme si notre pays était le seul sur cette planète à connaître la crise, alors que depuis 2008, elle n’épargne aucune puissance, en Europe, en Amérique, en Afrique, voire dans ce Moyen Orient dont certains regorgent d’or noir et de gaz mais sur lesquels pèsent un nuage d’incertitudes. L’argument de fer qui nous est jeté à la figure comme un masque irréductible est celui de faire de nous des « déconnectés » de la réalité, au motif que nous « ignorons » les conditions économiques et sociales du peuple et que nous ne cédons pas, du moins essayons-nous de ne pas céder au pessimisme en vogue qui est aux sirènes de mauvais augure ce que fut le Déluge à la mémoire de l’humanité : l’immersion sous les flots, la fin du monde tout simplement. Sauf qu’ici, il s’agit d’un océan de calomnies. Comme disait Goya « le sommeil de la raison engendre des monstres » !

Faisant feu de tout bois, les mêmes augures ne s’en tiennent pas à cette honteuse pratique de répandre le faux pour le vrai, ils instrumentalisent évidemment des réalités douloureuses. En effet, de cette réalité des jeunes marocains qui quittent ou veulent quitter le Maroc pour tenter leur vie ailleurs, en Europe notamment et qui seraient 4 sur 10 à vouloir le faire. Chiffre gravissime et déplorable, qui nous fait mal , d’autant que l’Europe ou autre continent qui incarnent aux yeux des jeunes le Mirage traversent de nos jours la pire des crises jamais connue depuis les années trente. Crise économique et sociale, crise morale et civilisationnellle, racisme et antisémitisme, xénophobie, violences et terrorisme …

Oui, la crise frappe les jeunes et moins jeunes, oui le gouvernement semble incapable de nous sortir de l’ornière dans laquelle près de 8 ans de gabegie nous ont plongés, oui qu’il faut aussi réinventer un modèle de coexistence, plus juste et en adéquation avec les besoins réels des populations. Oui, il faut réinventer notre modèle politique pour être à même d’affronter les défis démocratiques. Pour autant, faudrait-il nier que le Maroc est relativement mieux loti que d’autres – à commencer par nos voisins immédiats -, et qu’à force de lui trouver des défauts, de chercher à mettre en exergue davantage les défauts que les qualités, on finit par incruster dans les esprits populaires cette fâcheuse croyance qu’il va mal. On sait, pour l’avoir mesurée souvent, la part de désinformation et d’intox chez les esprits chagrins portés à la surenchère démagogique, ces esprits qui, comme le Mephisto dans Faust de Goethe ont cette négativiste tendance à tout nier : « Je suis l’esprit qui toujours nie… » dit Mephisto ! Nous en sommes là.

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