Le Maroc maintient les subventions malgré la pression sur les finances publiques

Les finances publiques du Maroc subissent une pression sans précédent en raison de l’inflation importée et de son impact sur le coût des subventions de l’État. Mais malgré l’impact des tensions géopolitiques sur le budget de l’Etat, le gouvernement maintient son budget qui a augmenté le financement des services sociaux.

Le Maroc a adopté un modèle de développement ambitieux pour renforcer la compétitivité de l’économie, doubler le PIB par habitant d’ici 2035 et améliorer les services sociaux. La mise en œuvre de ce programme nécessite une approche keynésienne de la part du gouvernement actuel.
La guerre russo-ukrainienne a fait de la réalisation des objectifs du nouveau modèle de développement une bataille difficile avec des perspectives de croissance passant de 3,2 % cette année à 1,7 % au mieux, selon les prévisions du gouvernement.
Les nouvelles pressions inflationnistes créées par les perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales et la flambée des prix des matières premières ont obligé le gouvernement à consentir des efforts supplémentaires en matière de dépenses publiques.
Cette année, le coût du soutien des prix du pain grimperait à 7,320 milliards de dirhams, les subventions au gaz de cuisine passeraient à 22 milliards de dirhams, tandis que les subventions au sucre totalisait 1,4 milliard au cours des quatre premiers mois de cette seule année, a déclaré le ministre chargé du budget Faouzi Lekjaa.

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Pour soutenir le pouvoir d’achat des citoyens et prévenir un impact négatif de la hausse des prix du carburant sur les marchandises, le gouvernement a affecté 1 milliard de dirhams au soutien aux transporteurs professionnels.
Le secteur du tourisme touché par la pandémie a reçu 2 milliards de dirhams du budget de l’État à titre de plan de relance tandis que le secteur agricole frappé par la sécheresse recevra 10 milliards de dirhams.
Mais malgré cet effort de financement, le gouvernement s’attend à ce que ses prévisions de déficit budgétaire restent inchangées à 6,3 %. Lekjaa a déclaré que des recettes fiscales plus élevées compenseraient l’impact de l’augmentation des subventions et des services sociaux.
Les incertitudes créées par un ordre mondial en mutation au son de la guerre en Europe de l’Est ajoutent une pression de mauvais augure concernant l’inflation mondiale et la faible croissance comme une nouvelle normalité à laquelle le Maroc et d’autres pays émergents doivent s’adapter.
Hausse de la dette
Le premier trimestre 2022 est traversé avec beaucoup de difficulté sur le plan économique et social, malgré une grande volonté du gouvernement à maîtriser les équilibres macro-économiques du pays. Jusqu’à la fin de 2022, la dette publique marocaine se sera accrue à environ 960 milliards de dirhams, contre 886 milliards en 2021, selon les données de la Banque mondiale.
En raison notamment de la pandémie de Covid-19, le creusement de la dette est désormais aggravé par la guerre en Europe, ainsi, la dette marocaine prend d’autres dimensions. Mais l’introduction d’un nouveau système de protection sociale, composé d’une assurance chômage, maladie et pension pour les indépendants, ainsi que l’augmentation des dépenses d’armement du pays pèsent également sur le budget de l’État.
Il est peu probable que la tendance s’inverse dans un avenir prévisible, mais plutôt qu’elle s’accélère. Le montant nominal de la dette du Trésor se traduit par un ratio dette/PIB de 80,6%, selon l’AGR (Attijari Global Research), soit une augmentation de 8,3% en un an, après une hausse de 6,5% en 2021, où le ratio était de 75,8%.

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