Le modèle marocain en matière de tolérance et de dialogue religieux mis en avant à Paris

Le modèle marocain en matière de tolérance et de dialogue religieux a été mis en avant lundi dans la capitale française, à l’occasion d’une conférence-débat organisée par l’ambassade du Maroc à Paris autour du thème « Restructuration du champ religieux au Maroc et dialogue interreligieux».

La rencontre, initiée à quelques jours du voyage apostolique de Sa Sainteté le Pape François au Maroc, à l’invitation de SM le Roi, Commandeur des croyants, et qui a connu la participation de MM. Ahmed Abbadi, Secrétaire général de la Rabita Mohammadia des Oulémas, Mohammed Moussaoui, président de l’Union des mosquées de France (UMF), Abderrahim Hafidi, producteur et animateur de l’émission culturelle « Islam » sur la chaîne publique française France2 et Rachid Benzine Islamologue, codirecteur de la collection Islam des lumières aux éditions Albin Michel, a également souligné l’exemplarité du Royaume en matière de dialogue entre les religions et du vivre ensemble.

Introduisant cette rencontre, tenue devant un parterre de journalistes français mais également d’autres nationalités, spécialisés dans l’information religieuse, l’Ambassadeur du Maroc en France, Chakib Benmoussa a tenu à souligner « la singularité » du Maroc, chantre d’un Islam tolérant et modéré.

Dans le domaine religieux, « le Maroc a quelques spécificités », affirmé M. Benmoussa. Déjà dans le préambule de sa Constitution, l’identité nationale est reconnue et la diversité culturelle est considérée comme une richesse et un facteur de cohésion. Le libre exercice du culte est également reconnu et garanti par la Loi fondamentale du pays, a-t-il dit.

Après avoir rappelé que le modèle religieux marocain est fondé sur la Commanderie des Croyants, sur le rite sunnite et le dogme achaarite, l’Ambassadeur a souligné que la Commanderie des croyants est dotée de la légitimité de structurer le champ religieux et de lutter contre tous les courants radicaux. De même qu’au Maroc, la religion reste à l’écart de la politique.

S’agissant du dialogue interreligieux, le Maroc est très actif et engagé en la matière, a indiqué M. Benmoussa, pour qui la prochaine visite papale est « un moment fort pour lutter contre les courants et les visions fanatiques ».

« C’est aussi un moment d’interaction exceptionnelle entre les religions, les peuples et les civilisations », a-t-il considéré.

Pour le Secrétaire Général de la Rabita Mohammadia des Oulémas, le dialogue interreligieux au Maroc est « une longue tradition qui s’inscrit dans la pérennité », rappelant que la présence franciscaine remonte à plus de 800 ans et les églises ont toujours existé depuis un millénaire au Maroc ainsi que les synagogues.

Le dialogue inter-religieux a toujours été « prisé » au Maroc, a-t-il dit, dans une déclaration à la MAP. Comme en témoignent les différents festival (Fès, Agadir, Marrakech…) organisés dans le Royaume, ajoutant que pour le Maroc, le dialogue inter-religieux n’est pas « un luxe », encore moins « de la cosmétique », mais une pratique « fonctionnelle » car elle habilite un meilleur vivre-ensemble.

Pour Rachid Benzine, le Maroc, de par sa tradition, se distingue par « un savoir-faire », qui lui est reconnu, en matière de pluralité et de dialogue inter-religion, soulignant qu’aujourd’hui, le Maroc redevient comme il l’a toujours été, à la faveur du flux migratoire, une terre d’accueil pour les différentes religions.

« Au Maroc, il y a de plus en plus de chrétiens, soit des gens qui ont décidé de s’expatrier, soit des gens qui viennent d’Afrique subsaharienne. Une réalité qui fait que le Maroc, aujourd’hui, devient une terre où il y a différentes religions et où il va falloir vivre en harmonie avec tous ces gens-là », a-t-il dit à la MAP. «Pour le Maroc, c’est une chance de retrouver cette pluralité », a-t-il estimé.

Abderrahim Hafidi, qui est revenu sur l’histoire du dialogue religieux au Maroc, a souligné la singularité du Royaume en matière de dialogue inter-religieux et inter-civilisation, affirmant qu’au Maroc, les débats et les échanges entre les religions n’ont jamais cessé depuis le Protectorat et se sont approfondis après l’indépendance.

Selon lui la visite du Pape est « l’aboutissement politique » qui reconnaît que le Maroc est un modèle de mixité historique, et un pays fondateur du dialogue inter-religieux et islamo-chrétien.

Pour Mohamed Moussaoui, le Maroc a été pionnier en matière de dialogue inter-religieux et la visite du Pape François comme celle historique du Pape Jean Paul II en est la parfaite illustration.

Dans son intervention, lors de cette rencontre, M. Moussaoui a tenu à souligner que la Constitution marocaine garantit l’encadrement religieux de la communauté marocaine de l’étranger, avec obligation pour l’Etat d’y participer notamment financièrement.

Il a évoqué dans ce contexte l’aide à la formation au Maroc d’Imams et de Mourchidates français. Actuellement, une trentaine de jeunes français et françaises sont formés à l’Institut Mohammed VI.

Au cours des débats ayant suivi cette rencontre, marquée par la présence de plusieurs journalistes français mais également d’autres nationalités, l’accent a été mis sur la forte symbolique du voyage papale au Maroc qui constitue « un temps fort », pour le Maroc, pays connu et reconnu pour sa politique d’ouverture et de tolérance, mais aussi pour les chrétiens de plusieurs pays d’Europe et d’Afrique subsaharienne qui se sont installés dans le Royaume.

Les débats ont évoqué aussi la place de la femme en Islam, l’occasion pour Rachid Benzine de souligner que le leadership religieux reste encore très masculin dans toutes les religions, mais que la notion d’égalité commence à tracer son chemin même si elle rencontre des résistances y compris chez les femmes.

Pour Ahmed Abbadi, au Maroc, la question de la parité est garantie par la Loi fondamentale, alors que dans le champ religieux elle est en progression comme en témoigne les femmes adouls, ou encore la nomination d’une femme comme ambassadeur auprès du Vatican.

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