Le nouveau langage de la gauche

Par Gabriel BANON

Depuis que la Droite a inclus le social dans son discours politique, depuis que les entreprises se veulent citoyennes, la Gauche s’est trouvée avec un discours vide de tout élément mobilisateur. Comme l’avait déclaré en son temps, l’ancien président de la République française, Valéry Giscard d’Estaing, la gauche n’avait plus le monopole du cœur.

Alors, repeints en rose ou en vert, ils nous reviennent avec un vocabulaire abscond qui interpelle le chaland. Depuis quelques temps, ils nous parlent de la société « inclusive » en l’opposant à la société « exclusive ». Bien entendu, la société exclusive, sous-entend : une société animée par ces affreux capitalistes, basée sur l’exclusion des handicapés, des minoritaires et des vulnérables. Pour eux, le mérite est à honnir et l’excellence à bannir.

Pour asseoir leur nouvel enrobage des vieilles utopies gauchistes, ils développent des arguments sur lesquels on ne peut qu’être d’accord. Dans ce sens, ils expliquent que la différence entre intégration et inclusion, justifie que le patrimoine commun de l’humanité soit accessible à tous et rappelle que les êtres humains ont en commun la vulnérabilité. On ne peut que souscrire à un tel langage. Mais quel système politique s’arroge l’exclusivité du patrimoine commun de l’humanité ? Aucun.

Une déclaration comme : la société dite « inclusive » s’adapte aux différences de la personne, va au devant de ses besoins afin de lui donner toutes les chances de réussite dans la vie, pourrait simplement se résumer par « l’égalité des chances ». Après, ne peut s’appliquer que la méritocratie.

« L’exclusivité de la norme c’est personne, la diversité c’est tout le monde ». Que c’est bien dit, je propose la rédaction suivante : « l’exclusivité de la norme c’est les personnes méritantes, le libéralisme, la diversité, tout le monde, c’est le collectivisme ». De nos jours, on ne cesse de stigmatiser les Élites. Mais l’absence de hiérarchie, amène le chaos.

On voit bien, dans les quelques municipalités socialistes survivantes en France, que la discrimination idéologique est de règle: « Vous auriez les mêmes droits si vous étiez comme nous». Les iniquités, les catégorisations et les ostracismes ont toujours été l’apanage des partis extrémistes de gauche ou de droite.

L’humanité est une infinité de configurations de vie et une mosaïque d’étrangetés ; il ne suffit pas d’être bien né, encore faut-il mériter la place que l’on se donne. Tout être humain désire se sentir exister, le politique doit lui apporter la réponse par l’équité et la liberté de choix.

L’intégration suggère l’adaptation de l’individu « différent » à un système dit « normal », l’inclusion prône l’inverse. Pour ces croisés de la gauche, c’est la société qui doit s’adapter afin d’accueillir tous les individus, dans leur diversité. Mais une société juste, qu’elle soit exclusive ou inclusive, ne doit laisser personne à l’écart. La bonne gouvernance s’occupe de toutes les classes de la société, y compris les démunis. Pour cela, inutile d’utiliser une phraséologie qui se veut savante.

Les mouvements de la «gauche identitaire», venus des universités américaines, désormais présents en France, menacent l’université et l’esprit républicain qui est censé y régner. Il est plus important que jamais de voir en quoi ce langage éclaire notre avenir politique, afin de pouvoir nous prémunir des dangers qu’il nous réserve.

Le discours de cette gauche « new look » ne repose plus sur les attentes et les intérêts collectifs d’une classe sociale. Il traduit, aujourd’hui, l’indignation de groupes, constitués autour d’une identité de race ou de genre, ayant le sentiment d’être les victimes d’un système de domination. Système auquel ils entendent résister et qu’ils souhaitent détruire. Se défiant du processus électoral et de ses prétendues compromissions, cette gauche, née de la contre-culture des années 60-80, veut s’imposer par une véritable dictature des idées, par une censure soutenue par l’intimidation et la violence.

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