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Le Parlement français installe un groupe d’amitié élargi avec le Maroc

C’est un signal politique, peut-être discret, mais lourd de sens dans le climat actuel : l’Assemblée nationale française a dévoilé, samedi 17 mai, la composition intégrale du groupe d’amitié France–Maroc. Une annonce administrative en apparence, mais qui s’inscrit dans une dynamique bilatérale relancée avec une intensité nouvelle depuis la reconnaissance par Paris de la souveraineté marocaine sur le Sahara.

La publication officielle de cette liste donne corps à une instance qui, bien que sans pouvoir législatif direct, joue un rôle de pont entre les deux rives de la Méditerranée. Avec à sa tête Hélène Laporte, députée du Rassemblement national (RN), et une vice-présidence éclatée entre toutes les nuances de l’hémicycle – de la France insoumise à la droite républicaine en passant par les socialistes et les macronistes – le groupe se présente comme une photographie fidèle de la pluralité française.

Le choix d’Hélène Laporte pour diriger cette structure parlementaire surprend autant qu’il intrigue. Le Rassemblement national, longtemps marginal dans les questions de diplomatie parlementaire, s’installe désormais au centre du dispositif. Mais autour d’elle, les vice-présidences incarnent un équilibre habile entre les camps politiques. De Franck Riester, ancien ministre et proche d’Emmanuel Macron, à Farida Amrani, voix insoumise, en passant par Franck Allisio (RN), Stéphane Hablot (PS) ou encore Naïma Moutchou (Horizons), le message est clair : la relation avec Rabat transcende les clivages partisans.

Ce groupe ne se limite pas à une façade. Il est doté d’un secrétariat actif, animé par des parlementaires de terrain comme Michel Herbillon ou Marietta Karamanli, qui assurent le suivi technique des missions, des auditions et des échanges avec le Maroc. Autour d’eux, une administration parlementaire dédiée veille à la bonne marche des travaux bilatéraux, renforçant la structuration d’une diplomatie d’influence parlementaire que la France maîtrise depuis longtemps.

Le spectre des thématiques traitées est large. Économie, finances publiques, affaires sociales, éducation, culture, diplomatie, défense, écologie… Toutes les commissions permanentes de l’Assemblée nationale sont représentées. De Géraldine Grangier (RN) à David Amiel (Ensemble), de Fanny Dombre Coste (PS) à Céline Calvez (Ensemble), les parlementaires engagés sur ce dossier couvrent l’ensemble des champs où les intérêts franco-marocains se croisent : investissements, sécurité, formation, coopération culturelle, et plus encore.

Le groupe d’amitié n’a pas vocation à légiférer. Son pouvoir est ailleurs : dans la diplomatie informelle, dans la capacité à ouvrir des canaux de dialogue, à accompagner les grandes inflexions diplomatiques, à entretenir les liens humains et institutionnels entre Paris et Rabat. Les membres du groupe s’engagent dans des déplacements officiels, des missions d’observation électorale, des réceptions ou encore des échanges avec les autorités marocaines, autant de gestes qui cimentent une relation bilatérale en profondeur.

La diversité géographique des membres du groupe – de la Réunion à Mayotte, de la Corse à la Normandie – illustre aussi cette volonté d’impliquer toutes les strates du territoire français dans une relation qui ne se limite plus à Paris et Rabat, mais irrigue désormais les régions, les collectivités, et les diasporas.

Souffle d’une nouvelle ère

Cette réactivation du groupe intervient dans un contexte où les relations franco-marocaines connaissent un regain d’intensité sans précédent. Après une phase de crispations diplomatiques, Paris a franchi un cap historique en actant, dans les faits, sa reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara. Une évolution saluée à Rabat comme une victoire stratégique majeure et qui redonne une perspective nouvelle à l’ensemble du partenariat bilatéral.

Le Maroc, désormais conforté par une dynamique internationale favorable – après les positions américaines, espagnoles, allemandes ou encore néerlandaises –, voit dans cette recomposition parlementaire un signal supplémentaire que Paris, malgré les turbulences passées, mise sur la continuité et la relance du dialogue.

Reste à voir comment ce groupe transformera cette dynamique en actes concrets. Les enjeux sont nombreux : sécurisation des investissements français au Maroc, accompagnement des transitions économiques et écologiques, coopération sécuritaire face aux défis sahéliens et méditerranéens, ou encore soutien à la mobilité académique et culturelle.

Dans les coulisses du Quai d’Orsay comme à l’Élysée, cette structuration parlementaire est perçue comme une caisse de résonance utile. Elle permet d’ancrer la relation dans une diplomatie des territoires, moins exposée aux aléas diplomatiques de court terme, et capable de tisser des liens durables avec les acteurs marocains, qu’ils soient institutionnels, économiques ou associatifs.

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