Le point sur la crise au Venezuela

Par Saad Bouzrou

Le Venezuela est impliqué dans une crise politique sans précédent. Elle intervient après que le chef de l’opposition, Juan Guaido, s’est déclaré « président par intérim » du pays.

Aux côtés de plusieurs autres pays, les États-Unis ont immédiatement reconnu Guaido en tant que président légitime du pays d’Amérique latine, renforçant ainsi la pression sur Nicolas Maduro. Ce dauphin d’Hugo Chavez a poussé le pays riche en pétrole, mais pauvre en fonds d’argent, vers un territoire plongé dans les tensions politiques sociales.

Pourquoi cette crise est-elle si compliquée ?

Les troubles croissants au Venezuela font suite à des années de mauvaise gestion économique, de répression et de corruption. Des millions de personnes ont été chassées du pays en raison de l’hyperinflation et de graves pénuries de produits de première nécessité, tels que des produits alimentaires et des médicaments.

Au début du mois de décembre 2019, le Vénézuélien Maduro a été investi pour un second mandat. Son élection a été entachée par un boycott de l’opposition et par des accusations de fraude électorale. Les résultats ont donc provoqué une nouvelle vague de manifestations meurtrières contre le gouvernement.

Le président Nicolas Maduro brandit un drapeau vénézuélien à Caracas, le 23 janvier. (Source : AFP)

Guaido, président de l’Assemblée nationale du Venezuela, a voulu le remplacer le 23 janvier 2019 et s’est désigné président par intérim.

Une situation inextricable

La revendication de Guaido à la présidence est une première, en grande partie parce qu’il a été reconnu comme légitime à l’étranger. Cela signifie que le Venezuela s’est retrouvé dans une situation où le pays est tiraillé entre une opposition reconnue sur le plan international – sans aucun contrôle sur les appareils de l’État – parallèlement à un gouvernement de Maduro qui dispose des fonctions régaliennes de l’Etat.

Cette dichotomie a poussé l’administration du président Donald Trump à annoncer qu’elle sanctionnerait la compagnie pétrolière publique du Venezuela.

 « Le pari est audacieux, car les États-Unis ont joué leur carte la plus solide et sont maintenant hors des options non militaires contre le Venezuela », a déclaré Fernando Freijedo, analyste pour l’Amérique latine à l’Economist Intelligence Unit.

« Nous nous attendions à ce que les Etats-Unis continuent jusqu’aux sanctions économiques en tant que moyen de renforcer la pression sur le régime … Cependant, le recours à la force militaire semble toujours peu probable, car cela entraînerait presque certainement des coûts en termes de légitimité pour les Etats-Unis et pour l’opposition » a déclaré Freijedo.

Qui soutient encore Maduro ?

La communauté internationale n’est pas unie derrière Guaido. Ceux qui soutiennent encore formellement la présidence de Maduro sont : La Chine, l’Iran, la Russie, la Turquie, le Cuba, la Bolivie et le Nicaragua.

Moises Naim, un ancien ministre vénézuélien qui fait maintenant partie du Carnegie Endowment for International Peace, a déclaré via Twitter à la fin de la semaine dernière que ce groupe devrait être appelé « l’alliance des autocrates ».

« Nous voyons la Chine peu disposée à miser sur ses liens avec les Etats-Unis et risquer de détériorer ses relations au beau milieu des négociations commerciales. De même, nous considérons que la Russie est plus intéressée par le traitement de ses propres sanctions et, contrairement à la Chine, financièrement incapable de financer le régime vénézuélien », a-t-il dit.

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