Le premier ministre belge démissionne

Saad Bouzrou

Dix jours après avoir perdu le soutien des ministres nationalistes flamands, Charles Michel a tenté mardi, en vain, une opération séduction devant les députés belges. Face à la menace d’une motion de censure, le premier ministre a préféré présenter sa démission.

«Mon appel n’a pas été entendu. Je prends donc la décision de présenter ma démission et mon intention est de me rendre chez le roi immédiatement», a déclaré Charles Michel depuis le Parlement, 10 jours après le départ des ministres flamands qui s’opposaient à ce que la Belgique soutienne le pacte mondial de l’ONU sur les migrations.

Le premier ministre belge a fait appel à l’opposition pour le soutenir jusqu’au bout, sur plusieurs questions-clés, pour permettre au gouvernement de continuer son travail. Un appel qui « n’a pas été entendu », a regretté le Premier ministre à l’issue d’une suspension de séance, au moment où écologistes et socialistes annonçaient le dépôt d’une motion de censure visant à le faire tomber.

→ Lire aussi : Crise au gouvernement belge : Nomination de nouveaux ministres après le départ des nationalistes flamands

Plus tard, après une rencontre avec le roi Philippe, celui-ci communique une lettre dans laquelle il annonçait tenir « sa décision en suspens ». A ce stade, la démission de Charles Michel n’est ni acceptée, ni refusée. Le roi Philippe est obligé de prendre l’avis de tous les chefs de partis politiques belges à compter de ce mercredi matin. En effet, le roi pourrait accepter cette démission, ce qui ouvrirait une période dite d’ «affaires courantes » sous la conduite de Charles Michel, jusqu’aux élections législatives programmées pour le 26 mai, dans cinq mois donc.

Depuis le 9 décembre, Charles Michel était à la tête d’un gouvernement privé de majorité à la chambre des députés. Le parti flamand, avait mis certaines conditions pour continuer à soutenir le gouvernement belge et à voter le projet de budget 2019. Mais ces conditions ont été réfutées par le Premier ministre. « J’ai constaté qu’il y avait des conditions nouvelles qui menaçaient de lancer le pays dans une fuite en avant confédérale et des élections anticipées. Nous n’avons pas accepté ces conditions. Le trait est tiré », a-t-il déclaré mardi après-midi devant les députés.

Charles Michel a perdu le soutien de la N-VA, première force politique avec 31 députés sur un total de 150, la veille de son déplacement à Marrakech le 10 décembre dernier pour signer le pacte sur les migrations. Ce texte n’a pas été accepté par les nationalistes flamands qui estiment qu’il ouvre le chemin à une perte de souveraineté en matière de politique migratoire, malgré son caractère non contraignant.

Le Royaume de Belgique est coutumier des crises gouvernementales. Entre mi-2010 et décembre 2011, le pays et ses 11 millions d’habitants ont connu une absence de gouvernement de 541 jours.

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