Le religieux en mouvement et nos regards croisés

L’évolution du religieux contemporain à travers une lecture de regards croisés, confirme une certaine jonction concernant la complexité de ce processus en changement constant. Or, le rapport ente le religieux et la modernité est très complexe puisque le religieux ne cesse pas de changer de statut, car tout simplement l’écart et la position qui sont entretenus à l’égard de la religion se modifient d’une génération à une autre.

Ces regards croisés portant sur la religion à l’entrée dans la modernité s’accordent sur l’existence d’une certaine rupture. D’abord, par exemple, ce qui s’est passé se joue dans les mécanismes qui articulent désirer, croire et agir. Or, la lecture du passé, c’est avoir un rapport à un absent déjà construit, ordonné et classé. Autrement dit, comprendre l’entrée du religieux dans la modernité, c’est demander aux phénomènes religieux de l’époque autre chose que ce qu’ils ont voulu dire. Ce changement ne concerne pas uniquement les choses qui changent sans doute, mais c’est notre regard qui les observe qui a changé aussi.

Par ailleurs, à partir d’un autre angle de vision dont l’intérêt pour la religion est étroitement lié au politique, l’humain est à la fois, le produit et le producteur de l’histoire. En d’autres mots, la combinaison des divers éléments produits par la religion est un processus évolutif orienté vers l’avènement historique du sujet. Cependant, cette entrée de la religion dans la modernité se présente moins comme rupture. Il s’agit de formes qui entraînent des effets de rupture mais trouvent davantage leur explication dans la nature politique même du religieux que dans l’examen des coupures qu’elles causent. Toutefois, la sortie de la religion est une sorte d’incapacité de celle-ci à structurer la politique et la société et non comme la disparition du religieux compris comme une conviction des individus.

Néanmoins, si on change de position à l’égard de ce religieux contemporain, nous pouvons proposer une vision fondée sur trois moments distincts du rapport à la religion. D’abord, la sortie de la religion de l’espace public avec son cortège de conséquences telles que la séparation de l’institution religieuse et de l’État, notamment en occident. Ensuite, un deuxième sens qui vise un phénomène interne à l’institution religieuse, à savoir la chute de la pratique religieuse et le taux d’abandon de la croyance dans certaines sociétés. Finalement, un troisième sens qui porte sur les changements dans les conditions de l’expérience humaine qui sont aussi celles qui constituent les conditions du croire.

À travers ces trois regards croisés, nous pouvons déduire clairement cette évolution complexe du religieux concernant son entrée dans la modernisation. Ce religieux, qui reste toujours présent mais sous des formalités diverses (sociologiques, politiques, économiques…), fonctionne mais dissocié de ses référents traditionnels. Cette transformation est une sorte de résistance constante qui a permis un changement abstrus du rôle social de la religion et non pas la fin de la croyance religieuse.

Moulay Hicham Mouatadid, politologue, écrivain et chercheur en études des politiques publiques et internationales – Canada (Université de Sherbrooke).

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