Le « terrorisme », la nouvelle arme fatale du régime algérien contre le hirak

Le régime algérien a officiellement institutionnalisé l’utilisation du terrorisme comme argument juridique et politique dans sa répression menée à l’encontre des protestations populaires en faveur du changement démocratique, a dénoncé le média « Algeriepartplus ».

Il fait état dans ce sens de la publication dans la dernière édition du Journal Officiel d’une nouvelle ordonnance, signée par le président Abdelmadjid Tebboune, qui permet aujourd’hui aux autorités judiciaires algériennes de redéfinir la notion d’acte terroriste.

Désormais, le militantisme et l’activisme politique pacifique contre le système de gouvernance en Algérie est criminalisé par le pouvoir en place arguant un caractère non constitutionnel qui demeure opaque et obscur puisqu’il impose un cadre réglementaire à toute activité politique d’opposition sans faire preuve d’impartialité dans la jurisprudence en matière de libertés publiques et civiles, commente-t-il.

Pis encore, ce nouveau amendement du code pénal algérien permet aux autorités politiques et judiciaires d’établir une « liste nationale des personnes et entités qui sont classifiés « personnes terroristes » ou « entités terroristes » par la commission de classification, détaille-t-il.

Mais comment va fonctionner concrètement cette commission de classification des personnes et entités terroristes ? Qui va la contrôler ? Quels sont les critères réels et factuels qui permettent de qualifier une personne de « terroriste » ou une mouvance « d’organisation terroriste » ? se demande-t-il, relevant qu’à ces questions, le nouveau amendement du code pénal algérien n’apporte aucune réponse.

Il explique que le nouvel amendement se contente uniquement de préciser qu' »aucune personne ou entité, n’est inscrite sur la liste mentionnée au présent article, que si elle fait l’objet d’enquête préliminaire, de poursuite pénale, ou dont la culpabilité est déclarée par un jugement ou un arrêt ».

Ainsi, il suffit qu’un service de sécurité considère un citoyen algérien comme terroriste ou qu’un tribunal le déclare comme terroriste, et il sera inscrit sur cette liste nationale des personnes terroristes, dénonce l’auteur de l’article, ajoutant qu’au regard du fonctionnement très maladroit et du manque criant de professionnalisme des tribunaux algériens, il est fort à craindre que n’importe quel opposant peut se retrouver ainsi accusé de « terrorisme « .

Selon lui, cette nouvelle ordonnance signée par Abdelmadjid Tebboune a indiqué aussi qu’il est  » entendu par entité au sens du présent article, toute association, corps, groupe ou organisation, quelle que soit leur forme ou dénomination, dont le but ou les activités tombent sous le coup des dispositions de l’article 87 bis de ce code ».

Il explique que pas besoin donc d’être un parti politique normalement constitué ou une organisation partisane et idéologique pour être poursuivi de « terrorisme » en Algérie, estimant qu’un simple collectif citoyen, qui déplait au régime algérien et qui défend le changement de « système de gouvernance » dans le pays, peut être accusé de promouvoir le « terrorisme ».

Tout en qualifiant ce texte d’ »inédit », le média indique qu’en réalité, « aujourd’hui on peut être terroriste en Algérie, demain on peut devenir un politicien respectable », ajoutant que voilà le message qui se dégage de cet amendement totalement incompréhensible et qui suscite une énorme polémique dans le milieu des juristes et défenseurs des Droits de l’Homme en Algérie.

(Avec MAP)

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