Le tweet de Donald Trump 

Par Riyad BERRAIDA

Rappelez-vous, un tweet a perturbé l’échiquier politique de l’Afrique du Nord grâce à un statut du président Trump qui a permis au Maroc de damer son pion dans le territoire des autres parties.

En effet, c’est la première fois dans l’histoire des Etats-unis qu’un président américain signe un décret présidentiel pour reconnaître la marocanité du Sahara et mettre fin à ce conflit orchestré et monté de toutes pièces, causant ainsi une perte de 2% à 3 % de PIB pour toute la région, soit l’équivalent de milliers de postes d’emplois pour les citoyens maghrébins qui payent cher l’ignorance de la sphère politique des autres parties, du chemin de la sagesse et de la maturité.

Dans l’histoire des Etats-Unis, l’entrée en vigueur du premier décret présidentiel remonte à 1789, sous la présidence de Mr Jorge Washington. Après cette date, des centaines de décrets ont vu le jour dans différents mandats présidentiels. Il faut savoir qu’un décret présidentiel se caractérise par un circuit d’approbation différent des autres lois. Il n’est pas soumis au vote du Congrès, mais d’un point de vue juridique, il a la même force probante d’une loi votée par cette institution.
Le décret reconnaissant la souveraineté du Maroc sur le Sahara a exacerbé la situation délicate des autres parties qui sont restées bouche bée devant les épisodes du succès diplomatique de notre pays, après l’ouverture de presqu’une vingtaine de consulats dans les villes de Laayoune et Dakhla, puis l’ouverture du passage de Guerguarat. Et cerise sur le gâteau, la reconnaissance officielle de la marocanité du Sahara par la première puissance mondiale.
Cet exploit diplomatique vient couronner un travail colossal qui a été fait sous la conduite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et l’implication de tous les citoyens marocains qui ne cessent d’exprimer leur volonté de se battre bec et ongles pour l’intégrité territoriale de notre pays. Ledit travail va défiler devant nous le tapis rouge pour emprunter le chemin irréversible vers une solution finale de cette problématique artificielle.
Toutefois, les points gagnés de ce round  ne devraient pas nous pousser à baisser la garde étant donné qu’aux Etats-Unis, les élections dans les provinces de l’Arizona et Chicago n’ont pas encore rendu le résultat de leurs urnes. Et en cas de victoire des démocrates, l’orientation politique du Congrès sera dominée par un courant politique qui n’était pas en parfaite harmonie avec nos intérêts dans le passé, aussi, faut-il rappeler que le nouveau président Joe Biden a exprimé, à plusieurs reprises, sa volonté de changer la trajectoire de son prédécesseur sur plusieurs sujets, notamment, l’accord de Paris, en 2015, pour l’environnement. Ceci dit, il faut garder un œil sur la stratégie offensive des autres parties, qui sont capables d’utiliser toutes les méthodes, même celles qui ne sont pas orthodoxes pour parvenir à leur fin.

Par ailleurs, dans les relations internationales, les Nations unies est l’unique institution habilitée légitimement à statuer sur les conflits internationaux, et jusqu’à aujourd’hui elle n’a pas encore dit son mot sur ce sujet. Donc il faut continuer à travailler avec la même cadence et le même rythme, jusqu’à une sortie officielle d’une décision qui va donner à César ce qui appartient à César.

Il ne faut pas oublier que le Conseil de sécurité contient d’autres pays qui ont leur mot à dire dans l’échiquier politique mondial. Ils jouissent du droit au veto et ne cherchent que leurs propres intérêts dans toute sorte de conflit.

Prenons le cas de la Russie, durant la période de 2015 à 2020, elle a conclu des contrats d’armement estimés à 15 milliards de dollars avec le gouvernement algérien. Donc une solution définitive au conflit du Sahara marocain est synonyme d’une perte d’un pactole de milliards de dollars pour elle, ainsi il ne faut pas s’étonner si demain elle fait preuve d’une résistance farouche à une solution en notre faveur.
Par ailleurs, le gouvernement américain a exprimé sa volonté d’ouvrir un consulat dans la ville de Dakhla et d’investir dans la région du Sud qui ne cesse d’attirer les investisseurs américains. Prenons le cas du projet Power Africa lancé par l’ex-président américain Barack Obama,  dont l’enveloppe budgétaire était de l’ordre de 16 milliards de dollars et qui avait pour but de construire une ligne d’énergie avec l’Europe. Ledit projet avait choisi le Maroc de par son expérience dans le domaine des énergies renouvelables, et son expertise en matière de l’arsenal juridique y afférent.
Cette ambition économique de l’oncle Sam en Afrique déplaît catégoriquement au dragon chinois, obsédé par son projet pharaonique « La route de la soie« . En effet, une présence américaine sur le sol du Sahara marocain pourrait lui emboîter le pas et bloquer ses intérêts économiques dans la région.
Je ne suis pas pessimiste mais j’essaie d’être réaliste. Je préfère regarder le verre à moitié vide et ne crier Eurêka qu’en cas d’un verdict définitif de la part des Nations Unies.
L’échiquier politique mondial est plein de pions qui ont toute sorte d’intérêts. Leurs mouvements sont imprévisibles, dynamiques et peuvent changer à tout moment. Les best practices dans les relations internationales nous disent qu’il faut maintenir la garde, mettre le plein des cartouches, être capable de changer l’arme d’épaule pour pouvoir  frapper rapidement là où il fait mal.

Par ailleurs, dernièrement on parlait d’ouverture des relations entre le Maroc et Israël, alors qu’en réalité, les deux pays entretiennent des relations depuis bien longtemps et Israël avait un bureau de communication à Rabat. Ledit bureau a été fermé dans les années 2000 à cause des agissements de l’Etat hébreu envers le peuple palestinien, ce qui a poussé Rabat à mettre fin aux relations avec ce pays.

En effet, les relations internationales ne sont pas statiques, elles changent de forme et de fond selon les exigences et les contraintes de chaque période. Si les liens avec ce pays ont été coupés en 2000 cela ne veut pas dire qu’ils seront coupés éternellement.
La communauté juive existe au Maroc depuis 2000 ans, elle vivait en harmonie dans les quartiers de Mellah, dans plusieurs villes marocaines comme Essaouira, Fès , Safi, entretenait des relations magnifiques avec ses concitoyens musulmans, échangeait avec elle les coutumes et les traditions au profit et bénéfice de la richesse culturelle de notre pays, comme l’atteste le préambule de la constitution de 2011.

Notre beau pays a été toujours considéré comme une mosaïque de culture, arabe, berbère et juive, les trois cultures ont tissé des liens culturels, ont cohabité toutes ensemble et ont fait de nous ce qu’on est aujourd’hui.
La Communauté juive marocaine jouit d’une attention particulière de la part de notre souverain qui a donné ses Hautes instructions pour la restauration des lieux de culte, pour la protection de leur patrimoine culturel et pour une cohabitation harmonieuse avec leurs frères arabes et berbères.
Le changement de canal de communication arabo-israélien pourrait contribuer à la création d’un terrain d’entente entre les parties prenantes, et pousser le conflit palestinien vers une résolution définitive, et dans les plus mauvais des scénarios, la situation ne pourrait pas être pire que celle d’aujourd’hui, en statu quo depuis des décennies.

Dans sa déclaration, il y a quelques jours, l’ambassadeur belge israélien, Emanuel Nacho a exprimé sa joie concernant le nouveau sang injecté dans les relations maroco-israéliennes puisque, selon lui, le Maroc va permettre de mieux comprendre le monde arabo musulman. Ce qui constitue un coup de pouce vers une fin de ce conflit.

En guise de conclusion, le Maroc a toujours soutenu la cause palestinienne, il maintient la même position et condamne catégoriquement toute action de colonisation de la terre palestinienne, et ces positions sont indiscutables et éternelles.

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