L’école, sanctuaire de la violence: La délinquance juvénile, une responsabilité partagée

Ces derniers temps, la question de la délinquance fait objet de diligence, d’attention, d’inquiétude et de protestation. Dans son rapport de 2015-2016 «Les prisonniers et les prisons, une épreuve pour la société…!», l’Observatoire marocain des prisons (OMP) estime que le nombre de détenus mineurs est fixé à 1.605 au niveau national.

Une donnée très révélatrice qui nous pousse, d’ailleurs, à nous poser moult questions : Comment expliquer un nombre si élevé de jeunes contrevenants à la loi ? À qui incombe la responsabilité de la délinquance juvénile ? Comment y pallier ? Nombreuses sont les causes de la délinquance juvénile. S’amuser à les énoncer ne mènerait à rien, c’est pourquoi il est plus judicieux de trouver des liens entre elles afin d’arriver à une conclusion claire.

Aujourd’hui, les médias et les réseaux sociaux véhiculent, de plus en plus, de faits divers ayant trait à la délinquance juvénile et ont tendance, malheureusement, à faire porter le chapeau, d’emblée, aux jeunes. Ce qui est déplorable, c’est qu’ils ne cherchent pas à se mettre dans leur peau, à chercher à comprendre pour quelles raisons ceux-là ont commis tel délit ou tel crime. Ce regard de la société constitue en soi un jugement plus grave dans certains cas que celui rendu par le juge, quand bien même il ne serait pas encore connu. D’ailleurs, il pousse, par la suite, ces mêmes jeunes à récidiver. Toutefois, le premier responsable de la délinquance juvénile n’est pas tant la société que l’État dans toutes ses composantes. En effet, aujourd’hui, personne n’est sans savoir que l’école publique marocaine est dans un piteux état.

Surpopulation étudiante, vétusté des établissements scolaires, mauvaise qualité de scolarité, rareté ou même inexistence d’outils de travail, etc… caractérisent l’école publique. Dans une pareille situation calamiteuse, comment s’assurer que les jeunes croissent normalement et sans problèmes ? Par ailleurs, il y a lieu de souligner la participation des professeurs à la formation de ces «bombes à retardement». En effet, les enseignants entretiennent, généralement, une relation de suprématie opprimante avec leurs élèves qui sont déjà réprimés par leur situation économique et sociale, ce qui mène ceux-ci à opérer des violences verbales et parfois même physiques à l’encontre de leurs professeurs. D’un autre côté, le capitalisme mondialisé et cannibale fait qu’un jeune et ses parents ont d’importantes chances de se retrouver pris dans le cercle vicieux de la délinquance et de la criminalité.

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En effet, il y a nécessité de décortiquer le lien entre le développement économique et le système carcéral. Les manufactures et les délocalisations opérées par les multinationales pour maximiser leurs profits cantonnent les travailleurs bon marché dans une situation économique regrettable. Ceux-là ne peuvent tenir tête ni répliquer, au risque de perdre leur travail. Par conséquent, les retombées sur l’éducation, la santé et d’autres services sociaux sont conséquentes. Ainsi, le risque de se retrouver en prison devient trop élevé ! En d’autres termes, comme l’a si bien dit la militante des droits de l’Homme, Angela Davis, «la prison est devenue une sorte de trou noir dans lequel sont déposés les détritus du capitalisme contemporain» (1).

En somme, il paraît que les jeunes contrevenants à la loi ne sont pas les seuls responsables de leurs actes délictueux et criminels. Nous le sommes tous, qu’on le veuille ou non. Alors, en vue de résoudre le phénomène de la délinquance juvénile, et de la criminalité en général, il y a urgence à moderniser notre Code pénal, qui lui-même prend part à la prolifération de ce phénomène, et à dépénaliser certains actes. Au moins, en faisant ce pas en avant, le regard de la société s’étiolera.

(1) Angela Davis, La prison est-elle obsolète ?

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