Légalisation de l’avortement : A quand une loi au Maroc ?

Par Khadija Skalli

Six personnes, dont deux médecins et un pilote de ligne, ont été arrêtés à Marrakech. Ils sont accusés d’avoir pratiqué d’une manière clandestine l’avortement. Cette affaire remet sur la table la problématique de la légalisation de l’avortement au Maroc, qui accuse un retard.

Un réseau d’avortement clandestin de six personnes, dont deux médecins et un pilote de ligne, a été démantelé à Marrakech. Les interpelés seront jugées le 24 mai, rapportent des médias confrères. « Deux internes en médecine, un étudiant en médecine et un pilote qui importait d’Espagne un anti-inflammatoire souvent utilisé par des femmes souhaitant avorter, font notamment partie des personnes jugées », indique Omar Arbib, membre de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH), dans une déclaration à l’AFP.

Ces opérations étaient pratiquées dans un appartement à Marrakech et chaque intervention était facturée environ 3.000 DH, selon la même source.

Cette affaire remet sur la table la problématique des avortements clandestins au Maroc. Un grand débat a été ouvert en 2014 pour l’assouplissement de la pénalisation de l’interruption volontaire de grossesse dans le pays. Le sujet a suscité une vive polémique entre les opposants et les fervents défenseurs de la libéralisation de l’avortement. La controverse a pris une grande ampleur qui a nécessité l’intervention de SM Le Roi Mohammed VI. Le Souverain a donné ses instructions pour apporter des amendements à l’article 453 du code pénal lié à l’avortement. Une commission a été mise en place à cette fin.

Un projet de loi autorisant la pratique de l’avortement dans certains cas de force majeur à savoir le viol, l’inceste ou malformation très grave du fœtus, a été initié. Il a été adopté par le Gouvernement en 2016. Toutefois, ce texte de loi peine à franchir le cap du Parlement. Pis encore ! Il n’a pas encore fait l’objet de discussion au sein de l’hémicycle. Depuis, le texte de loi est passé aux oubliettes.

Des interrogations s’imposent : Pourquoi ce silence radio sur ce projet de loi alors que la situation est urgente ?  S’agit-il d’un simple retard dans le processus d’adoption législatif ou d’un manque de volonté politique pour faire aboutir ce projet, en souffrance depuis trois ans ?

Les chiffres de l’Association marocaine de planification familiale (AMPF) sont éloquents. Entre 600 et 800 avortements clandestins sont pratiqués chaque jour. Avec toutes les conséquences mortelles qu’engendrent ces opérations illégales.

On ne peut plus se voiler la face.

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