Légalisation de l’avortement : L’AMLAC manifeste devant le Parlement

Propos recueillis par Yasmine El Khamlichi

L’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin (AMLAC) revient à la charge. Elle organise aujourd’hui, mardi 25 juin, un sit-in devant le Parlement. Son objectif est de dénoncer le retard pris dans l’adoption du projet de loi 10.16. Entretien avec son président Chafik Chraibi.

Après un long silence, vous revenez à la charge. Vous organisez aujourd’hui un sit-in devant le Parlement. Quelle est la raison de ce timing ?

En fait, le sit-in était prévu depuis longtemps mais a été repoussé.  Nous voulions manifester pour souligner l’urgence de l’adoption du projet de loi 10.16 et exiger à ce que ce texte soit enfin discuté au Parlement. On ne savait pas qu’il est actuellement en cours de discussion. C’était l’objectif initial du sit-in.

Aujourd’hui, nous organisons cette manifestation pacifique pour dire que nous sommes fidèles à notre engagement. Nous menons une bataille sans merci depuis des années. Nous voulons que ce projet de loi voie le jour. Nous tenons à nos revendications à savoir le maintien du texte tel qui a été adopté en conseil de Gouvernement en 2016.

Ce texte autorise la pratique de l’avortement dans certains cas de force majeur à savoir le viol, l’inceste ou malformation très grave du fœtus ou encore le handicap mental.

Nous insistons également sur l’importance de faciliter les procédures juridiques et administratives.

Quels sont, selon vous, les autres cas auxquels devrait être accordé le droit à l’avortement ?

Nous demandons à ce qu’il y a un élargissement des situations, je cite à titre d’exemple, la grossesse d’un mineur devrait être considérée comme un viol, malgré son consentement.

On demande aussi d’autoriser l’avortement dans certaines situations sociales. Les femmes SDF sont souvent des proies aux grossesses non-désirées, éventuellement à l’avortement clandestin, ou bien elles finissent par continuer leur grossesse et accouchent des enfants qu’elles abandonnent à la rue.

Il y a également d’autres situations comme le cas d’un bébé non désiré.

Dans une famille nombreuse, par exemple, le couple utilise une méthode de contraception. Toutefois, la femme tombe enceinte accidentellement. Dans ce cas, si le couple est consentant, pourquoi on ne leur donnerait pas le droit d’avorter ?

Mais, ce que nous revendiquons le plus c’est bien l’amendement de l’article 453 du code pénal, le seul d’ailleurs qui ne punit pas l’avortement.

Cette disposition stipule que l’avortement n’est pas puni lorsque la vie ou la santé de la femme sont en danger.  A ce sujet-là, on voudrait que cette santé soit définie selon les termes l’OMS et je cite : « la santé est un état de bien-être physique, psychique et social».

En d’autres termes, l’avortement ne devrait pas être puni lorsque la vie ou la santé physique, psychique ou sociale de la femme sont menacées.

Est-ce que d’autres associations seront présentes à ce sit-in ?

Oui, elles sont plusieurs, entre autres, l’ADFM (l’Association démocratique des femmes du Maroc), le printemps de la dignité, Jossour le forum des femmes marocaines et bien d’autres acteurs de la société civile qui militent avec nous pour la même cause.

Est-ce que vous estimez qu’aujourd’hui le dossier de la légalisation de l’avortement est sur les bons rails ?

Aujourd’hui, on arrive à voir le bout du tunnel, on évolue doucement mais on avance quand même.

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