Les services français louent la « coopération dense et très confiante » avec leurs homologues marocains et déférent la terroriste de Béziers devant la justice

Cinq mois après l’attentat jihadiste contre la basilique de Nice, l’antiterrorisme affirme avoir déjoué un projet d’action contre une église dans l’Hérault: la suspecte, une jeune femme de 18 ans de Béziers, est présentée ce jeudi 9 avril à la justice en vue de sa mise en examen et de son incarcération.

L. B. était en garde à vue depuis son arrestation dans la nuit de samedi à dimanche, en plein week-end de Pâques, après une perquisition au domicile familial, dans un quartier populaire de Béziers.

La jeune femme, « déscolarisée depuis deux ans » et « jamais condamnée », était également inconnue des services, jusqu’à un renseignement très récent « faisant état d’une menace d’attentat contre une église », selon un communiqué publié jeudi du parquet national antiterroriste (Pnat).

UNE ALERTE COMMUNIQUÉE PAR LA DGST DU MAROC

Les services marocains, rappelle-t-on , ont revendiqué mardi la paternité du tuyau, indiquant dans un communiqué avoir transmis le 1er avril à leurs homologues français « des informations précises sur une citoyenne française d’origine marocaine qui planifiait une opération terroriste imminente visant une église en France », « en coordination avec des éléments de Daech », le groupe Etat islamique.

*Sans confirmer cette information, une source proche de l’enquête a souligné auprès de l’AFP la « coopération particulièrement dense et très confiante » avec le Maroc, « particulièrement réactif dès qu’une information est susceptible de concerner la sécurité du territoire français ».

Une enquête a été ouverte le 3 avril, permettant la perquisition le soir-même au domicile de la jeune femme.

Chez elle, les enquêteurs ont alors retrouvé des produits permettant de fabriquer des explosifs (acétone, acide sulfurique, eau oxygénée), deux potentiels « engins explosifs improvisés en cours d’assemblage », ainsi que « des notes manuscrites évoquant divers projets d’action violente » et de la documentation jihadiste, « faisant référence » notamment au groupe Etat islamique, selon le Pnat.

Les enquêteurs ont également mis la main sur « une photographie imprimée de la décapitation de Samuel Paty », le professeur du collège des Yvelines assassiné le 16 octobre pour avoir montré des caricatures du prophète Sidna Mohammed « ainsi que des photographies représentant des djihadistes armés ».

« Elle voulait s’en prendre à des églises, dont une près de son domicile, et a parlé d’autres cibles, notamment un collège », affirme une source proche du dossier, tandis que le renseignement initial évoquait des églises de Montpellier. Selon le Pnat, un schéma d’une église de son quartier a été saisi chez elle.

La jeune femme, issue d’un « milieu très précaire, désocialisé » est « très déprimée, suicidaire, mais en même temps dans une volonté de haine, de vengeance contre la République française et ses institutions », ajoute la source proche du dossier. « Elle parle beaucoup de l’Etat d’Israël et des églises ».

Sa mère et ses trois soeurs, interpellées avec elle, ont été remises en liberté entre lundi et mercredi. « Aucun élément n’est venu impliquer » cet entourage familial et « aucun élément de radicalisation n’a par ailleurs été relevé les concernant », détaille le communiqué du Pnat.

La jeune femme, elle, a été amenée dans la nuit de mercredi à jeudi au tribunal de Paris. Elle doit être présentée à un juge d’instruction antiterroriste, chargé de poursuivre les investigations ouvertes pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle » et « détention de produits incendiaires ou explosifs » en relation avec une entreprise terroriste. Le parquet entend requérir son placement en détention provisoire.

« Les lieux de culte sont des cibles récurrentes de la propagande jihadiste », souligne la source proche du dossier, rappelant l’attentat perpétré par Brahim Aouissaoui qui a fait 3 morts le 29 octobre à Nice, ou l’assassinat du père Hamel en juillet 2016 à Saint-Etienne-du-Rouvray, près de Rouen.

« On peut penser que la jeune femme a été influencée par les nombreuses vidéos qu’elle avait en sa possession », ajoute cette source.

Depuis la republication des caricatures de Prophète en septembre, à l’occasion du procès des attaques de janvier 2015, trois attentats ont été perpétrés en France: outre l’assassinat de Samuel Paty et l’attaque de la basilique de Nice, un jeune Pakistanais avait grièvement blessé deux personnes avec une feuille de boucher devant les anciens locaux de Charlie Hebdo à Paris, le 25 septembre.

Rappelons que la vague d’attentats islamistes qui frappe la France depuis ceux de janvier 2015 a fait plus de 250 morts.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page