Le Sahara, la Palestine et les USA : Le Maroc n’a pas de leçon à recevoir

Par Souad MEKKAOUI

« Le Sahara restera marocain jusqu’à la fin des temps, et les sacrifices qu’il sera nécessaire de consentir pour qu’il en soit toujours ain­si importent peu. »

Ainsi parlait Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans son discours, à l’occasion du 44e anniversaire de la Marche verte. C’est marchant sur les traces de son grand-père et de son père, qu’il continue le travail entamé par ses ancêtres. Aujourd’hui, animé par le même sens d’engagement, son objectif est de veiller au développement des provinces du Sud et leur assurer les conditions d’une vie digne. Aujourd’hui, son souci est de « libérer nos fils retenus dans les camps et arrimer ces zones à la Mère-Patrie, de manière pleine et entière. »

C’est pourquoi, le dossier du Sahara, qui constitue notre première cause nationale, a pris, ces derniers mois, une vitesse supérieure tellement l’urgence est pressante. En effet, l’ouverture de seize consulats à Dakhla et à Laâyoune présageait d’un bon et imminent dénouement. Sauf que le virage à 180° que les choses ont pris, là où on s’y attendait le moins, a fait que toutes les cartes sont désormais rebattues et la partie gagnante est incontestablement connue. Le Royaume du Maroc puisque c’est de lui qu’il s’agit vient de signer sa plus belle victoire diplomatique avec la reconnaissance des États-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara.

Il est vrai que la réalité géographique, historique et juridique ne laisse pas de doute sur la marocanité du Sahara, affaire de tous les Marocains, mais le Royaume s’est toujours remis au droit international. Et aujourd’hui, plus que jamais, l’évidence même est là : le Roi Mohammed VI est la carte gagnante qui a été offerte aux Marocains pour passer à un Maroc nouveau. La vraie diplomatie du pays est celle qui est subtilement Royale. Les actes et les positions du Roi font de lui le dirigeant déterminé et ferme qu’il est, celui qui n’hésite pas à prendre les décisions courageuses quand bien même elles surprendraient voire choqueraient plus d’un. Son engagement et son patriotisme chevillés au corps, la souveraineté du Royaume sur ses terres est on ne peut plus intouchable pour lui. « Aucun règlement de l’Affaire du Sahara n’est possible en dehors de la souveraineté pleine et entière du Maroc sur son Sahara, et en dehors de l’Initiative d’autonomie, dont la communauté internationale a reconnu le sérieux et la crédibilité », dira Sa Majesté le Roi dans l’un de ses derniers discours.

Et c’est égal à lui-même que le président Donald Trump a surpris le monde entier, en ce 10 décembre, par des tweets successifs confortant et soutenant le Maroc dans sa position quant à la question du Sahara et ses efforts déployés pour défendre son intégrité territoriale. D’autant plus qu’il annoncé l’ouverture d’un consulat à Dakhla à vocation, essentiellement, économique afin d’encourager les investissements américains et contribuer au développement économique et social au profit notamment des populations locales. Il rejoint ainsi nombreux pays amis qui ont décidé d’ouvrir des consulats dans nos provinces du Sud. Cette décision chargée de sens et de symboliques renforce le partenariat stratégique puissant entre les deux pays et le rehausse au niveau de véritable alliance qui englobe l’ensemble des domaines.

Et l’année 2020, bien qu’elle ait été dure pour le monde entier, se termine de façon diplomatiquement fine pour le Maroc sur le plan international et régional et le met encore plus en évidence.

USA / Sahara : l’Histoire ne meurt jamais

Bien évidemment, le Maroc est un pays souverain dont l’intégrité territoriale est incontestable et n’hésite pas à la défendre dans le respect du droit international. Mais la reconnaissance, pour la première fois dans l’histoire des États-Unis, de la souveraineté du Royaume sur le Sahara, d’autant plus qu’elle émane d’une puissance mondiale, et d’un membre influent du Conseil de sécurité des Nations unies, est déterminante dans l’avenir du conflit artificiel du Sahara. C’est un événement majeur qui marque un changement radical sur le plan diplomatique et constitue une avancée considérable dans les relations du Maroc avec plusieurs pays de façon directe ou indirecte. L’histoire retient que le Maroc, sous le règne du Sultan Mohammed III, a été le premier à reconnaître en 1777, aujourd’hui, les États-Unis d’Amérique, qui ont toujours soutenu la cause nationale marocaine, en font autant. En reconnaissant la marocanité du Sahara, les USA soutiennent, sans équivoque, le plan d’autonomie présenté par le Maroc comme unique base d’une solution juste et durable au différend artificiel autour du Sahara marocain. Par cette décision de Washington, le Maroc engrange une victoire diplomatique salutaire qui scelle une étape de plus de quatre décennies de lutte légitime pour un Maroc uni et indivisible.

Algérie / Polisario : l’alliance du diable

Si la reconnaissance des États-Unis a suscité une avalanche de réactions positives à travers les quatre coins du monde, notre voisin algérien, bouché à l’émeri, se voit plus que jamais écarté d’un jeu malsain dont il a toujours tiré les ficelles. C’est en effet un coup de massue pour lui et pour le polisario, qui est à sa charge et dont il a toujours tracé l’existence. Faut-il rappeler alors que c’est à El Guergarate que l’arrêt de mort des deux alliés a été signé ? La zone tampon aura donc vu s’effondrer le rêve chimérique de séparatistes que les délires de généraux algériens leur ont fait construire ? Aujourd’hui, l’Algérie qui a toujours soutenu le polisario avec le seul objectif de nuire au Maroc et de le mettre à genoux se trouve en galère de moyens de déranger et donc au bord du précipice. Désormais, en dehors des clous, le polisario est réduit à sa vraie dimension, celle d’un groupe qui n’a aucune légitimité et dont les dirigeants s’enrichissent aux dépens des malheurs des populations séquestrées à Tindouf. L’Algérie quant à elle, logée à la même enseigne, aura du mal à se retrouver dorénavant puisqu’elle avait toujours fait du problème du Sahara sa raison d’exister et ce depuis son indépendance faisant fi du grand soutien du Royaume. Mais la mémoire des généraux d’une Algérie instable et fragilisée est d’autant courte que la débâcle est énorme face à la reconnaissance du premier acteur sur le plan international de la marocanité d’une zone riche en phosphates et en ressources halieutiques. De fait, la gifle à la diplomatie algérienne est fracassante surtout après 45 ans d’échecs successifs d’un élève qui non seulement a perdu ses batailles militaires mais aussi sur le plan politique et juridique. Le Maroc marque ainsi des points sur l’Algérie qui n’a qu’à ravaler sa rage et se trouver un autre motif d’être.

Le Maroc, la Palestine et Israël

Au lieu de parler de « normalisation », force est de rappeler que le Maroc ne fait que reprendre, officiellement, ses relations et son alliance avec Israël qui sera certainement diplomatique mais aussi économique et militaire. L’annonce en a été faite le jour de Hanouka, jour de la paix. N’est-ce pas là un beau symbole ? En effet, la tolérance étant le socle des valeurs du Maroc, celui-ci a toujours œuvré pour le rapprochement des peuples de la région et surtout la paix et la stabilité dans le Moyen-Orient. Et au lieu de voir du mauvais œil cette alliance, pourquoi ne pas espérer que Sa Majesté le Roi jouera un rôle de médiateur dans les négociations entre les Palestiniens et les Israéliens ? Feu Hassan II ne l’avait-il pas fait avant lui en jouant un rôle considérable de médiation dans le processus de paix au Proche-Orient auprès de présidents américains, de chefs de gouvernements israéliens et de leaders palestiniens ? D’ailleurs, en reconnaissance de tout ce qu’il avait fait, des avenues et des places portent le nom de feu Hassan II un peu partout à Israël.

N’en déplaise donc à ceux qui ne sont pas à la fête et qui créent des polémiques stériles en appelant même, des fois, au complotisme voire à la trahison de la cause palestinienne en brandissant, ostentatoirement, une susceptibilité exagérée, le Maroc n’est aux gages de personne et le Roi Mohammed VI a fait encore les choses en grand. Son appel à Mahmoud Abbas pour le rassurer du soutien inébranlable du Royaume pour une Palestine libre, indépendante et que la reprise des relations avec Israël ne change en rien le soutien du Maroc à l’État palestinien comme l’avait toujours fait feu Hassan II incarne la dextérité et la perspicacité d’une diplomatie royale inégalée.

Faut-il peut-être remonter dans le temps et dans l’histoire pour rafraîchir la mémoire à ceux qui se croient plus palestiniens que les Palestiniens eux-mêmes ? Faut-il rappeler que l’OLP elle-même reconnaît Israël depuis le 13 septembre 1993 suite aux accords de Washington ? Aurait-on oublié qu’en 1987, alors que l’OLP tenait son Conseil national à Alger, Yasser Arafat avait salué, chaleureusement, Mohamed Abdelaziz Marrakchi, secrétaire général du polisario pour faire bonne figure devant les Algériens ce qui avait mis feu Hassan II en rage ? Qu’on se pose juste une question : quelle a été la position de la Palestine quant à la question du Sahara qui représente notre première cause ? Notre mémoire est-elle courte à ce point pour oublier que le Maroc avait affiché son engagement dans le soutien de la Palestine avant même de s’engager dans la récupération de son territoire et n’a jamais exigé une contrepartie ? Aurait-on oublié que c’est feu Hassan II, encore une fois, qui des dirigeants arabes a eu le courage de ses opinions en appelant à la coexistence judéo-arabe ? Le Maroc s’est toujours investi dans la question palestinienne et ses positions sont constantes et équilibrées mieux que n’importe quel autre pays arabe et aujourd’hui encore, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a mis en évidence sa détermination à continuer à contribuer de manière efficace et constructive à une paix juste et durable et mener à des développements positifs au Moyen-Orient.

C’est dire que le Maroc, toujours en cheville avec ses convictions, a toujours placé la cause palestinienne au même rang que la question du Sahara marocain mais il est indispensable de rappeler que presqu’un million de juifs marocains sont établis en Israël -que le Royaume le reconnaît depuis 1990- et entretiennent toujours des liens étroits avec le Royaume sachant que pas moins de dix ministres dans le gouvernement de Netanyahu sont d’origine marocaine. D’autant plus que bien avant, feu Mohammed V avait sauvé les juifs marocains des griffes nazies et de la Shoah.

En somme, au moment où l’Algérie, toujours à crins, larguée, craquelée par le hirak, la pandémie et l’absence de son président, toujours sur le dos du Royaume, se voit sur la braise, un nouveau Maroc, sur la brèche, se profile à l’horizon, porté par un Roi, aux leviers de commande, toujours sur le pont, courageux et efficace qui ne lésine pas sur les outils diplomatiques pour l’édification d’une diplomatie solide régionale et internationale, à long terme. Et qu’on le sache une fois pour toutes : le Maroc est un État souverain et n’a de leçon à recevoir de personne. En rétablissant ses relations avec Israël, il ne le fera jamais au détriment de la cause palestinienne mais en faveur de la paix et de la sécurité, avec la solution réaliste de deux États, que les Palestiniens proclament et réclament, depuis les accords de paix d’Oslo en 1993 et notamment le statut inébranlable d’Al Qods.

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