Les victimes des agressions sexuelles lancent un cri d’indignation contre Maâti Monjib

C’est un cri d’indignation émouvant que viennent de lancer, jeudi à Rabat, les victimes des agressions sexuelles, contre les allégations de Maâti Monjib, qui portent atteinte à leur dignité, les privent de leurs droits de porter plainte et induisent en erreur l’opinion publique au sujet de leurs dossiers judiciaires.

Dans des témoignages poignants livrés à l’occasion d’une conférence de presse organisée par le collectif de défense des victimes de viol sous le thème « Les droits des victimes, entre souveraineté de la justice, État des institutions et allégations tendancieuses », les victimes des dossiers des deux journalistes Taoufik Bouachrine et Omar Radi, appuyées par leurs avocats, ont raconté l’atrocité des crimes commis à leur encontre ainsi que les souffrances qu’elles endurent au quotidien des suites de ces agressions ayant tourmenté leur vie, devenue infernale, un calvaire que « des parties ne cessent d’attiser à travers la diffamation, en faisant fi des valeurs humaines et morales ».

Asmaa Hallaoui, une des victimes de Bouachrine, dit avoir décidé de parler, en public et pour la première fois, de son expérience amère, pour que d’autres femmes ne subissent plus encore l’agression, l’abus sexuel et la traite humaine, notamment en lieu de travail. « Je suis aujourd’hui ici pour briser le tabou des agressions sexuelles au sein des lieux de travail et changer la vision dévalorisante de la société quant aux victimes de viol », a-t-elle dit, faisant part de sa souffrance psychologique et sociale, mais aussi de celle de sa petite famille, suite aux agressions répétitives qu’elle a subies de la part de Bouachrine, ainsi que le déroulement du procès, et aujourd’hui de la part de quelques parties qui contestent son statut de victime et doute de son intégrité.

« Nous sommes venues aujourd’hui faire entendre notre voix », crie pour sa part Hafsa Boutahar, qui accuse le journaliste Omar Radi d’agression sexuelle, notant qu’elle militera jusqu’au bout pour recouvrer sa dignité et ses droits. « Je m’adresse aux personnes qui font des droits de l’Homme un fonds de commerce: Vous avez été dévisagées. J’ai été victime d’agression sexuelle et personne ne m’a poussé à porter plainte », a-t-elle dit, se demandant si « les droits de l’Homme sont-ils l’apanage d’une catégorie précise ». De son côté, Sara El Mers, une autre victime de Bouachrine, a fait part des blessures psychologiques qu’elle a subies suite à la diffamation et « la stigmatisation sociale », notant que cela l’a fait penser au suicide à trois reprises. Mme El Mers, qui a caché son visage mais a dévoilé toutes ses souffrances et blessures, a affirmé que sa présence à cette conférence de presse émane de sa forte volonté de briser ce tabou qui prive plusieurs femmes de porter plainte, et sa détermination à prévenir la répétition de ces pratiques atroces pour ses « proches ou connaissances ».

Elle a également raconté toutes les difficultés sociales qui aggravent davantage la souffrance de l’agression, dont l’incapacité de travailler, et d’autres difficultés psychologiques, telle l’incapacité de faire face à la société et à afficher son identité, outre sa santé qui requiert une attention particulière. Naïma Lahrouri, une autre victime de Taoufik Bouachrine, a déclaré qu’elle a été victime de diffamation médiatique par quelques parties qui espéraient voir les victimes revenir sur leurs plaintes, relevant, dans ce cadre, que son affaire a été « voulue dès le début comme un combat médiatique contre l’organe de presse de l’accusé ». Mme Lahrouri a estimé que ce dossier est l’exemple qui reflète la volonté de « certains prétendus défenseurs des droits de l’Homme » de porter atteinte à l’image des femmes et profiter de leurs souffrances pour l’intérêt matériel ou pour régler des comptes avec des parties déterminées.

La victime a dénoncé les tentatives visant à l’empêcher de défendre ses droits garantis par les lois nationales et les conventions internationales, soulignant que les « pseudo-militants » n’avaient jamais exprimé une position réelle en faveur des femmes. Pour leur part, les avocats et membres du Collectif de la défense des victimes de viol ont rejeté les propos calomnieux et les allégations tendancieuses de Maati Monjib à l’encontre de ces victimes, affirmant que ces déclarations sont dégradantes et s’opposent aux valeurs humaines, morales et aux dispositions des conventions internationales, autant qu’elles dénigrent le travail des institutions nationales et compromettent leur indépendance.

Dans ce sens, l’avocat Mohamed El Haini a affirmé que cette conférence de presse intervient suite aux préjudices subis par les victimes d’agressions sexuelles dans les affaires Taoufik Bouachrine et Omar Radi de la part de certains « commerçants des droits de l’Homme », estimant qu’il est impossible de revendiquer la défense des droits de l’Homme et soutenir à la fois les viols et la traite des êtres humains. Et d’ajouter que le doute porté contre les victimes vise à les offenser elles-mêmes et porter atteinte à la justice marocaine, notant que les crimes relatifs au viol et à la traite des être humains laissent des séquelles profondes chez les victimes qui sont en droit de porter plainte au même titre que la présomption d’innocence doit être respectée.

Me Mohamed Housni Karrout a, pour sa part, relevè que « des soit-disant militants des droits de l’Homme et des parties médiatiques se préoccupent plus des accusés que des victimes », notant que « le suspect, dont l’agression sexuelle est avérée, exploite les médias qui lui sont fidèles pour calomnier les victimes et répandre les contre-vérités ». Il a également déclaré que l’accusé a le droit de se défendre mais sans pour autant « induire en erreur l’opinion publique et tenter d’influencer la justice, ni même recourir à l’internationalisation de l’affaire pour intimider l’État et la souveraineté du droit ». A son tour, l’avocate au barreau de Casablanca et membre du Collectif, Meriem Jamal Idrissi, a affirmé que « ceux qui s’autoproclament défenseurs des droits humains violent le principe de la séparation des pouvoirs par une surenchère méprisable », soulignant que certaines plateformes médiatiques devraient faire montre de plus de professionnalisme au lieu de constituer un vecteur de diffamation à l’encontre des victimes des agressions sexuelles.

Me Jamal Idrissi s’est félicitée par ailleurs des progrès enregistrés par Maroc dans le domaine des droits de l’Homme, qui garantissent aux victimes de disposer de tous les mécanismes de porter plainte même au niveau international, ajoutant que le renforcement des textes juridiques nécessite des mécanismes stratégiques de plaidoyer. Le collectif de défense des victimes de viol a annoncé, lors de cette conférence de presse, son intention de déposer une plainte à l’international pour diffamation contre le dénommé Maati Monjib, suite à ses allégations diffamatoires portant atteinte aux victimes de Taoufik Bouachrine, ainsi que la mise en place d’un cadre juridique visant à unifier les efforts contre cette pratique criminelle.

( Avec MAP )

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