Les villes intermédiaires au cœur du Sommet Mondial de Kisumu

Kisumu, 3ème ville du Kenya, accueille  le 9ème Sommet Africités du 17 au 21 mai 2022, organisé par Cités et Gouvernements Locaux Unis d’Afrique (CGLUA) avec pour thème  : « Le rôle des villes intermédiaires d’Afrique dans la mise en œuvre de l’Agenda 2030 des Nations Unies et de l’Agenda 2063 de l’Union Africaine », suivi par quelque 5000 congressistes africains et internationaux.

L’objectif est de « renforcer le rôle des collectivités territoriales dans le développement du continent et de contribuer à construire l’intégration et l’unité de l’Afrique à partir de ses territoires. » Une idée force que l’on retrouvera dans les discours d’ouverture du Président kenyan Uhuru Kenyatta, du président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat  et d’autres hauts représentants des Nations unies.

A l’instar des autres pays, la délégation  de la Direction générale des Collectivités territoriales  du Ministère de l’Intérieur marocain  composée de présidents de collectivités territoriales, d’élus, d’experts représente le Maroc qui rappelons le abrite le siège  des Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique à Rabat.

Tout au long de son histoire, Africités lancé en Cote d’Ivoire  en 1998  et organisé tous les 3 ans a mis en exergue le rôle des Collectivités locales. C’est ainsi qu’à Abidjan, l’ambition était de construire  le mouvement municipal africain, à  Windhoek, en Namibie le sujet portait sur  le financement des collectivités , en 2003, à Yaoundé, au Cameroun, sur l’accès aux services de base, en 2006, à Nairobi, au Kenya, sur les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), en 2009, à Marrakech sur la réponse des Collectivités locales régionales  africaines à la crise globale, à Dakar en 2012 sur la construction de l’Afrique à partir de ses territoires, en 2015, à Johannesburg en Afrique du sud sur la contribution des autorités territoriales à la prospective 2063 de l’Afrique ; en 2018, à Marrakech, sur le rôle des collectivités territoriales d’Afrique dans la transition vers des villes et territoires durables. On voit à travers tous les thèmes retenus,  le rôle nodal des Collectivités locales qui sont la puissance publique la plus proche des populations. Cette proximité conjuguée à une bonne gouvernance est un gage d’efficacité en matière de  politique des territoires, de planification de la ville ou d’amélioration de la politique environnementale ou de politique de  cohésion sociale.

→ Lire aussi : Les villes intermédiaires au cœur du 9ème sommet des Africités

La Neuvième édition qui se tient à Kisumu dans un contexte d’incertitudes et de crises épidémiologique et géopolitique est consacrée au rôle des villes intermédiaires  dans la mise en œuvre des agendas 2030 des Nations unies et de 2063 de l’UA. Pourquoi un tel choix ? Dans sa réponse lors de l’entretien accordé à Maroc diplomatique, Jean-Pierre Mbassy fixe l’importance de ce segment  urbain et  les enjeux

« Les grandes métropoles représentent 30% de la population en Afrique, c’est le même pourcentage des villes intermédiaires, premier niveau de l’armature urbaine du continent  que constituent les 1500 villes intermédiaires dont les populations se situent entre 50 000 et 500 000d’habitants ». Selon une étude d’Africapolis il existe  1348 villes intermédiaires qui regroupent 173 millions d’africains et qui contribuent à hauteur de 40% du PIB africain. « Ce sont ces villes intermédiaires, déclare le SG des Cités et gouvernements locaux unis d’Afrique, qui portent la transformation la plus rapide car l’on sait que 2 nouveaux urbains sur 3 s’y installeront; elles sont également le laboratoire d’une urbanité africaine et de l’aménagement des territoires car ces villes accompagnent la structuration de l’espace national et sont, le support de convergence entre l’espace l’écologie, l’économie et le social. Elles constituent le premier niveau de valorisation des productions locales, elles ont l’avantage d’être les plus proches des zones rurales et donc de servir de tampon et d’amortisseur  des flux migratoires entre zones rurales et grandes villes. Elles ont des liens étroits avec leurs hinterlands et constituent le premier maillon de transformation des produits du terroir et jouent un rôle important dans toute stratégie de sécurité alimentaire. Dans un contexte d’accélération et de changement de période, le compte à rebours est lancé : « A l’horizon 2050  l’Afrique comptera,  dit il 1,2 milliard en 2050 soit 3 fois l’Europe et trois fois les Etat Unis. Cela veut dire que pendant une génération, les villes doubleront leurs populations et leurs superficies tous les 20 ans. « Nous avons, dit-il,  affaire à un bouleversement colossal qui charrie avec lui des changements sur tous les plans, économique culturel social …Nous sommes dans une dynamique de transformation structurelle que l’on peut, soit subir, soit organiser . »

La rencontre de Kisumu est en résonance avec les changements géopolitiques et environnementaux. Elle  a lieu  au lendemain de la COP 26 de Glascow et de la COP15 d’Abidjan  qui se tient  du 9 au 20 mai sur la lutte contre la désertification qui affecte 40% de la population mondiale dont la majorité en Afrique et les effets dramatiques des changements climatiques , sécheresse insécurité alimentaire , montée des conflits  et des déplacements. Des réalités qui   posent  la question du comment s’organiser et  s’adapter aux changements climatiques et économiques, ce qui nous invite à réfléchir à une autre trajectoire de développement durable. Comment, avec quels moyens financiers, avec quelles compétences, avec quelle vision à moyen et long terme ? Ce sont les questions qui seront posées au cours des différentes sessions du Sommet de Kisumu et au Salon Africités  composé d’une centaine d’exposants qui visent à apporter des solutions concrètes pour accompagner la réalisation de projets territoriaux à travers l’Afrique avec un attendu de quelques 8.000 visiteurs et 5.000 congressistes et décideurs territoriaux, selon un format hybride, physique et digital. L’occasion pour les associations  marocaines  des présidents des Collectivités territoriales, de présenter l’expérience de la régionalisation et de la décentralisation du Royaume et de mettre en avant le projet de Rabat capitale africaine de la Culture.

Farida Moha

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