L’expérience marocaine et la coopération en matière de renseignement dans la lutte contre le terrorisme

Dr Charles Saint-Prot, Directeur général de l’Observatoire d’études géopolitiques (Paris)

Communication présentée par Charles Saint-Prot, directeur général de l’Observatoire d’études géopolitiques de Paris, 9 février 2018 à la 9ème édition du Forum de Marrakech sur la sécurité, AfricaSEC 2018, placée sous le thème « Les menaces émergentes et les nouveaux risques de conflictualité en Afrique ».

L’expérience marocaine en matière de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent est incontestable. Cette expérience est portée par une vision royale globale ayant réussi à la fois à combattre le danger et à déconstruire le discours extrémiste tant au niveau national, que sur le plan du Maghreb, du Sahel, du reste de l’Afrique, à laquelle il est notamment relié par ses provinces du sud jusqu’à Lagouira et Guerguerat, et des pays européens. Du coup, le Maroc est un partenaire indispensable dans le combat contre le terrorisme.

Non seulement le Royaume déploie des efforts inlassables pour garantir sa sécurité nationale, mais encore il a une action déterminante dans la lutte antiterroriste à l’échelle internationale et par conséquent faveur de la stabilité dans la région et dans le monde. Il faut souligner que dans ce domaine la coopération entre les acteurs spécialisés est indispensable face à une menace transfrontalière. Deux points méritent d’être mis en exergue: Le Maroc a une approche lucide et globale et son rôle est apprécié à sa juste valeur par les acteurs internationaux.

Le Maroc a une approche lucide et globale

Le Maroc a placé la lutte contre le terrorisme en tête de ses priorités. Les services marocains font face avec succès à la menace terroriste. Ils ont démantelé plusieurs groupes terroristes liés à des réseaux internationaux se réclamant de Daech, d’al-Qaïda dans le Maghreb Islamique ou d’autres nébuleuses. La grande agence chinoise de presse, Xinhua, soulignait dans une dépêche du 13 juillet 2015, que les services de renseignement marocains ont été classés comme les plus efficaces et les meilleurs de la région MENA.

L’action des services de renseignement et des forces de sécurité est, bien entendu, essentielle. Ils sont en première ligne. Mais il convient de souligner que la réponse au terrorisme et à la radicalisation ne peut être seulement militaire ou policière. Il s’agit également de combattre l’idéologie de la radicalisation. Le terrorisme dont sont victime aujourd’hui de nombreux pays, de l’Égypte à la France en passant par la Tunisie ; l’Espagne, le Maroc, la Belgique ou de nombreux pays africains, trouve son origine dans plusieurs causes. La première cause est l’instrumentalisation du religieux par des activistes pour lesquels la religion n’est qu’un outil de propagande et la justification de leur projet politico-révolutionnaire.

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Les mouvements extrémistes ont pris la religion en otage à des fins politiques, il est capital de déconstruire leur propagande par un solide discours religieux visant à remettre les idées en place. C’est par des initiatives concrètes que l’on fera reculer la radicalisation qui fait le jeu des extrémistes de tout bord. Tout en ayant une expertise reconnue et une action efficace dans le domaine sécuritaire, le Maroc est le seul qui oppose un discours construit et une stratégie d’envergure contre la radicalisation. Il promeut une politique déterminée en faveur de la lutte contre l’ignorance et l’encadrement du champ religieux

L’enseignement de l’Islam, en particulier du fait religieux est un véritable problème qui ne peut être résolu qu’en mettant en place un grand chantier de réflexion. Il faut favoriser la connaissance de l’Islam réel, celui du juste milieu et du réformisme. Le seul exemple convaincant qui existe en la matière est celui du Maroc. La maîtrise du champ religieux et l’action conduite sous l’autorité du Roi placent le Maroc en pointe face à la déviance extrémiste. Commandeur des croyants, le Roi Mohammed VI a une autorité particulière en matière religieuse. Le Souverain a la légitimité religieuse nécessaire pour être le chef de file de la lutte contre l’extrémisme en déconstruisant le discours radical et en promouvant les principes de l’Islam de la modération et de la tolérance.

Cette action s’étend bien au-delà du Maroc, notamment en Afrique. A cet égard, l’institut Mohammed VI destiné à la formation des imams est un modèle aussi bien pour les pays africains et il devrait le devenir pour les pays européens. En outre la Fondation Mohammed VI des oulémas africains est aussi une destinée à unifier et à coordonner les efforts des oulémas musulmans au Maroc et dans les autres États africains afin de faire connaître les vraies valeurs de l’Islam et de s’opposer aux charlatans qui dénaturent son Message.

Par ailleurs, la stratégie marocaine associe à son action dans le domaine de la pensée religieuse, une dimension économique et sociale. C’est pourquoi, le Roi Mohammed VI a placé en tête de ses priorités les objectifs de développement économique et humain. Cette approche consiste à mettre en œuvre les moyens pour lutter contre l’exclusion, la précarité et la pauvreté, et en même temps promouvoir des réformes économiques, politiques et sociales. Sur le plan régional et africain, le Maroc propose aussi aux peuples africains des perspectives nouvelles de coopération et de développement dans la cadre d’une ambitieuse vision de coopération sud-sud. Enfin le Maroc est le pilier d’une coopération affirmée sur le plan régional et international.

Un pilier de la coopération internationale

Le Maroc est sérieux et compétent. Son rôle est apprécié à sa juste valeur par les acteurs internationaux. La coopération entre les services est essentielle. À cet égard, il faut se féliciter de l’excellence de la coopération entre les services marocains et les services étrangers, notamment français et espagnols. La reconnaissance de la compétence et de l’importance des services de renseignement marocain est unanime, aussi bien de la part d’agences et d’institutions internationales, que de la part des États.

La reconnaissance des institutions internationales

Le Maroc assure la coprésidence du Forum Global pour la lutte contre le terrorisme qui a été créé en septembre 2011 à New York. En 2016, le Royaume a été reconduit à la coprésidence de cet forum qui a pour vocation d’identifier les besoins critiques en matière de lutte civile contre le terrorisme, de mobiliser les connaissances et ressources nécessaires au soutien du renforcement des capacités et d’améliorer la coopération mondiale dans le domaine de la lutte contre ce fléau. En 2016, le directeur exécutif du Comité contre le terrorisme (CTED) et Sous-Secrétaire général de l’ONU, Jean Paul Laborde a mis en exergue « l’approche multiforme mise en œuvre dans le Royaume » dans la lutte contre le terrorisme.

C’est la même analyse qu’a pu faire le Directeur du Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme (UNCCT), Jehangir Khan, lorsqu’il a insisté, en avril 2016, sur le fait que le Maroc joue un rôle de plus en plus prépondérant tant au niveau régional qu’à l’échelle internationale. Selon M. Khan, la contribution du Royaume aux efforts de l’ONU dans la lutte contre le terrorisme est très importante et que l’engagement de S M le Roi « est un exemple à suivre ». En 2015, un rapport du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies (CDH), a également souligné que le Maroc se démarque par son programme solide de lutte contre le terrorisme qui tire sa force de la coopération du Maroc avec les services de renseignement des grande puissances, mais aussi des relations excellentes qu’il entretient au niveau international par exemple en Afrique et dans  les pays du Golfe.

La reconnaissance des États

Publié en 2017, le rapport du Département d’État américain sur le terrorisme dans le monde au titre de l’année 2016, a reconnu  que « le Maroc dispose d’une stratégie de lutte anti-terroriste qui comprend les mesures de vigilance sécuritaire, la coopération régionale et internationale et des politiques de contre-radicalisation » Le rapport rappelle que « les services de sécurité marocains ont ciblé de manière efficace et pu démanteler effectivement nombre de cellules terroristes dans le pays, en mettant à contribution la collecte de renseignements, le travail policier, et la coopération avec les partenaires régionaux et internationaux ». 

Pour sa part, l’Espagne s’est félicitée à plusieurs reprises du leadership du Maroc en matière de lutte contre le terrorisme. Le ministre des Affaires étrangères du Royaume des Pays Bas, Bert Koenders a souligné, en marge de l’assemblée générale de l’ONU en 2016, la grande admiration de son pays à l’endroit de l’approche multidimensionnelle du Maroc, sous le « leadership de Sa Majesté le Roi »

Depuis février 2014, la Belgique a signé avec le Maroc une convention de coopération en matière de lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Cette collaboration entre  les deux pays pour se porter mutuellement assistance en matière de lutte contre le crime organisé et le terrorisme a permis d’obtenir des résultats appréciables. Lors d’une récente visite à Rabat, mercredi 24 janvier, le vice-premier ministre et ministre belge des Affaires étrangères de Belgique, Didier Reydners, a salué l’expérience marocaine en matière de prévention de la radicalisation, laquelle « attire l’attention non seulement de la Belgique, mais aussi d’autres États européens »

C’est bien sûr avec la France que la coopération est la plus fructueuse. Les services des deux pays sont parmi les plus efficaces du monde et leurs liens de coopération sont très étroits. Par exemple, c’est un renseignement émanant du Maroc qui a mis mis les enquêteurs sur la piste d’Abdelhamid Abaaoud, organisateur des attentats de Paris et qui a été tué en novembre 2015 lors d’un assaut de la police en banlieue parisienne. C’est aussi le royaume chérifien qui a orienté les enquêteurs français sur la piste belge.

Parce que l’on apprécie la loyauté et la sincérité de l’engagement marocain – ce qui n’est pas le cas de tous les pays de la région où certains ont un jeu ambigu et peu propice à faire reculer la menace -, tout le monde sait à Paris combien la coopération franco-marocaine est précieuse dans l’échange de renseignements et dans la coopération anti-terroriste aussi bien en Europe qu’en Afrique où le Maroc est évidemment un partenaire de choix pour la France. En conclusion, il est possible d’affirmer que l’expérience marocaine et la coopération en matière de renseignement dans la lutte contre le terrorisme sont en tout point capitales. Le précieux rôle du Maroc dans la lutte contre le terrorisme est unanimement apprécié par la communauté internationale ainsi que son rôle pour maintenir la stabilité régionale. C’est aussi cela l’exception marocaine…

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