L’intégration du Maroc dans le paysage sécuritaire africain : une perspective équilibrée pour prévenir les conflits

Face aux défis sécuritaires, Emmanuel Dupuy, Président de l’Institut pour la Prospective et la Sécurité en Europe (IPSE), insiste sur la nécessité d’une approche plus globale de la sécurité régionale en Afrique, en tenant compte de l’évolution du paysage sécuritaire et en impliquant un plus large éventail d’acteurs à l’intérieur et à l’extérieur de la région. Lors de son intervention au Forum MD Sahara, l’expert souligne la nécessité d’une coopération sécuritaire en Afrique avant toute coopération économique ou énergétique, et appelle à une coopération plus étroite avec le Maroc à cet égard.

En marge de la deuxième édition des MD Sahara Emmanuel Dupuy a discuté de la position de la France vis-à-vis du Maroc et de la question de l’autodétermination dans la région du Sahara, reconnaissant l’importance du respect de la souveraineté des États et de l’intégrité territoriale. Au cours du même forum, il souligne l’importance des communautés économiques régionales (CER) et leur potentiel d’intégration économique, mais note qu’aucune des huit CER existantes en Afrique n’a été en mesure d’aborder efficacement la question du terrorisme, comme on l’a vu au Sahel en 2012 et dans d’autres crises dans la région. Il fait valoir que le paradigme actuel appelle à repenser le paysage sécuritaire et à adopter une approche plus large de la sécurité régionale. À cette fin, Dupuy propose d’élargir la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour inclure des pays non membres comme le Maroc, suggérant que le cadre institutionnel actuel de la sécurité ne correspond pas nécessairement à la réalité sur le terrain, car les acteurs clés ne sont pas inclus dans les organisations pertinentes. Il évoque également l’évolution du paysage sécuritaire, avec les fournisseurs traditionnels de sécurité comme la France et d’autres pays européens qui réévaluent leurs stratégies, et l’émergence de conflits de haute intensité en Afrique.

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La nécessité d’une coopération sécuritaire accrue pour parvenir à une stabilité économique et énergétique

Emmanuel Dupuy, président de l’Institut Prospective et Sécurité en Europe, a été invité à s’exprimer lors de la 2ème édition du Forum MD Sahara sur le sujet de l’Union africaine et de son rôle dans la sécurité. Selon lui, avant de pouvoir envisager une coopération économique ou énergétique, il est impératif d’établir une coopération sécuritaire. Il souligne le besoin d’un changement de paradigme en Afrique pour parvenir à une sécurité et appelle à une coopération plus étroite avec le Maroc à cet égard. Il évoque également la position française envers le Maroc et la question de l’autodétermination de la région du Sahara. Il a reconnu que certains citoyens français partagent le sentiment qui a prévalu en 2007 lorsque la France a soutenu la résolution onusienne en faveur de l’autonomie du Sahara. Cependant, il souligne que la souveraineté des États et l’intégrité territoriale sont des éléments importants qui doivent être respectés. Dans l’ensemble, Dupuy met en avant l’importance de la sécurité pour l’avenir de l’Afrique et a appelé à une coopération plus étroite entre les pays pour parvenir à cet objectif.

Vers une approche globale et inclusive de la sécurité régionale

L’expert fait valoir que le paradigme actuel appelle à repenser le paysage sécuritaire et à adopter une approche plus large de la sécurité régionale. Il suggère que l’intégration économique poursuivie par les CER soit étendue à l’intégration de la sécurité. Les défis posés par les groupes terroristes et autres organisations criminelles, qui opèrent sans tenir compte des frontières administratives, nécessitent une approche plus globale de la sécurité. À cette fin, le Président de l’IPSE propose que la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) soit élargie à des pays non membres, tels que le Maroc. Il a noté que le cadre institutionnel actuel en matière de sécurité ne correspond pas nécessairement à la réalité sur le terrain, car certains acteurs clés ne sont pas inclus dans les organisations concernées. Par exemple, l’Algérie n’est pas membre de la Communauté des États sahélo-sahariens (CENSAD), et le Tchad n’est pas membre de la CEDEAO. En outre, l’évolution du paysage sécuritaire incite les fournisseurs traditionnels de sécurité, comme la France et d’autres pays européens, à revoir leurs stratégies. Ces pays ne sont plus les seuls acteurs, car les États-Unis se sont davantage impliqués dans la région. Enfin, l’expert souligne que l’émergence de conflits de haute intensité en Afrique est une nouvelle réalité dont il faut tenir compte. Il a cité l’exercice militaire African Lion, qui s’est déroulé en juin de l’année dernière, comme un exemple du besoin croissant de préparation dans ce domaine.

Des pistes de solutions régionales pour renforcer la sécurité

Emmanuel Dupuy propose trois idées pour que le Maroc puisse bénéficier de la nouvelle configuration de sécurité continentale. Premièrement, il est nécessaire de penser la sécurité de manière régionale en élargissant le spectre, en faisant en sorte que des acteurs qui ne sont pas encore ou suffisamment présents comme acteurs de sécurité, comme le Maroc, le deviennent. Deuxièmement, le continent africain a besoin de se penser de manière globale, diplomatiquement, en se positionnant avec l’impact que le conflit ukrainien a produit sur le continent africain, et de réévaluer son aspiration à une nouvelle forme de souveraineté. Enfin, la concurrence va se faire de manière beaucoup plus continentale en matière de sécurité, et le Maroc doit devenir un acteur sécuritaire pour éviter toute conflictualité. « La raison en est simple, c’est que s’il y a une arsénalisation, une prétorianisation sur le continent africain, il faut évidemment faire en sorte que cela soit fait de manière très équilibrée ». Le Maroc peut ainsi contribuer à créer un périmètre d’équilibre sur le plan sécuritaire et notamment sur le plan de l’armement. En inversant la perspective, Emmanuel Dupuy souligne que le continent africain sera de plus en plus utile au continent européen en raison de sa démographie, de ses richesses et de son potentiel économique. Il conclut en mettant l’accent sur la nécessité de penser la sécurité de manière inclusive, en intégrant de nouveaux acteurs et en favorisant la coopération.

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