L’investissement privé, la voie du Maroc pour soutenir la croissance

Par Meriem Idrissi

Au  cours des deux dernières décennies, les investissements au Maroc se sont élevés à 30% du PIB par an, dans un effort mené par l’État. Ce modèle a atteint ses limites alors que le Maroc aspire à voir le secteur privé jouer un rôle moteur dans la promotion des investissements et le soutien de la croissance.

L’adoption de la charte des investissements l’an dernier vise à faire passer la part du secteur privé dans les investissements de 1/3 à 2/3. Le ministre de l’Investissement, Mouhcine Jazouli, a indiqué lors du symposium sur l’investissement et le rôle de l’État territorial, organisé le 8 février à Rabat par le Conseil du développement et de la solidarité (CDS), qu’une série d’incitations s’élevant à 30% du coût de l’investissement sera offerte aux investisseurs porteurs de projets de haute technologie ou stratégiques.

Des incitations similaires seront accordées aux investisseurs qui choisissent de mettre en place des projets dans les régions pauvres du Maroc, dans le but de combler le fossé entre les régions. M. Jazouli a déclaré que la loi était la prochaine étape dans la poussée d’investissement du Maroc qui a produit des infrastructures de classe mondiale, y compris 2000 km d’autoroutes et de ports. Ces facteurs, combinés à un âge médian de 29 ans, font du Maroc une destination compétitive pour les IDE, a-t-il déclaré.

Le Maroc a également annoncé un fonds d’investissement d’une valeur de 46 MMDH dont une contribution gouvernementale de 17 milliard, le reste devant être financé par des partenaires privés et multilatéraux.S’exprimant lors d’une conférence organisée par le conseil pour le développement et la solidarité à Rabat, le responsable du fonds, Mohamed Benchaaboun, a déclaré que l’objectif était de stimuler les investissements privés rentables et que le fonds accorderait une attention particulière à la promotion des PME.

Dans son discours d’ouverture lors de l’événement, le gouverneur de la banque centrale, M. Jouahri, a rappelé le contexte difficile dans lequel le Maroc recherche davantage d’investissements, notamment après les tensions géopolitiques et leur impact sur les perturbations du marché et l’inflation qui ont conduit à des politiques monétaires plus strictes à travers le monde. Il a également relevé la nécessité de promouvoir les investissements privés en facilitant les démarches administratives, en luttant contre la corruption et en facilitant l’accès aux financements. Le Maroc vise à attirer des investissements d’une valeur de 550 milliards de dirhams et à créer 500 000 emplois d’ici 2026. Son modèle de développement vise à doubler le PIB par habitant d’ici 2035.

Encadré

Allier secteur public et secteur privé

Pour Mehdi Tazi, vice-président de la CGEM, les recettes fiscales qui augmentent nécessitent la recherche de nouvelles techniques de financement innovantes, à l’image de la titrisation de créances publiques, de la monétisation du foncier de l’État ou de la captation de l’épargne du privé qui représente souvent un levier difficile à percevoir. Néanmoins, la question d’un État régulateur ou opérateur revêt une dimension quasi-philosophique. L’investissement de l’État devrait se concentrer sur des secteurs vers lesquels le privé aurait du mal à aller ou travailler avec le public de manière conjointe et pense qu’en «s’intéressant à l’eau ou à l’énergie, nous pourrions couper avec le green deal européen et améliorer de manière signifiante les rendements de l’État ».

En évoquant les divergences d’exécution des investissements, Mehdi Tazi indique que sur 240 milliards de dirhams investis sur 5 ans, seulement 50 à 70 ont réellement été déployés. Pour 2023, 45 milliards de dirhams sont alloués au Fonds Mohammed VI pour la promotion des Œuvres sociales de l’Éducation-formation dans le cadre de la réforme des établissements publics, mais des questionnements demeurent quant aux capacités nécessaires pour piloter un tel investissement.

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