L’Italien Tajani, représentant de la droite, élu président du Parlement européen

L’Italien Antonio Tajani, un proche de Silvio Berlusconi qui fut commissaire européen de 2008 à 2014, a été élu mardi soir pour deux ans et demi à la présidence du Parlement européen.

Co-fondateur du parti Forza Italia de M. Berlusconi, ce champion de la droite a nettement battu son compatriote socialiste Gianni Pittella.

M. Tajani, 63 ans, l’a emporté au quatrième tour de scrutin, par 351 voix contre 282 à M. Pittella.

Il s’est ensuite immédiatement installé dans le fauteuil du social-démocrate allemand Martin Schulz, en poste depuis janvier 2012 au « perchoir » de Strasbourg – une fonction à laquelle il a donné une grande visibilité sur la scène européenne et internationale.

« Je serai votre président à tous. Je respecterai tous les députés, de tous les groupes », a plaidé le nouveau président en s’adressant à ses 750 collègues.

« Vous pouvez compter sur ma totale disponibilité », a ajouté l’Italien en dédiant sa victoire aux « victimes du tremblement de terre qui a frappé » son pays.

« Je voudrais un message très fort de solidarité de ce parlement envers toutes les victimes du terrorisme sans oublier ceux qui souffrent en ce moment, qu’il s’agisse de ceux qui sont sans abri à l’heure actuelle ou de ceux qui n’ont pas de travail », a-t-il dit.

Le nouvel élu a également reçu les félicitations du président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk. « Je me réjouis de travailler avec lui. Une UE unie et forte a besoin d’un Parlement européen constructif et efficace », a tweeté M. Tusk.

Du fait du poids numérique de son groupe politique, le plus important du Parlement (217 députés sur 751), M. Tajani était favori. Sa victoire n’était cependant pas écrite d’avance, la grande inconnue étant sa capacité à rassembler au-delà de sa famille politique.

En début de matinée, le candidat du Parti populaire européen (PPE, formation de droite qui réunit notamment Les Républicains français, la CDU-CSU allemande et Forza Italia) avait reçu le ralliement du groupe libéral (68 élus) mené par l’ex-Premier ministre belge Guy Verhofstadt.

En fin de journée, il a également été rejoint par le groupe eurosceptique des Conservateurs et Réformistes européens (ECR), troisième force du Parlement avec 74 eurodéputés.

A gauche, Gianni Pittella, dont le groupe des socialistes et sociaux-démocrates compte 189 membres, a pu compter sur le ralliement de la plupart des écologistes (51 élus) et des députés de la gauche radicale (52 élus).

La plupart des députés europhobes, notamment les élus français du Front national et ceux du UKIP britanniques, ont voté blanc.

C’est la première fois depuis 1979 – date de la première élection au suffrage universel du Parlement européen, alors présidé par la Française Simone Veil – que cette élection au perchoir du Parlement européen était aussi incertaine.

Auparavant, le PPE et les sociaux-démocrates étaient toujours parvenus à un accord pour se partager le pouvoir, sauf lors de la législature de 1999-2004, quand la droite s’était entendue avec les Libéraux.

Mais cette fois-ci, la belle entente a volé en éclats, rendant impossible toute prédiction sur l’issue du scrutin.

Gianni Pittella avait répété à l’envi avant l’élection qu’il ne voulait plus d’une « grande coalition » droite-gauche comme ceci avait été le cas sous la présidence de Martin Schulz.

« Le paysage politique du Parlement européen a changé profondément avec la naissance d’un nouveau bloc conservateur », comprenant le centre-droit, les libéraux et les Tories britanniques, a déploré le socialiste italien après sa défaite.

Avant le scrutin, M. Pittella avait fait part de son inquiétude sur un règne sans partage du PPE sur les trois institutions européennes, en cas de victoire de M. Tajani.

Car la droite tient déjà les rênes de la Commission européenne, avec le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, et ceux du Conseil avec le Polonais Donald Tusk.

Selon des sources parlementaires, l’échec mardi de M. Pittella pourrait justement servir aux sociaux-démocrates à poser des jalons pour revendiquer dans quelques mois le poste occupé par M. Tusk, nommé en décembre 2014 pour deux ans et demi à la tête du Conseil.

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