L’odieux crime d’Imlil: Comment lutter contre le terrorisme ?

Il n’y a pas de définition juridique internationale du terrorisme. On peut cependant le qualifier comme l’utilisation de la violence vis-à-vis de biens ou de personnes innocentes pour promouvoir une cause politique, idéologique ou religieuse.

Plusieurs types de terrorisme ont sévi, comme les Brigades rouges en Italie, l’ETA en Espagne ou l’IRA en Irlande. Force cependant de constater que c’est le terrorisme jihadiste prôné par l’Etat islamique qui opère actuellement.

C’est dans le cadre de ce terrorisme jihadiste que deux jeunes scandinaves, la danoise Louisa Vesterager, et la norvégienne Maren Oueland, ont été tuées et décapitées dans la nuit du 16 au 17 Décembre 2018 à Imlil près du Mont Toubkal au Maroc. Ce crime odieux a soulevé une immense condamnation de toute la société marocaine, d’autant plus que notre pays n’a pas connu d’acte terroriste depuis 2011. Pour lutter contre le fléau du terrorisme jihadiste qui s’attaque à des innocents, il y a lieu d’adopter une approche à quatre volets : sécuritaire, idéologique, éducationnelle, et de développement économique et social.

Le volet sécuritaire est nécessaire mais pas suffisant. Le Maroc s’est doté en 2015 du Bureau central d’investigation judiciaire (BCIJ), dont une des prérogatives est la lutte contre les cellules terroristes. Doté d’agents de haut niveau et d’un équipement sophistiqué, le BCIJ présente un bilan très honorable, puisqu’il a démantelé depuis sa création 57 cellules terroristes dont 51 en relation avec Daesh. La clé de sa réussite est dûe à la collaboration étroite entre les différents services de sécurité, du fait que le Directeur général de la surveillance du territoire est lui-même le Directeur général de la sûreté nationale. Cette efficacité s’est traduite pour le crime d’Imlil par l’arrestation des quatre auteurs ainsi que neuf complices en moins d’une semaine.

La pertinence du BCIJ est largement reconnue à l’étranger notamment au niveau du renseignement. Pour accentuer l’efficacité du BCIJ, il y a lieu que la société civile collabore davantage à la lutte contre le terrorisme, en signalant immédiatement au Bureau tout comportement suspect. Il faut en effet arrêter les terroristes avant qu’ils ne passent à l’action.

Le deuxième volet idéologique est très important. Certes la grande majorité des musulmans pratique un Islam modéré et tolérant. Cependant, une minorité agissante diffuse une position extrême issue du salafisme. Ce mouvement religieux de l’Islam sunnite prône un retour aux pratiques en vigueur à l’époque du Prophète, et la rééducation morale de la communauté musulmane.

→ Lire aussi : Imlil, la face émergée d’un mal profond

Les salafistes ont une lecture littérale des textes sacrés, le Coran et la Souna, et postulent que leur interprétation est la seule légitime. La mouvance la plus dangereuse du salafisme est jihadiste, qui prône l’action armée, et utilise le salafisme comme une base idéologique pour justifier le terrorisme. Profitant de la faiblesse de certains Etats, cette faction a conquis une partie du territoire de l’Irak et de la Syrie et a proclamé l’Etat islamique. Ce dernier a commis d’abominables crimes contre l’humanité en ne respectant pas les droits les plus élémentaires de l’Homme. Heureusement, une coalition des pays arabes et occidentaux a récupéré les territoires, mettant fin à l’Etat islamique sauf quelques petites localités.

Cependant malgré l’échec de l’Etat islamique, l’extrêmise religieux continue à sévir grâce notamment à la propagande largement diffusée par les réseaux sociaux et les télévisions satellitaires. L’ensemble de la communauté musulmane comprenant les autorités religieuses, le pouvoir politique, et la société civile doit dénoncer les thèses des extrémistes et condamner leurs actes de violence.

Notre Roi Mohammed VI Commandeur des croyants a donné l’exemple dans son discours du 20 Août 2016, où il a déclaré « Les terroristes qui agissent au nom de l’islam ne sont pas des musulmans » et que les entités « qui incitent au meurtre et à l’agression, qui excommunient indûment les gens, sont dans la vraie mécréance ». Enfin que le Jihad « n’est envisageable que par nécessité de défense, et non pour commettre un meurtre ou une agression ».

Le troisième volet pour lutter contre le terrorisme jihadiste est éducationnel. Il convient de la part des parents et des enseignants à inculquer aux jeunes une autonomie intellectuelle et un esprit critique qui leur permet de se défendre par rapport à ce qui vient de l’extérieur, notamment à travers les réseaux sociaux.

Il faut les imprégner des valeurs de la modernité et de la citoyenneté. Le rôle des enseignants est essentiel, d’où la nécessité de parfaire leur formation sur le plan pédagogique et de s’assurer de leur niveau ethnique, moral et de valeurs. Il y a lieu de réviser les livres scolaires, et d’éliminer tout ce qui peut conduire à l’intolérance, et nuire au vivre ensemble avec les autres religions et les autres communautés. Cela s’applique également à certains livres prônant l’extrémisme dans les Salons du livre qui sont organisés au Maroc. Il faut enfin exercer un contrôle sur les réseaux sociaux et les télévisions satellitaires qui prônent l’extrémisme, ainsi que les Imams qui prêchent dans les mosquées.

Le quatrième volet est le développement économique et social. Dans beaucoup de pays musulmans et même au Maroc, une partie de la population est marginalisée, et on note un élargissement des inégalités sociales. Dans ce sens, le Roi Mohammed VI a demandé l’élaboration d’un nouveau modèle de développement qui doit assurer un minimum de confort matériel aussi bien au niveau urbain que rural. La création d’emplois est fondamentale pour les jeunes afin leur permettre de subvenir à leurs besoins et de vivre dans la dignité. Outre l’éducation, les pouvoirs publics doivent assurer des soins de santé de qualité et un logement décent.

En conclusion, la lutte contre le terrorisme jihadiste ne peut réussir que si elle est globale, en agissant sur les quatre volets : sécuritaire, idéologique, éducationnel et de développement économique et social. Elle exige une contribution de tous les acteurs de la vie sociale : gouvernement, autorités religieuses, partis politiques, société civile. Elle exige aussi beaucoup de détermination et de fermeté car les résultats ne peuvent être obtenus qu’à moyen et long terme.

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