L’ouverture du consulat émirien au Sahara marocain, un acte diplomatique majeur

Par Jean-François Poli

 Le 4 novembre 2020 est un jour important pour les relations entre le Maroc et les Émirats arabes unis avec l’ouverture du consulat général émirien dans le Sahara marocain, plus précisément dans la ville de Laâyoune. Ainsi est illustrée cette terre marocaine qui fait partie intégrante du Royaume depuis le VIIIe siècle, ce qui a été reconnu, si besoin était, par les accords d’Algésiras, en avril 1906 et sanctifié par La Marche verte (al Massira al Khadra) du 6 novembre 1975. On sait que la récupération du Sahara marocain a conduit le bloc communiste et Alger à instrumentaliser un séparatisme qui n’arrivera pas à détacher cette portion de terre marocaine de la mère patrie.

La représentation diplomatique des Émirats à Laâyoune a été inaugurée par le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourrita, et l’ambassadeur des Émirats arabes unis au Maroc, Al Asri Saeed Ahmed Aldhaheri, ce qui illustre l’intérêt pour le Royaume de cette présence consulaire et, au-delà, les liens forts avec les Émirats arabes unis. Cet acte diplomatique majeur s’inscrit dans la continuité des relations diplomatiques intenses entre les deux pays, nouées par le fondateur des Émirats arabes unis, Cheikh Zayed ben Sultan al Nahyane et le Roi Hassan II, poursuivies aujourd’hui par Cheikh Khalifa Ben Zayed, Président des Émirats Arabes Unis, et le Roi Mohammed VI. C’est d’ailleurs par un échange téléphonique entre le Roi Mohammed VI et le Prince héritier d’Abou Dhabi, Mohamed Ben Zayed, le 27 octobre, que l’annonce de l’installation du consulat a été faite par les Émirats arabes unis.

La diplomatie marocaine démontre, de nouveau, après son implication réussie dans la réconciliation libyenne, par les accords de Bouznika en septembre 2020, qu’elle est un acteur essentiel des relations internationales et un repère dans un monde d’instabilité. L’ouverture de ce consulat général illustre également le fait que depuis toujours le Maroc est considéré comme un partenaire stratégique et historique par Abou Dhabi et concrétise la volonté commune de Rabat et Abou Dhabi de renforcer leur coopération. Au sein de la communauté internationale, la «marocanité» de cette partie du Sahara fait de moins en moins de doute, comme la preuve en est donnée par l’implantation de représentations consulaires dans les villes du Sahara marocain de Laâyoune ou de Dakhla de 15 États africains. Le consulat émirien porte le nombre de représentations diplomatiques au Sahara marocain à seize au total. Les Émirats arabes unis sont le premier pays arabe à agir en ce sens, ce qui est de bonne augure et devrait inciter beaucoup d’autres capitales arabes à suivre cet exemple.

En effet, Abou Dhabi donne un signal fort aux autres pays arabes, en  mettant en évidence les droits historiques du Royaume et la réalité du rôle et  de la place essentiels du Maroc, comme acteur de stabilité et de gestion  sereine des conflits latents, comme dans celui de prévention des risques de déstabilisation de l’ensemble de la zone par des éléments mus par une seule logique de désordre.

On le sait, aucun pays ne peut se considérer à l’abri d’événements qui se passent loin de chez lui. Le maintien de zones de conflits et/ou d’instabilité contribue à rendre l’ensemble du monde moins sûr. Dès lors, les pays à l’histoire longue, comme le Royaume du Maroc, ne peuvent qu’être des acteurs clé de la stabilité générale. L’état actuel des relations internationales impose l’union de tous, et particulièrement celle des pays arabes dont le Maroc est un membre éminent. Cette union est d’autant plus nécessaire que tous  doivent faire face aux assauts d’une mondialisation qui veut nous faire accroire que les peuples et les nations n’existent plus et qu’il n’y aurait plus qu’un seul monde, en réalité celui des imbéciles heureux.

Cet homme nouveau que promeuvent les tenants de la désintégration des nations, pour mieux soumettre les hommes aux seules logiques mercantiles, ne peut qu’être utilement combattu par des unions d’États souverains qui, défendant les mêmes objectifs, sont seuls en mesure de lutter contre l’hydre nihiliste. Le Maroc a un rôle essentiel à jouer, avec d’autres, dans le concert des nations. Ce qu’ont compris les Émirats arabes unis en poursuivant une relation privilégiée avec le Royaume, dont la vitalité est démontrée, aujourd’hui, par l’ouverture de ce consulat général au cœur du Sahara marocain. Loin d’être anecdotique, cette action est un message donné au monde, et au monde arabe en particulier, sur l’importance de cultiver des liens forts pour le bien commun, mais également une reconnaissance de la réalité des frontières historiques du Royaume et de son droit inaliénable à la protection et à la défense de son intégrité territoriale.

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