L’Union des ONG africaines dénonce la perfidie de Benkirane

Dépêché fin décembre dernier à Nouakchott pour contenir les « dérives verbales » du Secrétaire général de l’Istiqlal, Hamid Chabat – qui avaient provoqué une crise diplomatique entre le Maroc et la Mauritanie –  le Chef du gouvernement désigné, Abdalilah Benkirane, ne semble pas encore avoir compris l’effet pervers que peut avoir un discours discourtois à l’égard des partenaires du Maroc. Après sa bourde qui a provoqué un incident diplomatique avec la Russie, il est de nouveau revenu à la charge. Encore une fois, il a lancé des déclarations ouvertes à plusieurs interprétations qui peuvent nuire au Maroc sur le plan des relations Maroc-Afrique. Dans un premier rebondissement qui ne risque pas d’être le dernier, ses propos samedi dernier face aux militants de son parti, ont suscité la colère des citoyens et l’ire de l’Union africaine des ONG de développement (UAOD).

La plateforme panafricaine qui regroupe les ONG du continent et de la diaspora s’est fendue d’un communiqué pour demander au Chef du gouvernement désigné de retirer ses propos. « L’UAOD qui, comme le reste de l’opinion publique, a reçu avec étonnement, la déclaration de Monsieur le Secrétaire général (SG) du Parti de la justice et du développement (PJD), Abdalilah Benkirane, à propos du soulagement des situations critiques (تفريج الكرب) des Africains et la liaison qu’il a faite entre ce que fait le Souverain en Afrique avec l’humiliation des Marocains, somme Benkirane de retirer ses propos », lit-on sur ledit communiqué.

Dans cette interpellation, l’Union qui est présente dans 44 pays du continent, « somme le chef du PJD en cette qualité et en tant que Chef du gouvernement désigné de retirer sa déclaration ». Elle ne s’arrête pas là et exige de Abdalilah Benkirane de « présenter ses excuses aux Marocains et à l’ensemble des peuples africains quant à sa dangereuse dérive qui porte atteinte aux principes de bienséance et aux liens d’amitié et de coopération entre les nations et les peuples ».

Joint par Maroc Diplomatique, le coordonnateur de l’Union des ONG au Maroc, Mohammed El Abbouch, a assuré que « l’UAOD  suit avec beaucoup d’intérêt l’évolution des relations maroco-africaines,  et attend toujours les excuses du secrétaire général du PJD». L’institution représentant la société civile africaine a tenu à travers son communiqué à souligner qu’elle « suit la tendance positive qu’a pris le Royaume avec le renforcement de sa présence et la défense de ses intérêts suprêmes ainsi que ceux de l’Afrique, à travers la politique volontariste et persévérance que représentent les réceptions organisées par SM et les visites qu’il effectue à de nombreux pays africains ».

Ce qui ne l’a pas empêché, a contrario, de s’arrêter sur les menaces que porte le discours de Benkirane. « Consciente des préjugés sectaires et politiques latents (ou sous-jacents) véhiculés par la dite déclaration, l’UAOD considère que sans présenter les excuses nécessaires, le secrétaire général du PJD fait de sa personne et de son parti une « persona non grata » pour les forces populaires et civiles qu’elle représente ». L’amalgame crée par ce qu’il a qualifié d’ « infâmes déclarations » donne une idée autre que la réalité sur ce que font le pays et son Souverain sur le continent. « Nous rappelons au chef du PJD que ce que le Maroc accomplit en Afrique, en plus d’être une sorte de solidarité humaine, constitue un investissement géostratégique bénéfique pour les deux parties », assurent les auteurs du communiqué.

Pour Mohammed El Abbouch, le nouveau déploiement géostratégique du Maroc en Afrique a créé « une occasion historique rare qui devait normalement impliquer tout le monde,  précisant que « l’on ne devait pas voir un responsables lancer d’infâmes déclarations qui ne collent pas au contexte ». Et de souligner : « Deux jours après la publication de notre communiqué, nous attendons les excuses du Chef du gouvernement. Si jamais ça se poursuit, nous serions obligés d’agir autrement » !
Notons, par ailleurs, qu’Abdalilah Benkirane a considéré mardi, sans toutefois convaincre que ses déclarations de samedi dernier devant la Jeunesse de son parti, ont été déformées et retirées de leur contexte pour des fins politiciennes. Quand bien même ses dires auraient été mal interprétés, que ce soit du côté des analystes qui gardent un minimum d’objectivité ou des adversaires du PJD qui les auraient sournoisement utilisés contre lui, ce genre de déclarations ne pourrait guère être accepté. Le chef du gouvernement nous a assez habitués aux contorsions de langage , il n’en est guère à ses premiers pas dans la politique, ayant accumulé plus de 5 ans dans l’exercice de sa fonction officielle.

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