Mali : Le gouvernement militaire indigné par les sanctions

Par Mouhamet NDIONGUE

Le report des élections par la junte malienne met à rude épreuve les relations avec ses voisins ouest-africains. La communauté internationale de la CEDEAO réagit par des sanctions drastiques, qui pourraient avoir des conséquences économiques importantes.

La communauté des États d’Afrique de l’Ouest, la CEDEAO, a imposé des sanctions strictes au Mali parce que le gouvernement intérimaire de l’État en crise refuse d’organiser de nouvelles élections de sitôt. Toutes les frontières avec le pays membre seront fermées avec effet immédiat. Toutes les relations commerciales non vitales et toutes les ressources financières du Mali seront gelées à la banque centrale de la CEDEAO, selon la déclaration finale du sommet de la CEDEAO, dimanche à Accra, la capitale du Ghana.

Tous les ambassadeurs du groupe d’État se sont retirés de la capitale malienne, Bamako. Les chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO ont exprimé leur déception à l’annonce par le gouvernement intérimaire que de nouvelles élections n’auront pas lieu avant quatre ans à partir de fin février. L’État de crise, dans lequel sont également déployés des soldats de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), a connu trois coups d’État militaires, depuis 2012 et est considéré comme extrêmement instable.

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Dans sa déclaration de lundi, Bamako a accusé la CEDEAO et l’UEMOA d’être « exploitées par des puissances extra régionales avec des arrière-pensées », une référence apparente aux partenaires du Mali engagés militairement au Sahel comme la France. Le gouvernement de transition du Mali a déclaré qu’il « déplore le caractère inhumain de ces mesures qui touchent des populations déjà durement touchées par la crise sécuritaire et la crise sanitaire ».

Face à l’embargo ouest-africain, le gouvernement malien a indiqué avoir pris des dispositions pour assurer un approvisionnement normal « par tous les moyens appropriés » et a appelé la population au calme.

Deux coups d’État militaires en deux ans

Il y a eu deux coups d’État militaires au Mali au cours des deux dernières années. Tout d’abord, en août 2020, les militaires sous la direction du colonel Assimi Goïta ont renversé le chef de l’État de l’époque Ibrahim Boubacar. En mai 2021, Goïta a alors destitué le gouvernement de transition et s’est nommé président de transition.

Les deux coups d’État ont été vivement critiqués au niveau international et les responsables ont été sanctionnés. Après le coup d’État d’août 2020, la CEDEAO a fermé les frontières avec le Mali, entre autres. Cela a de facto coupé toutes les relations commerciales.

Situation instable depuis 2012

La CEDEAO avait levé ses sanctions après que Goïta avait promis une période de transition de 18 mois maximum. Après le deuxième coup d’État, la CEDEAO a de nouveau suspendu l’adhésion du Mali à l’organisation. Dans un premier temps, cependant, aucune autre sanction n’a été adoptée.

En somme, la situation politique au Mali est marquée par une grave instabilité depuis 2012. Elle est en partie causée par l’expansion du terrorisme dans la région. D’ailleurs, l’UE et l’ONU maintiennent des missions au Mali pour aider à stabiliser le pays.

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