« Manuscrits rares et inédits, Splendeurs de l’écriture du Maroc », thème d’une exposition à l’Institut du Monde Arabe de Paris

En réponse à la volonté de SM le Roi Mohammed VI de montrer les chefs-d’œuvre de l’Art du livre au Maroc à l’Institut du monde arabe (IMA), la Direction des Archives Royales a conçu une exposition d’écrits rares, tant par leurs sujets que pour leurs calligraphies et enluminures.

Cette exposition intitulée « Manuscrits rares et inédits, Splendeurs de l’écriture du Maroc », prévue du 22 mars au 6 avril à l’IMA, invite le public à découvrir et à admirer un patrimoine manuscrit, legs de 14 siècles d’histoire.

Composée de manuscrits rarissimes, de documents inédits, de pièces muséologiques d’une immense valeur historique et symbolique, l’exposition qui coïncide avec le Salon du Livre de Paris, où le Maroc est l’invité d’honneur, permet de lire et de relire les facettes de la culture marocaine.

Selon une conception scénographique et esthétique, l’exposition met en lumière la quintessence de la pensée marocaine. Trois livres sacrés, très anciens et inédits, se regroupent au centre de l’exposition pour dessiner les traits d’une conviction marocaine profonde, celle du respect des croyances (un Coran sur parchemin, rare et précieux, copie datée probablement du 3ème siècle H. / IXe s. ; un évangile traduit en arabe conservé à la Qaraouiyne et datant du XIIe siècle, l’une des pièces rares et uniques dans le monde arabe et musulman, véritable joyau ; un rouleau de Torah écrite sur parchemin, avec graphie en hébreu, fixée dans un support métallique rotatif, l’ensemble dans un coffret couvert en cuir de couleur rouge, chef-d’œuvre exceptionnel jamais exposé). Ces trois livres viennent témoigner de la cohabitation et du respect des religions monothéistes au Maroc.

L’exposition nous fait aussi apercevoir les fondements de l’Etat marocain, caractérisés par l’adoption d’un islam modéré basé sur le rite malékite, la doctrine achaârite, le soufisme sunnite et la Commanderie des Croyants (« Al-Moata’  » de Al-Mahdi Mohammed ibn Tumart pour illustrer le rite malékite ; « Dalāil Al-khayrāt wa šawāriq Al-Anwār Fī Dikri Salāti ’alā An-nabiyyi al-Muẖtār » de Mohammed ibn Mohammad ibn Sulaymān al-Jazouli concernant le soufisme sunnite et des documents de la Béïâ qui est à la base de la Commanderie des Croyants).

Porteur de valeurs universelles, le Maroc nous invite, à travers ses trésors inédits, à mieux connaître sa particularité et son identité politique et culturelle irriguée par plusieurs affluents: arabo-islamique, amazigh, saharo-hassani, africain, andalou, hébraïque et méditerranéen. (Coran sur parchemin, rare et précieux, copie datée probablement du 3ème siècle H. / IXe s. ère commune pour illustrer la composante arabo-islamique ; « Nayl alibtihaj bi-tatriz al-dibaj » de Ahmad Baba al-Timbukti as-Soudani qui témoigne de la dimension africaine et « Infāq al-maysour fī tārīẖi bilādi at-takrour », du Prince Mohammad Belo ben Otmān ben Foudī (1879-1943) qui illustre les rapports historiques existant entre le Maroc et l’Afrique Subsaharienne ; manuscrit de ben Maïmoun qui témoigne de l’affluent hébraïque).

L’exposition nous invite également à nous enquérir des divers courants de la pensée et des diverses disciplines scientifiques qui se sont épanouies au Maroc, telles la médecine et la pharmacopée (Sixième volume du livre « al-tasrif liman ‘ajaza ‘ani at-t’aleef  » de Abū al-Qāsim Khalaf ibn Abbās al-Zahrāwī, copie écrite pour la bibliothèque du Sultan Moulay Hassan) ; les mathématiques ( » Kitāb fī A’māl Al-hissāb », de Abī Al-Abbās Ahmed ibn Otmān Al-Azdī); l’astronomie (« Charh Rawdat al-azhar li el-Jadiri Abderrahmane ben Abi Ghaleb Attajibi », Commentaire de Rawdat al-azhar par Abu al-Abbas Ahmed ben Mamad el-Mouassi décédé en 1505 et « At-tafhīm fī awāili at-tanjīm » de Mohammad ben Ahmed Al-Bīrounī décédé en 1048 (ère ch.) ; la physique-chimie (« Nihāyat al-talab fi charhi almūktasab fi zirā’ati ad-dahab  » de Ibn Ali ben Aydmr Al-jaldakī (1342 ère commune) ; les sciences appliquées : l’architecture, l’urbanisme et l’aménagement des jardins ; la botanique (« Hadikat al-azhar fi charhi mahiyat al’ouchb wa al’akâr », de Qasim ben Mohamed ben Ibrahim al-wazir al-Ghasani, décédé en 1600) ; l’agriculture : (« Kitab fi alfilaha » de Mohamed ben Ibrahim ben Bessal Al-Tolaytili décédé en 1067 ); la gestion de l’eau (« Hadith bayad wa riad ») ; la science vétérinaire (« Kitab jar al-dhayl fi maarifati alkhail » de Djalâl Eddine Abderrahmane ben Abi Bakr Al-Souyoûtî) et les soins apportés aux chevaux (Livre des soins pour les montures copie achevée en décembre 1714) et la production manufacturière (« Kitāb Al-‘izzû wa Rīf’a wa Al-manāfi », livre sur la production manufacturière d’armes de Ibrāhīm ben Ahmed Ghānim ben Zakaria al-Andalusī décédé en 1132).

D’autres livres se sont intéressés au domaine de la musique (« Kitab fî Al-Msūsiqā Al-Andalussiyya » copié en 1900) et à la création littéraire.

Cette exposition est un voyage à travers les méandres du passé. Elle éclaire sur la production intellectuelle propre à chacune des étapes de l’histoire marocaine. On y trouve ainsi des manuscrits qui remontent au IXe s. , au XIIe s. ou encore au XXe s., ce qui permet une relecture de la civilisation marocaine, profondément enracinée dans l’histoire (« Kitab al-Ibar » ou « Le Livre des exemples » d’Ibn Khaldoun); ainsi que l’histoire de la dynastie Alaouite: « Al-Manza’ Al-lāītfī Fī At-talmīhi limafāẖri Mawlāy Ismā’īl », de Abd Rāhmān Ibn Zaydān).

La manifestation fait ressortir, en outre, les arts relatifs à la fabrication du livre, tels que la calligraphie sous ses diverses formes, les décorations et les dorures, les reliures et les enluminures. L’ensemble de ces arts révèle un haut niveau de créativité. Des objets méconnus se croisent au sein de l’exposition, éléments d’architecture, frises de céramique ou de bois, panneaux de zellige, plâtre sculpté, pièces de monnaie, qui tous apportent un nouvel éclairage sur l’empreinte de l’interaction de la production littéraire et artistique et témoignent de la rencontre de la spiritualité et de l’écriture. L’exposition invite enfin à assister au dialogue des civilisations à travers les trésors des bibliothèques marocaines.

La Directrice des Archives Royales Bahija Simou est la Commissaire générale de cette exposition et son Co-Commissaire est le Directeur du Musée de l’IMA Eric Delpont.

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