Maria Guessous : « Nous n’irons pas tous au paradis »

Elle n’est pas à son premier roman mais « Nous n’irons pas tous au paradis » est le sceau du talent qui confirme, bel et bien, et impose encore plus l’écriture de Maria Guessous comme étant l’une des belles plumes nouvelles de la littérature marocaine, après ses livres « Une double vie », « Hasna ou le destin d’une femme » et « La sagesse se conte ».

« Nous n’irons pas tous au paradis », retrace le parcours parallèle de deux femmes. Imane choisit de faire un mariage bâclé pour échapper à la pression de sa famille et aussi à un quotidien étriqué. Elle quitte le Maroc pour aller vivre avec son mari en France. Au fil des jours, le masque des premières apparences s’effrite et elle se trouve confrontée à une réalité amère.

Catherine, quant à elle, après avoir vécu beaucoup d’aventures sans lendemain, tombe amoureuse d’un marocain de souche française mais pour gagner l’adhésion des parents de ce dernier à ce mariage mixte, elle propose de se convertir à l’islam. Une décision qu’elle prend sur un coup de tête ou plutôt un coup de cœur.

Les deux femmes, en phase de conversion, commencent à chercher leur voie au milieu des fluctuations intérieures. Une quête qui les emmènera partout et nulle part jusqu’à se retrouver confrontées à leur foi. Des questions surgissent, des choix s’imposent, des voix s’entrechoquent et le voyage est à peine entamé. De par ses écrits, Maria Guessous montre que bien que les vies de femmes diffèrent, les destins se croisent dans ce combat perpétuel.

Et comme dirait Constantin Brancusi « La simplicité n’est pas un but dans l’art, mais on arrive à la simplicité malgré soi en s’approchant du sens réel des choses. » Telle est l’écriture de l’auteure, simple et fluide, elle est loin d’être simpliste et cela n’enlève rien à la profondeur de la réflexion.

Un style sobre et fluide bien servi par une imagination fertile qui noue et dénoue l’intrigue d’une histoire où l’amour et la foi religieuse sont étroitement liés, confondus dans un quotidien où les illusions s’envolent loin. C’est un roman psychologique où les personnages semblent s’entremêler pour tisser, en filigrane, de nombreuses questions que l’auteure soulève quant à la nature humaine. Elle a le don de questionner ses personnages et de les faire réagir sans pour autant leur imposer ses réponses. Les états d’âme se succèdent, le doute aussi sur la vie de tous les jours, sa complexité et surtout la difficulté à être soi-même… et la quête de la paix intérieure qui finalement constitue l’aspiration de tout un chacun.

Maria Guessous, qui brille de par sa sensibilité intellectuelle, sa pudeur dans l’écriture, et sa révolution aussi, puise ses mots dans la vie, des mots simples qui nous secouent au plus profond de nous-mêmes par des vérités poignantes et lancinantes d’un monde qui fait de l’hypocrisie sociale sa devise. Avec beaucoup d’art, elle souligne tout ce qu’il y a de vain et de superficiel dans la vie de ses personnages qui sont représentatifs d’une époque. Par des mots qui dépeignent des maux, elle partage des vies cachées, dans leur intimité et transperce l’âme des personnages pour mettre en scène des univers intérieurs.

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