Maroc-Afrique : L’ardent plaidoyer pro domo de Nasser Bourita

« Journée de l’Afrique , le Maroc : un acteur pour une émergence collective en Afrique » ! Le thème s’inscrit dans une actualité plus que limpide et l’initiative du ministère des Affaires étrangères et d la Coopération internationale de l’organiser tombe à point nommé. Ainsi donc, jeudi 8 juin un parterre de ministres, d’ambassadeurs, d’experts, d’universitaires, de représentants d’organismes divers, des secteurs public et privé – notamment des banques -, de différents médias nationaux et internationaux étaient-ils conviés à cette « Journée de l’Afrique », abritée dans le solennel cadre de la Salle Balafrej.

En présence du chef du gouvernement Saad Eddine El Othmani, de quelques ministres, dont Ali Coulibaly, ministre de l’Intégration africaine et des Ivoiriens de l’Extérieur, Abdelkrim Benatiq, ministre délégué aux Affaires étrangères, chargé des MRE et des Affaires de la migration, Mme Imane Belrhiti, Vice-Présidente OCP Africa, la « Journée de l’Afrique » a renoué avec l’ambiance des grandes retrouvailles. Dans la continuité des événements maroco-africains qui sont devenus désormais l’un des traits de la diplomatie africaine du Maroc.

Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a ouvert les travaux de la Journée en prononçant un discours de grande portée. Il a souligné d’emblée que « l’année 2017 est pour le Maroc une année exceptionnelle », marquée par l’engagement de Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans le continent. Il a rappelé que « quatre jours auparavant, les dirigeants de la CDEAO ont officiellement donné leur accord initial à l’adhésion au sein de cette institution active avec laquelle le Maroc entretient des relations excellentes, multiples et inscrites dans le long terme ». Et le ministre de rappeler qu’il y a quatre mois, le Royaume du Maroc est « retourné au sein de sa famille institutionnelle, l’Union africaine lors du 28ème Sommet tenu à Addis Abéba », soulignant encore qu’à la même année, « Sa Majesté le Roi a entrepris une tournée officielle dans 12 pays africains, et présidé en novembre 2016 à Marrakech le Sommet africain autour des changements stratégiques en présence de 35 chefs d’Etat d’Afrique ».

Un Roi d’un pays africain

« Tous ces événements importants, a poursuivi le ministre, confère un poids significatif à notre célébration d’aujourd’hui, mettant en exergue la priorité africaine de la politique étrangère du Maroc , conformément à la vision de Sa Majesté le Roi, exprimée dans ce propos : « l’Afrique est mon continent, elle est aussi ma maison ». Nasser Bourita indique ensuite que « l’intérêt accordé par le Maroc à l’Afrique n’est pas conjoncturel, ni guidé par un quelconque mercantilisme, de la même manière qu’il ne date pas d’aujourd’hui, ou qu’il soit le résultat d’une découverte récente »…Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération rappelle avec force que Sa Majesté le Roi avait adressé un message aux chefs d’Etat présents au 27 ème Sommet de l’Union africaine, organisé dans la capitale du Rwanda, Kigali où il déclarait : « Je m’adresse à vous en tant que Roi d’un pays africain. Un pays dont l’identité est le fruit d’un déterminisme géographique, d’une histoire commune traversée d’évènements marquants, d’un brassage humain enrichi de siècle en siècle et de valeurs culturelles et spirituelles ancestrales ».

L’Afrique, c’est d’abord l’Histoire, a affirmé le ministre, pour ajouter qu’elle regorge d’images et symboles qui remontent aux Sultans du Maroc d’antan. Il cite notamment le Sultan almoravide Abdallah Ibn Yassine et son voyage en Guinée, la présence des Almohades au Nigéria, ensuite Ahmed al-Mansour Eddahbi de la grande dynastie saâdienne auquel faisaient allégeance plusieurs royautés et  émirats africains subsahariens, parce qu’il incarnait le rôle d’Amir al-Mouminine, de la même manière que se renforçaient des traditions et des liens humains et spirituels à travers notamment le pèlerinage des Tijaniyne à Fès…Parallèlement, le Maroc a constamment entretenu des relations commerciales avec les pays d’Afrique, notamment à Tombouctou, Gao, toutes deux liées à des villes comme Fès et Marrakech.

Des faits et des chiffres

Le préambule auquel s’est livré Nasser Bourita a constitué une sorte d’éclairage nécessaire au grand tour d’horizon, chiffré et pertinent, sur la place du Maroc en Afrique. Son enracinement, c’est la nouvelle Constitution, souligne-t-il, qui  qui stipule que « le Maroc, Etat musulman est riche de ses affluents africains…fort de ses relations de coopération et de solidarité avec les peuples et pays africains, notamment avec les Etats du Sahel du Sahara… ».

Le ministre a rappelé les éléments constitutifs que sont  l’Histoire, l’identité, le présent, mais aussi l’avenir du Maroc. Dans cet esprit, Sa Majesté le Roi a donné une forte impulsion à la coopération avec les pays africains à chacun de ses voyages successifs dans de multiples et différentes régions du continent. Depuis 2002, soit deux ans après son accession au Trône, l’Afrique a constitué la première priorité des visites royales qui ont conduit le Souverain a effectuer 51 visites à 26 Etats d’Afrique dans différentes contrées. Ces visites, rappelle le ministre, ne sont pas de simples coïncidences, mais le résultat, la mise en œuvre d’une politique, d’une vision et d’un choix, traduisant ainsi une volonté affichée d’enraciner le Maroc dans ses profondeurs historiques et géographiques.

De la même manière, ce sont 31 visites de chefs d’Etat africains effectuées depuis l’an 2000 au Maroc qui démontrent leur attachement à notre pays. De cette relation exemplaire, fondatrice que S.M. Mohammed VI a renouvelée, il convient de souligner quelque 5 paramètres que Nasser Bourita a mis en exergue et qui sont à la politique étrangère du Maroc ce qu’une doctrine est à un label : la solidarité et le pragmatisme.

En premier lieu, c’est une volonté d’approfondir la connaissance de la réalité sociale, et pas seulement à travers des relations privilégiées avec les chefs d’Etat , mais avec les acteurs de l’économie, des institutions, les composantes de la société civile, la jeunesse et les forces vives. Comment s’étonner de l’accueil que tous et toutes réservent au Roi du Maroc. C’est peu dire qu’il a fait siennes leurs préoccupations. Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale a rappelé le propos du discours que S.M. le Roi a adressé à la 70ème session des Nations unies : « Je connais très bien les situations difficiles en Afrique, avait souligné S.M. le Roi,  et je sais ce que je dis. En fait, nombre d’Africains vivent dans des conditions extrêmement dures. Et la réalité est infiniment plus cruelle et plus amère que ce qui est indiqué dans les rapports de certaines organisations internationales, gouvernementales et non gouvernementales.

Toute leur vie est un combat et des défis subis au quotidien. Ils affrontent la dureté des temps et la pénurie des moyens. Mais ils vivent avec dignité, mus en cela par un engagement patriotique sincère pour un avenir meilleur. »

En deuxième lieu, rappelle M.Bourita, compte tenu de cette connaissance approfondie, le Souverain nourrit à l’égard de l’Afrique ce qu’on appelle le volontarisme, l’afro-optimisme qui est le pendant d’une action et une attitude de confiance en les capacités de l’Afrique à tous les niveaux, ce qui a justifié le propos du Souverain lors du 28ème Sommet de l’UA où il affirme que « L’Afrique peut être fière de ses ressources, de son patrimoine culturel, de ses valeurs spirituelles et l’avenir doit porter haut et fort cette fierté naturelle ! ».

En troisième lieu, il y a le travail dans le cadre du partenariat Sud-Sud, axé sur le principe « gagnant-gagnant », et comme le ministre l’explique, le Souverain ne voit pas ce partenariat comme une sorte d’appendice ou de complément au dialogue Nord-Sud, mais comme un dialogue autonome et fondamental de la coopération. Sa Majesté le Roi avait déclaré : « Ma vision de la coopération Sud – Sud est claire et constante : Mon pays partage ce qu’il a, sans ostentation. Dans le cadre d’une collaboration éclairée, le Maroc, acteur économique de premier plan en Afrique, deviendra un moteur de l’expansion commune. »

Le quatrième axe repose sur un rapprochement tangible afin de faire émerger des projets productifs, avec cette exigence que l’adhésion aux projets, n’est pas le déploiement de symboles , de discours ou des rencontres occasionnelles mais des projets qui ont un retour bénéfique pour les populations, une contribution au développement, un suivi rigoureux qui donnent à la diplomatie sa réelle dimension en parole comme en acte. M. Bourita, pour appuyer son argumentaire dans ce sens, cite le discours de S.M. le Roi, prononcé à Abidjan le 24 février 2014 à l’occasion du Forum économique Maroc-Côte d’Ivoire. Le Souverain rappelait que « la coopération, hier basée sur la relation de confiance et les liens historiques, est, aujourd’hui, de plus en plus fondée sur l’efficacité, la performance et la crédibilité. L’efficacité donne toujours ses fruits. Elle est le gage de résultats tangibles, de progrès mesurables et de capacité à répondre aux attentes. Elle garantit la qualité et génère la confiance. ».

Dans le cadre de cette vision royale, claire et dynamique, M. Bourita souligne que l’adhésion royale forte au principe d’une large coopération avec les pays d’Afrique, nécessite un partage de données et de chiffres éloquents.

Sur le plan diplomatique, le Maroc a signé depuis 1999 quelque 952 accords de coopération avec 80% des pays du continent, impliquant tous les champs de coopération, dont ceux de l’enseignement supérieur et la formation des cadres ; la santé ; les infrastructures, les énergies renouvelables, l’assainissement et l’Eau.

Depuis 2014, le Maroc a finalisé 426 accords avec 15 Etats africains avec 80 opérateurs économiques nationaux des secteurs public et privé avec 300 associés africains, réalisé 34000 unités d’habitat et 25 projets sociaux et 6 programmes d’investissements.

Un engagement multilatéral d’envergure

Au niveau diplomatique, le réseau diplomatique national a connu une extension remarquable en Afrique qui atteint 29 ambassades qui représente le tiers du réseau marocain dans le monde, avec 5 nouvelles ouvertures d’ambassades au cours de l’année 2016 ( Mozambique, Rwanda, Ouganda, Bénin et Tanzanie). De l’autre côté, le nombre d’ambassades africaines au Maroc att1eint 32, ce qui fait de Rabat la capitale diplomatique africaine par excellence. Le nombre de résidents marocains dans le continent africain est passé en 12 ans de 4500 en 2005 à 15586 aujourd’hui.

Le gouvernement marocain a, dans un premier temps, régularisé la situation de plusieurs ressortissants africains qui ont choisi de s’installer au Maroc, et 20000 autres demandes sont à l’étude. Entre 2015 et 2018, le Maroc s’est engagé à fournir un soutien important à 100000 exploitations agricoles africaines dans 6 pays d’Afrique de l’ouest et de semences pour l’Afrique de l’est dans le but de soutenir la production et promouvoir les revenus.

Au Soudan du sud, le Maroc a installé et équipé plusieurs hôpitaux militaires et civils, comme en Somalie, en RDC, en Guinée, au Niger, en Guinée Bissau, au Burkina Faso et au Mali.

Au niveau culturel et religieux, quelque 25000 étudiants africains ont fréquenté les universités marocaines et plus de 5000 étudiants africains ont parachevé leur formation en tant que cadres dans différentes spécialités. Pas moins de 8600 étudiants africains se sont inscrits cette année dans différentes spécialités universitaires, dans des Instituts supérieurs, et des classes préparatoires et des centres de formation professionnelles.

6600 d’entre eux bénéficient d’une bourse d’études, soit 80%. L’Institut Mohammed VI pour la formation des Imams et conseillers religieux forme actuellement quelque 1000 étudiants et 78% d’entre eux proviennent du Nigéria, du Mali, Sénégal, Côte d’Ivoire, Guinée, Rwanda et Tanzanie.

Au plan militaire, il existe quelque 1596 Casques bleus marocains répartis entre la RDC et la Centrafrique. Il convient, cependant, de rappeler que depuis les années 60 du siècle dernier, le nombre des Casques bleus marocains ayant pris part à des opérations de paix en Afrique, dans le cadre des actions des Nations unies, 60000, qui sont intervenus dans plusieurs théâtres d’opérations différents ( Congo ; Somalie ;Côte d’Ivoire, RDC et Centrafrique)

Au plan économique, les 2/3 des investissements extérieurs du Maroc sont destinés à l’Afrique, faisant de lui le 2ème investisseur dans le continent et le 1er en Afrique de l’ouest. On assiste à une augmentation du volume d’échanges commerciaux avec les pays africains, soit de 11% entre 2005 et 2015.

A l’heure actuelle ce sont 1000 entreprises nationales qui s’implantent et sont implantés en Afrique, avec un chiffre de 2,2 milliards de dollars entre 2015 et 2018 spécialement en Afrique subsaharienne. A quoi il faut ajouter que les banques marocaines sont implantées dans 26 Etats d’Afrique et que le groupe Attijariwafa Bank détient la 4ème place parmi le réseau africain des banques, avec 3300 agences, 16700 collaborateurs et 7 millions de clients.

Au plan de la communication, le Maroc bénéficie d’une logistique infrastructurelle importante comme Tanger Med qui offre 34 lignes maritimes quotidiennes vers 20 pays africains. De même l’aéroport international Mohammed V de Casablanca déploie 32 liaisons quotidiennes en direction de différentes capitales africaines, avec une moyenne de 100 par semaine.

L’intervention d’ouverture de Nasser Bourita à cette Journée de l’Afrique constitue, à coup sûr, un moment privilégié et la démonstration  éloquente de l’engagement du Maroc en Afrique et l’illustration vivante de la vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.

 

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