Maroc – Algérie : A la main tendue, catalepsie et malveillance

Les peuples marocain et algérien paieront encore pour longtemps les dérapages des responsables algériens dont la raison d’être est leur hostilité infaillible au Maroc. Hélas, le soulagement qui était à la hauteur des attentes des peuples frères, après le discours royal du 31 juillet 2021, était de courte durée.

L’ambition que nourrit le Souverain de reprendre le fil de dialogue avec l’Algérie et de tourner la page des différends ne trouve pas d’écho chez le voisin de l’Est. En effet, et comme on s’y attendait, bien entendu, la réponse du président algérien nous parvient, dans la soirée du dimanche 8 août, à travers son interview avec deux médias du pouvoir, diffusée sur l’ENTV. Expéditif et hautain, Abdelmajid Tebboune se cabre tel un cheval apeuré et fait fi de la main tendue de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et de son appel à l’ouverture des frontières entre les deux pays frères, fermées depuis 1994.

Si le Roi s’est adressé au président algérien d’un ton apaisé en proposant d’ « œuvrer de concert  » avec l’Algérie et « sans conditions », à l’établissement de relations bilatérales, fondées sur la confiance, le dialogue et le bon voisinage, de l’autre côté, le président algérien ne comprend pas ce discours et fait la grosse tête, lâchant, de plus belle, une campagne médiatique de propagande, tuant dans l’œuf cet appel à la paix et à un nouveau départ. Doit-on vraiment être surpris pour autant quand le chef d’État-major de l’Armée nationale populaire algérienne fait une fixation sur le Royaume et l’accuse ouvertement, sans scrupules, de menacer la stabilité de l’Algérie?

« Un diplomate marocain a fait des déclarations graves, suite à quoi nous avons convoqué notre ambassadeur à Rabat pour consultation, et avons avisé d’aller plus loin, mais aucune réaction n’a émané du Maroc », a déclaré M. Tebboune qui a oublié que son pays a soutenu, pendant près d’un demi-siècle, un groupe séparatiste aux dépens de l’intégrité territoriale du Maroc. Il est à rappeler que le Représentant permanent du Royaume à l’ONU, Omar Hilale, avait plaidé, à la mi-juillet, en faveur du droit à l’autodétermination du peuple kabyle. C’était lors d’une réunion virtuelle du Mouvement des non-alignés. L’ambassadeur marocain avait souligné alors, en guise de rappel, que « l’autodétermination n’est pas un principe à la carte. C’est pourquoi le vaillant peuple Kabyle mérite, plus que tout autre, de jouir pleinement de son droit à l’autodétermination ».

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Ainsi faisant fi du discours de Sa Majesté le Roi, à l’occasion du 22e anniversaire de la fête du Trône, et de la main tendue, le président algérien fait un blocage et ne garde en tête que la déclaration de Omar Hilale. Or celui-ci n’a fait que rappeler un fait flagrant. Et comble de l’ironie, le président algérien va loin dans ses délires paranoïaques et abracadabrants jusqu’à proposer « généreusement » à ce que l’Algérie, qui a partie liée au polisario, abrite toute « éventuelle rencontre » entre le Front séparatiste et le Maroc, s’engageant –lui qui est en galère de moyens pour son pays- à «  mettre à leur disposition -le Maroc et le polisario- tous les moyens nécessaires « , « pour la réussite des négociations afin de trouver une solution acceptable par les deux parties à ce conflit ». Et dire que l’Algérie, loin d’être en prise directe, nie toute implication dans le problème du Sahara marocain alors qu’elle croit forcer la main au Royaume qui n’est pas en reste et qui ne se mettra jamais à la même table que le front séparatiste. C’est assurément insulter l’intelligence du Royaume et lui demander de reconnaître le droit de contester sa souveraineté sur son Sahara!

Par ailleurs, le terrain était bel et bien préparé par le dernier numéro d’El Djeich du 5 août, qui annonçait déjà la couleur affichée par l’Armée nationale populaire (ANP), sans parler des médias propagandistes et haineux qui sont montés au créneau au lendemain du discours royal.

Pourtant, le Roi Mohammed VI, toujours dans la note avec les valeurs de paix et de bon voisinage, était on ne peut plus clair et plus direct dans son discours, en lançant un appel sincère au président algérien pour œuvrer ensemble afin de dépasser les tensions : « Je rassure Nos frères en Algérie : vous n’aurez jamais à craindre de la malveillance de la part du Maroc qui n’est nullement un danger ou une menace pour vous. En fait, ce qui vous affecte nous touche et ce qui vous atteint nous accable”, avait dit le Roi Mohammed VI, soutenant que l’état actuel des relations entre le Maroc et l’Algérie ne sert en rien les intérêts respectifs des deux pays.

Or, quelques jours seulement avant la sortie médiatique de Tebboune, le chef d’État-major de l’Armée nationale populaire (ANP) algérienne, Saïd Chengriha, connu pour sa haine irascible pour le Maroc, profite de la cérémonie d’installation du nouveau commandant de la gendarmerie algérienne pour parler des «complots et les manœuvres qui se trament contre l’Algérie », en assurant que ces « complots » ne sont pas « le fruit de l’imagination comme prétendent certains sceptiques » mais plutôt « une réalité évidente et manifeste que l’Armée, appuyée dans cette mission par le vaillant peuple algérien, saura contrecarrer». Et bien entendu de parler d’une « vengeance » pour les « prises de position immuables » de son pays «envers les causes justes, son engagement à préserver sa souveraineté nationale, et ses décisions libres et affranchies de toute forme de soumission ou sujétion ». Et d’ajouter : « L’ANP saura faire face à tous ceux qui guettent notre pays pour exécuter leurs plans malveillants, appuyée dans cette noble mission par le vaillant peuple algérien ». En cela, le Maroc est bel et bien dans le viseur du chef de corps aigri, qui affiche ostentatoirement sa haine en affirmant que le peuple algérien « ne pourra être berné ni trompé ou dupé par aucune partie, quelles qu’en soient sa ruse et sa malveillance, pour faire passer ses plans et projets sournois ». Ce sont donc là leur réponse à l’initiative bienveillante de Sa Majesté le Roi : « Nous renouvelons notre invitation sincère à nos frères en Algérie, pour œuvrer de concert et sans conditions à l’établissement de relations bilatérales fondées sur la confiance, le dialogue et le bon voisinage »,

Ce n’est donc plus un constat ni une révélation mais incontestablement une confirmation : Quand les interlocuteurs ne parlent pas le même langage, quand la diplomatie royale s’adresse au pouvoir militaire tordu, cela relève, à l’évidence d’une énorme incompatibilité sur tous les plans et le déphasage est insurmontable. Aussi faut-il s’attendre au pire. Et à l’appel de cœur et de paix : « Nous pourrons ainsi dépasser cette situation déplorable qui gâche les potentialités de nos deux pays, au grand dam de nos deux peuples et des liens d’affection et de fraternité qui les unissent», des voix de hauts responsables algériens dont le Chef de l’État major répondent par des menaces de guerre et d’armes destinées au Maroc et lancées à la face du monde. Pour cela, le moins que l’on puisse dire est que le pouvoir algérien est orfèvre en la matière.

C’est dire que Changriha et Tebboune devraient revoir leur vision diplomatique en faisant de la réplique de feu Hassan II l’un des axes majeurs : « Un homme sage est celui qui vient toujours chercher des conseils d’abord, des armes on en trouve partout ».

Aujourd’hui, la communauté internationale, mise au fait, est prise à témoin. Au moment où le Roi Mohammed VI invite le pouvoir algérien à mettre de côté tout conflit pour réinstaurer un climat de paix et de confiance entre les deux pays frères, le pouvoir algérien ouvre, à nouveau, le bal d’une guerre d’hostilité dont il a le secret et ne s’en cache pas.

Bref, avec des dirigeants dont la raison d’être est l’hostilité affichée du Maroc, l’heure de la réconciliation ne sonnera pas de sitôt et la campagne intense et acharnée contre le Maroc et son économie va bon train.

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